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ÒÙ2 IJK L'AIUE DES ESPÈCES.
dont les graines se trouvaient dans un squelette humain, qu'on a cru
d'abord de plusieurs siècles, mais qui se sont trouvées après vérification
moins anciennes. Ce serait le seul exemple pour cette famille. Je vois citées
par les auteurs dont je viens de parler, une Borraginée (Heliotropium volgare),
une Plantaginée (Plantago Psyllium), uneEuphorbiacée (Mercurialis
annua), deux Polygonacées (Polygonum Persicaria et P. Fagopyrum). Quoique
les Composées soient bien communes, je n'en ai vu que trois indiquées,
savoir : le Centaurea Cyanus, extrait des tombeaux dont parle
M. Des Moulins ; la Camomille extraite d'un tombeau très ancien en Auvergne
(cité d'après M. de Caumont, à la fin du Mémoire de M. Des Moulins);
enfin, l'Inula Pulicaria, enfouie depuis 40 ans aux environs de
Neuilly, citée par M. Jacques (Ann. Flore et Pomone, 183/i). Des
graines de Datura Stramonium ont germé, après avoir été enterrées plus
d'un siècle (Davies, Welsh Bot., p. 23). On a vu en Virginie des graines
de Nelumbium jaune lever après avoir été enfouies pendant un siècle
(Lyell, Second visit to the United States, II, p. 328), et M, R. Brown
m'a dit avoir fait germer des graines de Nelumbium speciosum, extraites
par lui de l'herbier de Sloane; c'est-à-dire ayant au moins 160 ans.
Les plantes qui paraissent tout à coup, en abondance, sur le sol d'une
forêt quand on vient de la couper, doivent avoir eu leurs graines déposées
depuis un temps assez long. En Europe, ce sont principalement des Amentacées
(Saules, Peupliers, Trembles, Bouleaux), des Légumineuses (Genista,
Trifolium), des Éricacées (Erica diverses, Calluna), des Lythrum Salicaria^
des Epilobium, etc.
D'après l'ensemble de ces faits, je considère les familles suivantes
comme ayant dans leurs graines une vitalité prolongée : Malvacées, Légumineuses,
Cucurbitacées, Solanacées (a), Polygonacées. Viendraient
ensuite peut-être les Amentacées, Nymphéacées, Papavéracées, Graminées,
puis les Labiées, Borraginées et Rosacées; mais avec une infériorité
marquée, surtout relativement aux trois premières. Je ne dirai rien
de familles moins nombreuses en espèces, pour lesquelles certains faits
isolés font croire que la vitalité dure longtemps (Balsaminées, Ericacées,
Plantaginacées). On manque aussi de renseignements sur des familles
importantes des pays chauds. D'un autre côté, on cite comme perdant très
vite leur faculté de germer, les familles à graines oléagineuses ou aromatiques,
telles que les Ombellifères et les Lauracées. La qualité de graine
huileuse est certainement nuisible aux Crucifères, aux Euphorbiacées et
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(a) M. le docteur Hooker {Veget. Galapagos, dans Trans, linn, soc., XX, p. 258) dit :
les Legumtneuses et les Solanacées sont, dans les collections de graines mélangées,
celles qui conservent le plus leur vitalité pendant do longs voyages.
AIRE DES ESPÈCES SUIVANT LES FRUITS ET GRAINES. 5A3
aux Composées ; cependant lorsque les graines sont enfouies profondément
elles se conservent malgré cette circonstance. Les graines à albumen
corné, comme les Rubiacées, notamment de la tribu des Coffées, perdent
aussi très vite leur faculté de germer.
On ne connaît pas la durée relative des graines dans l'eau douce et dans
l'eau salée. C'est une lacune regrettable;mais on peut présumer, sans trop
de chance d'erreur, que les graines qui se conservent le mieux dans le terrain
et à l'air, sont également celles qui se conservent le mieux dans l'eau.
Peut-être feudrait-il ajouter les Salsolacées et lesPlumbaginées aux familles
dont les graines se conservent, du moins lorsqu'elles tombent dans de
l'eau salée. Je suis disposé à croire que les graines des Cypéracées peuvent
supporter une longue immersion dans l'eau douce, à cause de leur dureté.
L'extension géographique des espèces ne paraît guère en rapport avec la
vitalité des graines.
Des quatre familles où elle se conserve le mieux, trois (Malvacées,
Légumineuses et Cucurbitacées) ont une aire des espèces plus ou moins
inférieure à la moyenne des Phanérogames, et une seule (Solanacées) en
approche; mais elle est encore au-dessous. Inversement, les Ombellifères,
les Papavéracées, ont une extension très grande et perdent vite leur faculté
de germer. Les trois familles les plus nombreuses en espèces s'arrangent
comme suit, sous le rapport de l'étendue des aires moyennes : Graminées,
Composées, Légumineuses; et sous le rapport delà faculté de conservation
des graines, c'est l'inverse, ou du moins les Légundneuses ont une vitalité
certainement plus grande que les deux autres.
D'après mes expériences (a), les très petites graines conservent moins
longtemps leur vie que les graines de la grosseur des haricots, des graines
d'Iris, de Convolvulus, etc. Or, au contraire, les espèces à petite graine
offrent une aire moyenne plus grande que les autres. Enfin, si l'on peut se
fier à une cinquantaine d'espèces et aux observations sur la recrue des
forêts, il semblerait que les graines d'arbres se conservent un peu mieux
que les autres, tandis que leur extension géographique est manifestement
très limitée.
En définitive, si la durée de la faculté de germer inûue sur l'extension
des espèces, c'est d'une manière bien légère, qui se trouve balancée
et annulée ordinairement par des causes plus puissantes.
Peut-être serait-il plus convenable d'envisager la consistance des graines,
qui n'est pas précisément en rapport avec la vitalité ? Les graines à test
ferme, lisse, et les noyaux, doivent pouvoir flotter dans les courants, ou
se conserver assez bien dans le corps des animaux, ce qui paraît devoir
(a) Ann. sc. nat., 3« série, v. VI, p. 380.