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l'Asie et de l'Amérique méridionale, n'en sont pas encore à la première
période. On peut donc présumer que la proportion des espèces propres à
une région augmentera encore ; mais qu'au bout d'un temps assez long,
quand toutes les régions seront connues, comme aujourd'hui les bords de
la Méditerranée, par exemple, la proportion de ces espèces diminuera.
Cette oscillation probable et le peu de différence qui existe entre les
proportions à deux époques différentes pour chacun des groupes de notre
tableau, doivent inspirer de la confiance dans les résultats que l'on peut obtenir
dans l'état actuel de la science. Ils ne sont pas définitifs, mais ils
s'éloignent peu des résultats définitifs.
5° La catégorie des espèces de deux régions subit toujours une diminution,
à mesure que les découvertes avancent. Il est inutile d'en chercher
les causes, quoique l'on puisse en entrevoir facilement quelques-unes.
L'essentiel est de remarquer comment, avec le progrès de la science, les
espèces se divisent plus complètement en deux catégories opposées : celles
qui croissent dans une seule région et celles qui croissent dans plusieurs ;
les unes locales et ordinairement très locales, les autres très répandues.
De ce que les espèces d'une seule région augmentent et celles de deux
régions diminuent, il résulte que la somme de ces deux classes -est un des
chiffres les moins variables d'une époque à l'autre,, et de même le chiffre complémentaire
des espèces de une ou deux régions, celui des espèces répandues
dans trois ou un plus grand nombre de régions. Ainsi un moyen très
sûr et en même temps assez rapide sera de compter, dans les monographies
et ouvrages généraux, le nombre d'espèces de plus de deux régions et de
le comparer à l'ensemble des espèces connues. Les progrès de la science
ne changeront à peu près rien aux rapports ainsi calculés (a).
Peut-on en dire autant si l'on groupe par régions les espèces des différentes
catégories dont je viens de parler? Par exemple, si l'on considère
les Légumineuses propres au Mexique, ou les Phanérogames propres à la
Nouvelle-Hollande? Cela paraît peu probable. Voici pourquoi : D'abord, en
distinguant un grand nombre de régions à la surface de la terre, il arrivera
nécessairement, dans l'état actuel des connaissances, que certaines de ces
(a) A l'appui de cette conclusion et sans entrer dans le détail des faits, ie mentionnerai
encore ceci : ' ''
Le P rodrome, en 1824 contenait 55 Linacées, dont 5 dans plus de deux rég-ions ;
en 1848 M. Planchón publie une Monographie aüí contient 103 espèces, dont 9 dan
plus de deux des mêmes régions. i ^ ^
P . Î ^ ï n ' î . " f ^^ Menacées, dont une dans plus de deux régions
en 1830, Adnen de ^ssieu triple et quadruple presque leur nombre dans sa Monoaraphie;
Il en décrit (MeJiacées et Gédrélacées) 249, dom trois dans plus de deux r é l n f
On voit combien les proportions sont restées semblables, malgré de fortes anWntations
d'especes et nn remaniement complet des familles, ^uigniema
.METHODE POUR CALCULEE L AiUE DES ESPÈCES, /Í85
régions auront peu et même très peu d'espèces de telle ou telle famille, de
telle ou telle classe qu'on voudrait envisager. Les proportions d'espèces
propres à la région et communes avec d'autres, reposeront alors sur des
chiflres trop faibles, et seront, par cela même, incertaines et variables.
Quant aux régions peuplées d'un plus grand nombre d'espèces, l'état
plus ou moins avancé des connaissances botaniques à leur égard, et même à
l'égard des régions voisines, influera beaucoup surla proportion apparente
des espèces propres et des espèces communes. Nous avons vu que dans la
marche de la science, on découvre à peu près autant d'espèces propres à
une région que de localités nouvelles ; surtout, il y a une progression uniforme
quand on groupe d'une part les espèces de une ou deux régions, et
de l'autre les espèces de plus de deux régions. Mais, quand on calcule dans
chaque région, l'accroissement des localités marche comparativement plus
vite. En efl'et, si une espèce est considérée aujourd'hui comme propre à une
région, et que demain on constate sa présence dans une seconde région,
cela ajoute une espèce à double région dans chacune des deux régions. Je
conviens que, si une espèce qu'on croit de deux régions, est découverte
plus tard dans une troisième, ou une espèce de trois régions dans quatre,
les régions afl'ectées sont seulement une de plus; mais le cas précédent
arrive plus souvent, à cause du nombre plus considérable des espèces de
deux régions. On peut donc prévoir que la proportion apparente des
espèces propres à chaque pays, ira en diminuant, et celle des espèces de
plusieurs régions, surtout celle des espèces de deux régions, ira en augmentant.
Chose singulière! Terreur où nous sommes maintenant au sujet de ces
proportions est d'autant plus grande qu'il s'agit de régions mieux connues.
Ainsi, la végétation des bords de la mer Méditerranée est assez bien
connue, déjà depuis vingt ans et davantage. On pouvait croire que la grande
majorité des espèces de cette région lui étaient propres ; mais on a trouvé
récemment une si grande quantité d'espèces méditerranéennes, aux îles
Canaries, ù Madère, aux Açores, en Perse et autour du Caucase, qu'il a
fallu regarder la région comme moins tranchée qu'on ne l'estimait à l'origine.
Si l'on avait calculé autrefois la proportion des espèces de deux ou
plusieurs régions et qu'on vînt à la calculer aujourd'hui, elle serait bien
diiférente. La variation eût été moins grande si la région méditerranéenne
avait été moins connue, car alors on aurait recueilli des espèces aux îles
Canaries, Madère, Açores, en Perse et au Caucase, sans savoir qu'elles existent
aussi dans la région de la Méditerranée ; quoique dans la réalité de
deux régions, elles auraient paru d'une seule. Les espèces européennes sont
signalées souvent dans d'autres pays; c'est, en partie, parce qu'elles sont
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