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252 DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
qu'on connaît un seul chiffre pour la limite et qu'on ne sait pas s'il
représente véritablement un maximum, une moyenne ou un minimum ;
enfin, quand nous aurons à comparer une limite sur une montagne
isolée, avec les limites de la même espèce sur des chaînes de montagnes
ou en plaine.
Je regarderai comme limites supérieures maxima : les limites données
comme telles par des observateurs exacts qui ont exploré suffisamment
le pays; 2° les limites données par un auteur lorsque d'autres écrivains,
en parlant du même pays, ont donné pour la même espèce une limite sensiblement
plus basse.
Quant aux limites inférieures, elles sont toujours plus difficiles à constater,
et il importe bien à leur égard de rechercher les moyennes. Il arrive
assez souvent que les graines descendent le long des pentes, surtout au bord
des torrents ou des glaciers, et naturalisent une espèce fort au-dessous
de sa vraie limite. Comme la cause de transport est permanente, de
même que la température froide des eaux qui se précipitent des régions
élevées, le déplacement de l'espèce se renouvelle constamment. Il est cependant
impossible de considérer ces faits autrement que comme des exceptions
tenant à des causes locales. La vraie limite inférieure doit être la
limite moyenne sur une pente ordinaire, dans des circonstances qui ne
sont exceptionnelles à aucun égard.
La détermination des limites moyennes, soit supérieures, soit inférieures,
exige un certain tact et un coup d'oeil rapide. Il est rare qu'on puisse multiplier
les observations barométriques au point de mesurer toutes les
limites. Dans la plupart des cas on mesure certains points faciles à désigner
et à retrouver, puis on rapporte approximativement les limites d'espèces à
ces hauteurs bien déterminées. Cela suffit pour la fixation de phénomènes
un peu vagues et variables de leur nature, où des différences d'une cinquantaine
de mètres ne sont pas des erreurs excessives.
ARTICLE III.
EXAMEN DES CAUSES QUI PEUVENT DÉTERMINER LES LIMITES SUPÉRIEURES
ET INFÉRIEURES DES ESPÈCES.
Les causes qui peuvent agir sur la délimitation des espèces dans les montagnes
sont fort nombreuses. Les unes existent également dans les plaines
et changent seulement de gravité ou de mode d'action. Les autres sont
liées plus particulièrement à l'élévation ou à l'inclinaison du terrain. Dans
la première catégorie se trouvent la température, l'humidité; dans la seconde,
la densité de l'air, l'exposition, l'intensité de la lumière, et même
LIMITES SUPÉRIEURES ET INFÉRIEURES DES ESPÈCES. 25 3
la nature minéralogique du sol, car les montagnes offrent en général des
terrains moins mélangés que ceux des plaines. Examinons successivement
ces diverses causes, sans oublier que déjà au commencement de notre travail
(chap. I et II) nous avons parlé des influences extérieures sous un point
de vue plus général.
§ I. HUMIDITÉ.
Les montagnes offrent presque toujours une humidité plus grande, et
surtout mieux distribuée que dans les plaines. On y voit nécessairement peu
de marais, mais aussi peu de terrains absolument desséchés. Les pluies y
sont plus fréquentes que dans les plaines voisines. La neige, en fondant
pendant tout l'été ou pendant quelques mois, entretient un état convenable
des pentes inférieures, et souvent la présence de nuages ou de brouillards
ajoute à ces conditions si favorables. La rareté de l'air dans les régions
supérieures et l'action plus intense du soleil augmentent, il est vrai, l'évaporation;
mais cette circonstance est moindre pour les zones moyennes et
inférieures des montagnes, et d'ailleurs elle compense faiblement les causes
d'humidité qui se renouvellent sans cesse. Wahlenberg (a), en comparant
la Laponie suédoise avec les hautes Alpes, fait ressortir combien celles-ci
sont plus humides en été, et il attribue à cette différence la supériorité de
végétation qui les distingue. La même observation peut être faite en comparant
la plupart des montagnes des pays chauds avec les régions inférieures
qui les entourent. On pourrait dire que la Laponie suédoise est une exception
pour sa sécheresse, que les régions septentrionales sont ordinairement
humides, et que les montagnes leur ressemblent sous ce point de vue"
comme sous celui de la température. Cela est vrai dans l'ensemble; mais
si l'on examine de plus près, combien de différences importantes!
En marchant de nos régions tempérées vers le nord, l'humidité augmente
en moyenne, dans une progression peu régulière, mais dans une
espèce de progression. En s'élevant du pied des montagnes vers le sommet,
on n'observe pas le même phénomène. Les parties inférieures et
moyennes reçoivent, outre les pluies, toutes les eaux qui découlent de la
zone supérieure. Les petites montagnes, qui sont quelquefois en avant des
grandes chaînes et qui sont atteintes les premières par les vents de pluie,
sont mieux arrosées que les sommités principales. Dans les pays tropicaux
les nuages qui stationnent à une certaine hauteur font que la sécheresse
est infiniment plus grande au-dessus qu'au-dessous de cette limite. Enfin,
(a) Helv., p. Lxxxix.
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