118 1)KLïMlTATiON DES KSPÉCES, LIMITES POLAIRES DES ESPÈCES SPONTANEES, 119
certaine somme de chaleur, au-dessus d'un certain degré du thermomètre,
avant l'époque de l'année où tantôt la sécheresse, tantôt l'humidité excessive,
plus rarement des froids rigoureux, empêchent l'espèce de végéter.
Des combinaisons aussi compliquées s'entrevoient, mais on comprend
combien elles sont difficiles à suivre avec l'état actuel des connaissances sur
les climats.
Eniin les Saponaria vaccaria, Lycopsis variegata et Hutchinsia petra^a,
présentent des limites non expliquées, par suite de la complication des
causes et du défaut de renseignements.
La méthode ancienne des moyennes de température par saisons ou par
mois, n'est pas seulement insuffisante ou contraire aux faits, dans les cas
examinés, mais en outre elle ne repose sur aucun principe, et elle se trouve
en opposition avec ce fait, bien certain, qu'une espèce annuelle peut végéter
ici dans tels mois, ailleurs dans tels autres mois, de sorte qu'une concordance
entre les moyennes et les limites, si elle existe, est purement fortuite.
Ma nouvelle méthode des sommes de température au-dessus d'un
certain degré propre à chaque espèce, non seulement donne des hypothèses
qui s'accordent souvent avec les limites, mais encore repose sur des principes
physiologiques. Je puis donc la regarder, en ce qui concerne les
espèces annuelles, comme la plus exacte, sans nier les difficultés d'applications
dont elle est entourée, dans l'état actuel des connaissances et avec
la complication des phénomènes.
§ III. ESPÈCES VIVACES,
A. Exposition détaillée des limites de quelques espèces,
11. Aquilegia vulgaris, L. ^ ~ Pl. I, Og. 6.
L'Ancolie commune se trouve en Irlande (Mackay, FL, p. /lO), peut-être pas
jusqu'au nord (a). D'après les localités indiquées par sir W. Hooker, elle ne depasse
guère en Écosse la latitude d'Édimbourg et de -Stirling, c est-à-dire environ
le 56^ degré. M.Watson (Cybele, I,p. 96) admet la limite 55 à 56 degrés delatit.
seulement, et présume que les individus trouvés plus au nord sont sortis des jardins.
M. Balfour a trouvé l'espèce à Islay, à l'ouest de la côte occidentale d'Écossc,
mais il n'est pas certain qu'elle y fût indigène {Phytol., 1 845, p. 323). J'aurais
admis la limite de M. Watson si M. Gardiner {FL Forfar, 4 848, p. 6) n'avait
indiqué une localité du comté de Forfar, éloignée de toute habitation, où lespèco
a tous les caractères d'une plante sauvage et ancienne. Sur la cole orientale
(a) L^auteur l'indique dans le midi, près de Cork, dans Voueki, comté de Galway, et
dans d autres localités que je ne puis déterminer, attendu qu'elles manqueiii aux
dictionnaires de géographie que je consulte habituellement.
d'Écosse, la limite serait donc 56'^ 1 /2 latitude. L'espèce manque aux îles Shetland
(Edmondston, cat.) et Feroë (Trevelyan, cat.).
Gunner [FL, p. 80) la mentionne en Norwége, près de Drontheim, en abondance,
d'où Ion peut admettre qu'elle s avance jusqu'au 64' degré, soit 1/2 degré
au delà de Drontheim. M. Müller {Fl. Friderisd., p. 99), de même que M. Fries,
(Swmma, p. 27) l'indique en Danemark. En Suède, elle s'arrête entre les 59® et
60^ degrés de latitude (Wahlenb., FL Upsal, p. 185); encore a-t-on soin de
noter dans les Flores les locahtés de la Suède méridionale où elle croît sans qu'on
puisse douter de la spontanéité (Wahlenberg, FL Suec.^ I,p. 340; Fries, Nov, FL
Suec. ed. alt.^ p. 172).
Dans la Russie occidentale, elle s'avance jusqu'à Tîle d'OEsel, sous le 1/2
de latitude (Ledeb., FL Ross., I, p. 56), [jusqu'en Livonie (Ledeb., ib.), et même
à Saint-Pétersbourg (Sobolewski, i^/. Petr., p. 126; Ruprecht, Symö., p. 140 et
i42)j où elle trouve certainement sa limite, sous le 60' degré. Elle est dans le
gouvernement de Mohilew (Lindem., BulL Mose., 1850, v. II, p. 447), sous le
55®degré, et à Moscou (Stephan, 25),sous le 56« degré, mais l'auteur dit
qu'elle croît spontanément dans les jardins seulement. H. de Martius IFL Mosq.,
1817, p. 94) disait : in nemoribus hortisque. Je ne la trouve ni dans le catalogue
deDmitrieff (Hoefft, Caí., 1826), quiestplusau midi que Moscou, sous le 52® degré,
ai dans celui de Tambow (C.-A. Mey., Beitr,, I, p. 25), qui est aussi au midi de
Moscou, ni dans le catalogue de Casan (Wirtzen, De geogr. Cas.), situé à l'est de
Moscou, presque sous le même degré de latitude. On la trouve à Saratovv (Ledeb.,
FL Ross,, d'après Klauss), dans l'Oural, près d'Écatérinenbourg(Uspenski cité par
Ledeb., FL Ross.), sous le 56^ degré. En Sibérie, elle est moins commune et
s'avance moins au nord, car on l'indique seulement dans l'Altaï (Ledeb., FL AU.,
Il, p. 296), c'est-à-dire sous le 51® degré environ. Le prétendu Aquilegia vulgaris
de Thunberg, trouvé au Japon, est une autre espèce (Sieb, et Zuccarini,
FL Jap. jam. nal., br.^ in-4°, p. 76).
Il semblerait, en résumé, que la limite ne dépasse pas le 60® degré, en Suède
et à Saint-Pétersbourg; que de ce point, elle inchne au midi, légèrement à
l'ouest (56® degré en Écosse), plus fortement à l'est (52 degrés au midi de Tambow);
qu'ensuite, elle se relève au^56'^ degré vers l'Oural, pour redescendre au
51® degré en Sibérie.
12. Dianthus cartbusianoram, L. ^ — PL I, fig. 7.
L'OEillet des chartreux, si commun dans nos prés secs de l'Europe centrale,
ne croît pas dans les Iles Britanniques, ni dans les îles anglaises de la Manche
(Babington, Prim. FLSarn,; Piquet, dans Phytologist, 1853, p. 1 093), ni en Bretagne
(DC., journ. de voy. inéd. ; Aubry, Exerc.Bot.-, Woods, Comp. Bot. Mag.,
II, p. 263 ; Crouan, lettre de M.. Lejolis] à moi-même), et il n'a été trouvé que
dans des localités extrêmes au sud-est de cette ancienne province, entre Nantes
et la limite de l'Anjou, par exemple à Ancems(Lloyd,F¿. Loire-Inf., 1844, p. 35).
En Normandie, M, de Brébisson (F¿., 2® éd., p. 37) l'indique aux environs des Andelys
et jusqu'à Rouen. Il est aux environs du Mans (Maulny, p. 162); mais il
manquean dép, du Calvados (Hardouin, Renou, Leclerc, CataL), de l'Orne (Renault,
FL), de la Somme (Pauquy, FL) On le trouve dans Maine-et-Loire (Guépin,
FL). En Belgique, il existe jusqu'à Gand(Lestiboud., FL Belg., 1827, v.-II-,
M, «I