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39; DÉLIMITATIOA DKS ESPECES.
rature élevée quaiul elle dure quel(|ues mois. Traiisporlés à Ceylaii, les Cerisiers
ne perdent plus leurs leuilles. La continuité de la chaleur jette le
trouble dans la végétation de ces arbres. Us ne jouissent pas, comme
ceux de la famille des Amentacées introduits à Madère, de la faculté de
perdre leurs feuilles et d'entrer dans une période de repos, sous une température
qui, dans le Nord, les fait végéter (a). La Vigne est cultivée en
grand et pour faire du vin, dans des pays très chauds, pendant l'été, mais
secs : par exemple, dans les îles Canaries, et en Egypte, dans le Fayouni
(maréchal Raguse, Voijage, IV, p. 26). Transportée dans des pays
constamment chauds et humides, elle ne cesse de pousser des feuilles et
des fleurs, et il en résulte assez d'inconvénient pour que, d'ordinaire, on
ne cherche pas à faire du vin (b). Voilà des obstacles à l'extension de
plusieurs espèces vers le Midi. Cependant, l'intelligence de l'homme
pourra beaucoup, si elle s'applique à la culture de nos arbres fruitiers
et de la Vigne dans les régions équatoriales. On choisira des variétés mieux
appropriées; on cultivera sur des terrains en pente, et dans des i)ositions
ou moins chaudes ou plus sèches que l'ensemble des localités du pays;
eniin, on cherchera des procédés pour arrêter la végétation pendant certaines
époques de l'année. J'ai lu quelque part, sans en avoir conservé la
note, que des jardiniers anglais, ayant voulu cultiver la Vigneau Bengale,
avaient eu l'idée de creuser un fossé devant les ceps, afin d'exposer les
racines à la sécheresse, de faire tomber les feuilles et d'obtenir ainsi une
suspension de la végétation analogue à celle produite en Europe par
l'hiver. La tentative est ingénieuse. J'ignore si elle a réussi; mais elle lait
comprendre à quel point l'horticulture doit varier ses procédés en changeant
de climat, et quelles ressources elle offrira lorsque des agriculteurs
originaires d'Europe ou des États-Unis se seront fixés en plus grand
nombre dans les pays intertropicaux.
ARTICLE ÍY. Nr-
RELATIONS ENTRE LES LIMITES DE PLANTES CULTIVÉES.
Il arrive ici, comme pour les plantes spontanées : les relations entre les
limites changent, suivant qu'on examine une certaine direction dans les
(a) Observations de M. Hcer, déjà citées p. 238, et interprétées, p. 397.
(b) M. de Humboldt, l'rolég., p. 54, dit : Ad Cumanoe lillora allata, lotum per
annum frucUbus egregiis ornalur. Les Nolices stalisliques sur les colonies françaises,
II, p. 235, disent qu'à Cayenne on cultive le raisin de Ireille avec succès.
SUR LES MINIMA ET LES SOMMES DE TEMPEIUTUKE INECESSAlKES. 393
plaines, ou certaines montagnes, plutôt que d'autres. Ainsi, en remontant
la carte d'Europe, à l'ouest, de Provence au cap Nord, et ensuite à l'est, de
la Crimée à la mer Blanche, on voit disparaître les principales cultures de
la manière suivante (a) :
CôLé Ouest.
Olivier W lai.
Maïs 50
Vigne 51
Noyer 56
Froments 64
Pommiers, poiriers.... 6i
Avoine 65
Seigle • . . 67
Orge 70
Pomme de terre.
côte ESL
Olivier i5 ° lai.
Yigne 49 1/2
Maïs 50
Noyer 52
Pommiers, poiriei'S 58
Froments 61
Avoine,
Seigle.
Orge 66
Pomme de terre.
En Suisse, la culture du Maïs s'arrête a peu près avec celle de la Yigne,
souvent même plus bas. Sur le Canigou, aux Pyrénées, on faisait des tentatives
de cultures de Maïs à ISGG"", il y a ({uelques années (Massot,
Compte rendu de VAcad. des sè.^ 18/Í3, sem. II, p. 751), et la Vigne
s'arrête sur cette montagne, du même côté, à 750'"
Il serait aisé de multiplier ces exemples. La cause en est toujours dans la
variété des circonstances de chaleur, froid, humidité, sécheresse, convenances
locales agricoles, etc., qui influent- sur les limites.
C'est un avertissement pour ne pas juger facilement des climats par les
cultures, ni du succès probable des cultures d'après certaines données sur
les climats.
S E C T I O N Y.
RÉFLEXIONS FINALES SUR LES CAUSES QUI LIMITENT GÉOGUAPIIIQUEMENT
LES ESPÈCES A LA SURFACE D'UN CONTINENT ET SUR LES MONTAGNES.
ARTICLE PREMIER.
SUIl LES MINIMA ET LKS SOMMES DE TEMPÉRATURE NÉCESSAIRESJ'ai
indiqué au commencement de cet ouvrage (chap. Il) ce que l'observation
et l'expérience, aidées de réflexions théoriques, peuvent suggérer
relativement au mode d'action des causes extérieures sur les végétaux. En
parlant des effets de la température, j'ai insisté sur ce que la combinaison
(a) J'indique les degrés de latitude en nombres ronds. 11 est clair que pour les espèces
ayant beaucoup de variétés, comme le Froment, les Pommiers et Poiriers, ou la Pomme
de terre, chaque variété a sa limite propre.
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