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S/iO DiaiMlTATíON DKS ESPÈCES.
On cultívela Vigne, dans ¡es jardins, et l'on fait du vin, autour de Dantzig, de
Koenigsberg et de Memel, jusqu'à une lieue des frontières russes, d'après le
témoignage de Meyen [ibA] mais il ne faut envisager cela que comme im amusement
de riches propriétaires. Des hal^itants de Berlin nvont parlé aussi de ceps
de vignes dans les jardins de la capitale, notamment au palais de Sans-Souci ¡
mais la culture agricole, en plein air, commence à Potsdam seulement, sur les
pentes bien exposées des coteaux. Du côté de la Saxe, les vignobles sont plus
nombreux, jusqu'à 51 degrés '1/4 de latitude, par exemple, à Weissenfeld, dans
la Saxe prussienne, et à Meissen, au nord-ouest de Dresde. Partout dans le nord
de l Allemagne, il est fréquent de voir des vignes en treilles contre les maisons ;
mais ce n'est pas là une pratique agricole. D'après des statistiques officielles (a),
il existe dans la province prussienne dite de Saxe, 3421 morgen de vigne (le morgen
= ares 53 cent.) ; dans celle de Brandebourg, 4'18'I ; dans celle do
Silésie, 4935, et dcins celle de Posen, 764.
La ligue que nous venons de suivre de l'embouchure de la Loire à Potsdam
(49 degrés -1/4 à 5'ü degrés '1/3 lat.), est dans toute son étendue une ligne de
retraite pour la culture de la Vigne. Non-seulement on trouve plus loin quelques
vignes rares et isolées, mais on a des preuves que jadis, à la fin du moyen age,
et il y a deux ou trois siècles encore, les vignobles étaient assez nombreux au
nord-ouest de la limite actuelle.
En Normandie, il est de tradition, dit M. Martins, Pdtria, niétéor., p. <190),
que des vignes nombreuses ont été arrachées au xiv^ siècle par les Anglais, qui,
possesseurs de la Guienne, voulaient favoriser la production des vins dans cette
contrée. Du ix^ au xni'' siècle, une foule de chartes font mention de vignes dans
la Normandie, la Bretagne et la Picardie (6).
Tacite dit en parlant de l'Angleterre (Agrícola, xii)^: « Solum prseter oleam vi-
)) temque. et cetera calidioribus terris oriri sueta, patiens frugum, fecundum :
» tarde mitescunt, cito proveniunt, eademque utriusque rei causa, multus humor
i) terrarum coehque. » On répète dans une foule d'ouvrages que l'empereur Probus
permit aux Bretons, conmie aux Gaulois, de cultiver la Vigne ; mais cela ne
provive rien sur la culture effective. Il faudrait savoir si l'on usa de la permission
et si Ton y trouva quelque profit. Pour une époque moins ancienne, il est certain
([ue les Anglais cultivaient la vigne. L'ouvrage de Joseph Strutt, intitulé : Angleterre
(Uicienne ou lableatt des moeurs, usages, etc., des anciens habitants de VAngleterre
[c), rapporte des chroniques et des faits certains à cet égard. La province
de Glocester était fameuse par ses vignobles ; d'après Bède Guillaume de Malmsbury,
les raisins y étaient plus doux que ceux de tout autre endroit de l'Angleterre.
La chronique de Stow dit que l'on faisait du vin dans le parc de Windsor
aussi bien que dans toutes les autres parties de l'Angleterre. Un ancien rôle manuscrit
existait de son temps dans Téchiquier d'honneur à la porte du château,
dans lequel on pouvait voir entre autres choses, le compte annuel de la dépense
de la plantation des vignes, le compte fait du temps de Richard II, des vignes qui
(a) Moniteur finançais du 28 janvier 1853, sans doute d'après des documents olHciels
prussiens.
(5) De Gasparin, rapport sur un mémoire de M. Fusler, intitulé : Reeherches sur le
climat de la France (Compt. rend. Acad. se,, Paris, 1844, sem., p. 1096). Girardiii,
ibid,, p. 1106.
(c) Traduit t1e l'ang'lais, iu-4, Paris, 1789, p. 17, 108 et planches.
LIMITES POLAIRES DES ESPECES CULTIVEES. 3/1I
croissaient en grande quantité dans le petit parc, ainsi que du vin même, dont
une partie était consommée dans la maison du roi et l'autre était vendue à son
profit, tandis que la dîme en était payée à l'abbé de Waltham, curé tant do
l'ancien que du nouveau Windsor. Strutt donne la figure d'un ancien pressoir des
Saxons. Miller {Gardeners nictionarij, article Vrns) disait en 1 768 : a 11 y a
depuis quelques années très peu de vignobles eu Angleterre, quoique d'après
d'anciens documents, il soit certain qu'ils étaient autrefois très communs. Cela
résulte de ce que plusieurs localités, dans différentes parties de l'Angleterre, en
ont t iréleursnoms,et de ceciue les actes certifient les quantités de terrains allouées
pour vignes à des abbayes et monastères. Miller parle ensuite d'essais qu'il a vus
près de Londres, et chacun sait que, de nos jours, des cultures partielles, en vue
de la curiosité et de l'agrément des propriétaires, ne sont pas rares dans le midi
de la Grande-Bretagne. Les raisins ne sont pas toujours mauvais à manger : le vin
qu'on peut essayer d'en fabriquer n'est pas toujours détestable; cependant, le
chancelier de l'échiquier ne s'est jamais alarmé de cette concurrence aux vins
étrangers qui acquittent à l'entrée du royaume des droits de douane énormes.
Les mêmes faits se sont présentés dans le nord-ouest de l'Allemagne. Meyen
[Grundr. Pßanz. geogr.,^. 437) rapporte que, dans le xiv^ siècle, la Vigne avait
été introduite en Prusse (ce qui doit s'entendre de la province de ce nom), et
qu'elle y a été cultivée longtemps, depuis cette époque. M. J.-G.Bujach a publié
dans un journal de Koenigsberg un article sur l'ancienne culture de la Vigne, en
Prusse, à l'époque de la domination des ordres teutoniques ('Wikstrom JaJiresb.
für -1834, p. 176). On obtenait alors un vin acide, dont personne ne voudrait do
nos jours, à cause de la comparaison avec les vins étrangers. Le climat des bords
de la mer Baltique, entre Dantzig et Koenigsberg, n'est pas très contraire à la
Vigne, et nous avons vu que, dans ce pays, on rencontre encore aujourd'hui
quelques Vignes. Enfin, d'après ce que m'a assuré M. Streicher, professeur de
botanique à Cracovie, la culture de la Vigne n'existe plus autour de cette ville;
mais il y a des localités nommées d'après des vignobles qui s'y trouvaientautrefois.
Je reviens à la hmite actuelle.
Il y a de grands vignobles en Bohême, malgré l'élévation de ce pays (Marcel de
Serre, Koy. en Autriche, III, p. 68), en Moravie (llohrer et Mayer, FL, p. xm
etxxvii), et à plus forte raison en Hongrie. La suite de chaînes appelées Riesengebirge,
puis Carpathes, fixe la limite dans cette partie de TEurope. La culture de la
Vigne ne franchit ces montagnes que vers l'orient, sous le 48' degré de latitude.
Elle passe alors dans la province de Bukowina, dont les localités favorisées ont des
vignobles, tandis que laGalicie n'en a pas (Zawadski, En. Gai. et Bukov., p. xui). A
Kiew, il y a des vignes dans les jardins, mais les raisins mûrissent mal, et on ne
fabrique pas de vin (Trautvetter, lettre). En descendant le Dniester, on trouve les
premières Vignes à Mohilow, sous le 43^ degré de latitude (Besser, Aperçu géog.
phtjs. de PodoHe et Volhynie, in-4", p. 3; Eichwald, Nat. hist. Skizze Li-
Unían,, etc., extr. dans >lrc/í, hot., I, p. 158). Sur le Dnieper, M. Blasius (extr.
dans Griseb., Bericht, \ 843, p. ^ 2) trouva la limite à Krementschug, villesous le
49'degré. En suivant le Bug, les vignes commencent seulement à 4 50 Werstes
delà mer (d'après ceque m'a certifié M. Henri Beaumont qui a résidé à Odessa),
c'est-à-dire sous le 47"^ degré. Sur les bords du Don, de Axais jusqu'à Tcherkask,
la culture de la Vigne, la pêche et le commerce occupent tour à tour des milliers
d'h mmes (KüpPTer, extr, dans/Inn. .sc. nat,, XXII, p. 243). Plus loin, sur les
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