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2 0 6 DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
d'autres termes, il paraît exister un degré de sécheresse combinó avec celui
de la chaleur, qui permet à chaque plante de pousser ses tiges florales, et
ainsi les deux causes, chaleur et humidité, se trouvent, quoi que l'on fasse,
presque toujours mélangées, soit dans nos expériences, soit dans le cours
ordinaire de la nature.
Les expériences dont je viens de parler font présumer tout au moins
que les espèces annuelles pourraient germer au printemps, puis rester stationnaires,
par trop de chaleur ou trop d'humidité, jusqu'à Tannée suivante.
Je soupçonne aussi qu'en automne plusieurs de nos plantes annuelles
commencent un développement, arrêté ensuite par l'hiver, et qui se poursuit
au retour de la chaleur. Malheureusement, nous ne connaissons leur
manière de vivre que dans les circonstances artificielles de l'agriculture et
de l'horticulture. Nous savons fort mal ce que deviennent, pendant quelques
mois, les graines mûries et disséminées de bonne heure par les plantes
annuelles, dans les conditions ordinaires de chaque localité.
La chaleur considérée en elle-même, abstraction faite du degré d'humidité,
devient nuisible aux plantes. MM. Edwards et Colin ont vu qu'eu
augmentant la température à laquelle sont soumises des graines, il arrive
un point où la germination est ralentie (a), et qu'à des degrés plus élevés
(qui ne se trouvent pas à la surface de la terre dans des conditions naturelles),
la germination serait impossible. Cela est vrai probablement pour
d'autres fonctions; mais dans la pratique et dans les cas particuliers que
l'on envisage en géographie botanique, il paraît bien diflicile de distinguer
l'action spéciale de la chaleur d'avec celle de la sécheresse. On peut seule-^
ment entrevoir que la sécheresse joue un beaucoup plus grand rôle, soit
par 'elle-même, soit comme conséquence habituelle d'une température
trop élevée.
Les végétaux sont pourvus quelquefois de moyens qui leur permettent
d'éluder l'action de la chaleur et de la sécheresse. Les arbres,et plusieurs
plantes vivaces ont des racines profondes, qui vont chercher l'humidité et
la fraîcheur dont la surface du sol peut se trouver privée. Les plantes
annuelles, douées d'une grande rapidité de végétation, peuvent germer
après la saison sèche, et si, dès lors, la durée de l'humidité et les conditions
de température le permettent, leur vie s'accomplit de manière à propager
l'espèce. Il se pourrait qu'une plante annuelle qui végète en été sur
sa limite polaire, changeât d'époque sur sa limite équatoriale. Nous aurons
donc à examiner à leur égard la température des saisons les moins
chaudes, aussi bien que des saisons les plus chaudes. L'époque et l'abon-
(a) Ann, sc. nat., 2« serie, v. I, p. 270- ^
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LIMITES ÉQUATOIUALES DES ESPÈCES SPONTANÉES. 207
dance des pluies devront surtout être envisagées dans cette question. Enfin,
une chaleur constamment humide pouvant empêcher des espèces annuelles,
peut-être aussi des espèces vivaces de fleurir, ce serait une cause d'exclusion
de certaines régions équatoriales, où les pluies sont abondantes, surtout
pendant la saison chaude.
Au moyen de ces données physiologiques et d'un examen attentif de
quelques faits, j'essaierai de constater les causes qui arrêtent les espèces
vers le midi. Je prendrai mes exemples en Europe, puisque c'est le seul
pays où les conditions de température et d'humidité soient suflisamment
connues sur toute la longueur d'une limite d'espèce, et où la multiplicité
des Flores locales permette de déterminer une limite méridionale dans une
certaine étendue. J'ai choisi deux espèces annuelles, trois vivaces et trois
ligneuses, comme sujets d'étude. Quelques-unes sont les mêmes que celles
dont la limite polaire a été examinée ci-dessus; on trouvera de l'avantage
à comparer ainsi les limites opposées de la même plante.
§11. MANIÈRES d 'Évaluer l'iiumiditi-: e t l a s é c h e r e s s e , comme agissant
SUR l 'extens ion géographique des espèces.
La sécheresse et l'humidité étant évidemment les causes qui influent le
plus sur l'extension méridionale des espèces, il est impossible de ne pas se
demander d'abord si nous possédons, même en Europe, des observations
assez précises, assez probantes, pour apprécier ce genre de phénomènes.
Les udomètres sont des instruments médiocres, en ce que leur surface
horizontale ne reçoit pas, selon leur quantité réelle, les pluies qui sont
poussées obliquement par le vent ; les hygromètres sont encore plus mauvais.
Le nombre des jours de pluie est un calcul où l'on englobe des jours
très humides et des jours presque secs, dans lesquels il est tombé peut-être
quelques gouttes. La quantité de pluie et même le nombre des jours pluvieux
difl'èrent d'une localité à l'autre dans le même pays, surtout quand il
y a des montagnes (a). Ces valeurs varient du simple au double selon les
années. La quantité de pluie est influencée par l a hauteur du lieu où est
situé Tudomètre. Il faudrait, en général, des instruments moins imparfaits,
et plus nombreux dans chaque pays, pour calculer les quantités moyennes
de pluie. Il faudrait aussi avoir toujours des moyennes fondées sur un
grand nombre d'années, surtout quand on veut estimer la répartition des
pluies par mois, ce qui est essentiel pour les faits de végétation. L'humi-
(a) A Genève, par exemple, nous voyous fréquemment des pluies d'orage suivre le lïauc
du Jura, de Salève ou des Voirons, et ne pas avancer au centre de la vallée. Ainsi nos
observations udométriipies accusent un climat plus sec ([u'il ne l'est réellemeiit à nue
petite distance de la viUe.
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