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míLlMlTATlON ])ES ESI'KCES.
coiidilioiis Ibndéessur une bonne base. Uéaumur(a) en avail i)arlé il y a
cenlaas d'une manière trcsjusle; mais les tentatives mal dirigées d'Adan'-
son et autres botanistes avaient plutôt discrédité ce genre de méthode. On
doit à M. Boussingault (h) de l'avoir introduite sous la forme vraie et
simple dont j'ai si souvent fait usage, avec modifications. Elle convient
peu aux régions arctiques, dans lesquelles la durée de la lumière joue un
rôle trop important; j'essaierai toutefois d'en faire ici rapplication'(c).
D'après les calculs approximatifs de M. Boussingault (voyez ci-dessus
p. 52), la culture de l'Orge dure de 92 à 168 jours, suivant les pays, et
comme les moyennes, pendant ces périodes si diverses, sont de 'ï 9°
10^7, la somme totale de chaleur reçue à l'ombre est comprise entre
1725" et 1800°. La petite différence des chiifres partiels est remarquable
(iuand on pense à la diflérence des climats dont il s'agit et au peu de précision
des dates de semis et de récoltes, indiquées, soit au l-' , soit au 15 des
mois mentionnés, suivant une estimation plus ou moins vague des usages
locaux, ou d'après l'observation d'une seule année. En intercalant^p
cbiflre d'Upsal ,1589°), basé sur une assertion de Linné et sur six récoltes
seulement, comparées à la moyenne température du pays, ce qui n'est pas
exact. J'ai fait remarquer combien il difiere des autres, mais aussi à quel
pomt tl est conforme à l'idée que la longueur des jours d'été, sous le
60" degré, accélère notablement les fonctions végétatives.
Voyons si les sommes de température près de la limite confirment ces
premiers aperçus.
11 y a un point, malheureusement arbitraire, dans le calcul, c'est le de"ré
du thermomètre au-dessous duquel l'Orge ne peut végéter, du moins avec
une activité un peu marquée. Wahlenberg dit qu'on attend pour semer
l'Orge, en Laponie, l'époque où la moyenne est de 8». En Alsace d'après
M. Boussingault, on a semé, en 1886, à la fin d'avril; il ne dit pas quelle
était alors la température , mais les observations de plusieurs années à
Strasbourg, font présumer 7^3. A Ratisbonne (Fumrohr, Naturh To^
pogr., p. 250), on sème l'Orge, en moyenne, le 13 mai. La température
doit être alors de 'W à 15°, d^après les moyennes mensuelles ; mais dans
cette localité, on est trop sûr de voir mûrir l'espèce pour se hâter bfeattcoup
de semer, au risque de perdre des graines. Les semis foits, en
(а) Mém. acad. sc., 1735, p. 559, cité par M. de Oaspann.
(б) liconomie rurale, 18«, vol. II, p. 663.
(c) Quoiqu'on puisse objecter à celte méthode, voici une preuve de sou uiiiilé • eJlc
a ia;t devuier que M. Kupffer avait lait erreur eu citaut Yali.tzk couun c l,ors
l a h m i t e des cereales Déjà, pour des limites d'espèces spoutanées, la métho e d s
sounues m avad obl.gé à revoir les assertions de quelques auteurs sur Í, ê, c oí
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LIMITES POLAIRES DES ESPÈCES CULTIVEES. 351
moyenne, le 28 avril, i\ Upsal, mentionnés par Linné, font présumer
25, d'après les moyennes mensuelles ordinaires de cette localité. Celui
du 31 mai 1732, mentionné par le même dans son admirable Flore de
Lapom'e (Proleg., n. 29), à Purkyaur, prov. de Lulea, si Ton en juge par
Euontekis, doit avoir été fait sous une température de à 6",5. Aux îles
Feroë, on sème TOrge en avril, dit M. Martins, sans préciser davantage
(Veg. Fer,^ p. 366); or, la moyenne de ce mois est de 5%55. Comme en
semant on cherche à se donner toutes les chances possibles, surtout dans
les pays septentrionaux, il est probable qu'on sème à une époque où la
moyenne est encore inférieure au minimum requis par l'espèce, mais de
telle sorte qu'à certaines heures de la journée au moins le minimum soit
dépassé. Le degré élevé (8°) dont parle Wahlenberg, indique peut-être
que., dans la Laponie suédoise, la gelée du terrain ou la fonte des neiges
sont des obstacles au semis de FOrge quand la température extérieure
serait déjà suffisante. Dans le doute, je raisonnerai d'abord comme si l'Orge
demandait 5' de minimum, ensuite sur l'hypothèse de 8^ (a).
Laissant de côté Nain, en Labrador, et Eyaiiord, dans l'Islande septentrionale,
où évidemment les sommes seraient plus faibles que dans les
autres localités, et qui se trouvent trop loin de la limite pour avoir de
l'intérêt, je trouve les chiffres suivants (6) :
SOMMKS DE TEMPERAT. DUUÉE
VILLES. — - ^ mHli "" - LATITLDE. DU PLUS LONG
De 5° ou plus. De S" ou plus. -lOUR.
1° Hors de la limite. 1) iii
1565 1380 04,15 20 1/2
1838 59,45 181]. 1/2
Sxir la limite ou iiu -pcii en deçà.
1770 19 II. 1/4
1250 9ÍÍ5 70,0 2 mois.
Enonlekis 1305 1105 G8,30 i mois 1/2 1090 1515 05,0 21 h. 1/4
1530 1430 04,32 2'] h.
1730 1Ü30 02,2 '19 h. 1/4
(a) Les faits conceruani ia limite eu altitude dans les Alpes, dont je parlerai plus loin,
sont favorables à l'hypothcsc de 5 à 6"-
{b) Les ealculs ne sont pas aussi rigoureux qu'on pourrait les faire au moyen des températures
mensuelles. Dans certains cas, une précision complète est une source d'illusions.
Ici les moyennes mensuelles sont peu certaines, et en outre la décroissance des tempélatures,
estimée d'après les moyennes mensuelles, n'est pas conforme à la nature. Le
calcul rigoin-eux serait conipli([ué des mois de trente et de trente et un jours, et do
décimales que les moyennes mensuelles indiquent mal. L'erreur possible dans le calcul
ne m'a pas paru de plus de 10. Si l'on pouvait considérer les températures au-dessous
de 0'' comme nulles et non comme négatives, les sommes deviendraient plus fortes, surtout
en Russie et en Sibérie (voy. p. 42). Toutefois le point de départ de et surtout
celui de 8", réduisent Timportauce de l'erreur.
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