i»
I
i
r
— ^ ,
M •Z.S^
- r i
A
J.
BKLIMITATÍÜN DES ESPÈCES.
nord de l'Afrique, mais les mêmes principes s'appliqueraient ailleurs. On
connaît en gros les circonstances de sécheresse et de température qui caractérisent
chaque pays; quand on les aura soumises à des observations
t^eguheres et qu'on pourra étudier exactement certaines limites d'espèces
on [rouvera des faits analogues. '
ARTICLE 111.
LIMITES OCCIDENTALES ET ORIENTALES DES ESPÈCES SPONTANÉES.
En traitant des limites polaires et des limites équatoriales, j'ai considéré
aussi les limites occidentales et orientales des mêmes espèces. Il était impossible
de faire autrement, puisque la plupart des limites au nord et au
nndi, eu Europe, ne sont pas parallèles aux degrés de latitude. La grande
humidité des côtes occidentales, la grande sécheresse de l'Europe orientale,
combinées avec la différence des températures uniformes (maritimes)
et excessives (continentales), produit nécessairement des limites obliques
propres à chaque espèce.
Je ne reviens pas sur les limites occidentales et orientales. Je prie seulement
le lecteur de remarquer combien il est rare qu'une espèce soit arrêtée
uniquement par la présence de l'Océan. Presque toujours elle manque à
telle ou telle partie des régions avancées les plus humides, comme la Bretagne,
les îles Britanniques, le Portugal, et de cette manière l'Océan ne
limite que dans une partie occidentale de l'habitation. De même du côté de
la mer Méditerranée, où les limites traversent dans toutes sortes de directions
et coupent des îles et des presqu'îles. On prévoit par là l'importance
des causes géologiques de distribution des espèces, c'est-à-dire des causes:
antérieures à l'état actuel des surfaces terrestres; mais je neveux pas
anticiper sur un sujet qui m'occupera longuement dans d'autres chapitres.
ARTICLE IV.
LIMITES RELATIVES DES ESPÈCES SPONTANÉES, EN PLAINE.
L'étude que nous avons faite d'un certain nombre d'espèces et les cartes
où leurs limites sont tracées montrent avec évidence combien ces limites
sont dissemblables et irrégulières les unes relativement aux autres. Les
causes qui déterminent les limites sont si variées, au moins dans certaines
régions comme l'Europe, ces causes agissent sur les espèces avec tant de
différence de l'une à l'autre, qu'il est impossible de deviner la direction
L l M l T l iS UKLATIVKS UKS ESPÈCES SPONTANÉES. •2/17
irune hmite d'après des faits étrangers à l'espèce ou d'après un examen
superficiel dans une partie de la région qu'elle occupe. Peut-être, en comparant
les limites de plusieurs espèces du même genre ou de la même famille,
trouverait-on quelque analogie qui permettrait de présumer jusqu'à
un certain point la délimitation des autres espèces appartenant aux mêmes
groupes. Cependant il y aurait encore de si grandes différences entre des
espèces voisines, que probablement on tomberait dans de grandes erreurs.
Relativement à l'étude des régions et à la comparaison de divers pays, il
est essentiel de savoir que les limites des espèces sont rarement parallèles.
Ainsi dans une région qui paraît assez uniforme de conditions physiques,
celle de nos plaines d'Europe situées entre la Garonne et le Volga ou la
Newa, les limites d'espèces se croisent dans toutes les directions. Que l'on
parte du nord ou du midi, de l'est ou de l'ouest; que l'on envisage des
limites polaires ou des limites équatoriales, des limites occidentales ou des
limites orientales ; partout on voit se succéder les espèces, et partout leurs
limites de même nature ne se suivent pas à des distances semblables, m
même dans un ordre régulier. Ainsi notre carte n^' 1 indique les limites
polaires d'une quinzaine d'espèces seulement, et ces limites se succèdent
en marchant du midi vers le nord comme suit :
sous LE MERIDIEN DE
PARÍS.
Peranum Harmala.
Succowia baleaiica.
Chamaerops humilis.
Alraotylis canceÎIata.
Campanula Eriiius.
Dianthus carthiisianonim.
Hèlleborus foetidiis.
Alyssum calyciniiin.
Evonymus européens.
Fagus sylvatica.
Aquiiegia vulgaris.
Ilex Aquifolium.
Radiola linoides.
VIENNE.
Peranum Harmala.
Atractylis cancellata.
Helleborus foctidus.
Chamaorops humilìs.
Campanula Erinus.
Ilex Aquifolium.
Dianthus carthusianorimi.
Alyssum calycinum.
Fagus sylvalica.
Evonymus europieus.
Radiola linoides.
Aquilegia vulgaris.
( Manque l'Amygdalus nana. )
CONSTA?ITINOPLE.
Chamserops humilis.
Atractylis canc&llata.
Campanula Erinus_.
Ilex Aquifolium.
Peganum Harmala.
Amygdalus nana.
Fagus sylvatica.
Radiola linoides.
Dianihus carthusianornni.
Alyssum calycinum.
Evonymus europaius.
Aquilegia vulgaris.
(Manque Helleborus foolidus.)
On aurait aussi de grandes différences en suivant deux degrés de latitude
un peu rapprochés. Enfin, et ceci est essentiel à noter, le même phénomène
se présenterait en suivant une ligne isotherme, isochimène, isothère, ou
toute autre ligne de température égale pendant une période de l'année, car
sur une même limite d'espèce les températures moyennes d'une saison ne
sont presque jamais semblables.
Toute personne prudente se gardera donc de conclure de l'existence