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somme est tie 2 0 ( ) 7 o Ù partir de 8» ; en changeant ainsi son minimum,
elle avancerait toujours plus au nord, ce qui n'existe pas. Le Chamoerops
humilis demande 3000° de 19° ou plus, à Nice. S'il pouvait se plier à un
minimum plus bas, il trouverait par exemple, à Milan 3819° de somme
au-dessus de 8°, à Bude 3600" de 8° ou plus, à Londres 3033" de 7° ou
plus, etc., et il s'en arrangerait, ce qui pourtant n'arrive pas dans la
nature, ni même dans les jardins.
Un fait admis par de bons observateurs mérite d'être signalé, parce qu'il
l)eut entraîner une illusion. Plus le repos des plantes a été complet en
hiver, plus la végétation s'établit avec vigueur au printemps et en été. On
l'a remarqué dans le Nord, sur les Alpes et dans un pays bien éloigné, sur
l'Himalaya (a). La même chaleur agit dans ce cas d'une manière plus
forte qu'à l'ordinaire ; mais il est aisé de l'expliquer par une élaboration
intérieure des sucs plus complète, de sorte que l'exception n'est pas contraire
aux principes.
On peut donc reconnaître quelquefois, et soupçonner plus souvent, un
certain degré de variabilité dans les minima et dans les sommes nécessaires
aux espèces; mais ce ne peut être qu'un degré contenu dans des bornes
étroites comme les variabilités de toute sorte des espèces. Ainsi, les lois
reconnues dans le chapitre actuel sont basées assez solidement, et elles méritent,
ce me semble, de fixer l'attention des naturalistes, des météorologistes
et des agriculteurs.
ARTICLE II.
SUR LES COMBINAISONS DE LA LUMIÈRE ET DE LA CHALEUR.
En cherchant à approfondir les causes de la délimitation des espèces, j e
n'avais pas pour but seulement la géographie botanique ; mais aussi certains
problèmes de pure physiologie. La surface d'un continent est comme
un vaste jardin d'expérimentation. Pour en tirer parti, il faut s'efforcer
de bien connaître les conditions des expériences et d'en observer les résultats
avec soin. Malheureusement, les conditions ne sont pas toujours simples,
ni suffisamment constatées, et alors elles ne peuvent pas conduire à
des lois aussi positives qu'on le voudrait.
il est fâcheux, par exemple, de trouver continuellement mélangés les
rayons chimiques et les rayons calorifiques du soleil. Ils le sont dans le
faisceau lumineux qui atteint une plante non ombragée, et aussi à l'ombre,
sous une forme diffuse, qui pénètre partout pendant le jour. J'aurais
l'a) Jacquemont, Voyage, I, p. 27.
COMBINAISONS DE LA LUMIÈRE ET DE LA CHALEUR. /i O l
vouh.1 pouvoir isoler, ou trouver isolées, l'action calorifique directe et l'action
calorifi(jue diffuse, l'action chimique directe et l'action chimique indirecte;
mais cela n'est possible ni dans des expériences positives, ni dans
le cours de la nature. On peut seulement observer des cas dans lesquels les
quatre conditions se trouvent mélangées dans des proportions diverses, et
il en résulte des comparaisons intéressantes. Qu'on me permette, en terminant,
de les rapprocher, afin de montrer la connexion des résultats obtenus.
Plantes à l'ombre et au soleil.
Dans une série d'expériences (p. 25), j'ai élevé les mêmes espèces,
simultanément, au soleil et à l'ombre. J'observais à Genève, sous le
/lô'' degré de latitude, au centre d'un continent, à 380" d'élévation. La
position des montagnes voisines abrège lin peu la durée des jours, qui est,
en maximum, de ih heures ; mais il y a peu de vapeur dans l'air pendant la
belle saison, de sorte qu'à tout prendre, les conditions étaient moyennes
pour l'hémisphère boréal. D'après un ensemble de cinq espèces, l'accélération
causée par les rayons directs du soleil s'est trouvée égale à l'eifet
produit sur les mêmes plantes, par une chaleur, à l'ombre, de 3°,5 par
jour, pendant la période de la dernière semaine d'avril au milieu d'août.
Traduite en somme, celte quantité revient à 350" pour une espèce qui
végète pendant 100 jours, à 525° pour celle qui dure 150 jours, etc. Les
chiffres varient plus ou moins, selon l'époque précise de l'expérience, l'état
nébuleux du ciel et l'espèce observée.
2° Côté nord et côté sud des montagnes [a).
Dans la nalure, ce qui ressemble le plus à l'expérience précédente, c'est
l'exposition au nord et au midi sur une même montagne. L'ombre n'est pas
aussi complète d'un côté; mais l'effet du soleil est plus intense de l'autre,
par suite de la pente, de l'abri des rochers supérieurs et de la transparence
de l'atmosphère.
Sur la chaîne des Alpes, entre le mont Ventoux et la Suisse orientale,
même latitude moyenne que Genève, à 1500'" environ de hauteur, et
d'après onze espèces différentes, les effets additionnels du soleil, du
côté du midi, sont égaux à lo,05 seulement de chaleur à l'ombre, par jour
de la belle saison, soit à 105« pour une, espèce qui dure 100 jours, à
^57° pour celle qui végète pendant 150 jours, etc.
(a) Voyez p. 19.
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