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o8(i BE DES ESPÈCES.
plupart des espèces érmmérées ont des variétés, surtout celles
dont Textension ne paraît pas récente.
13'' Les fruits et les graines des plantes énuniérées dans la liste diffèrent
beaucoup, et il est impossible de saisir aucun caractère commun à cet
égard. Je remarque le petit nombre de plantes à fruits charnus ou baies.
Le Solanum nigrum est la seule dans ce cas. Il y a une quinzaine d'espèces
à graines munies d'aigrettes, de bord membraneux ou d'arêtes velues
(Typlia); mais c'est une faible proportion quand on pense au nombre
immense des Composées pourvues d'aigrettes, et à quelques familles à
graines ailées ou munies de coma. Aucun Épilobium, aucune Asclépiadée
ou Apocynacée, aucune lienonculacée ou Rosacée à carpelles munis
d'une queue, ne figure dans la liste. Sur 11 Composées, 2 sont dépourvues
d'aigrettes et 4 en manque quelquefois. Les Malvacées et Légumineuses,
qui ont les graines les plus durables, sont fort mal représentées.
Les petites graines prédominent, mais leur proportion dans le règne végétal
est la plus forte.
ARTICLE X.
ESPÈCES A AIRE TRÈS PETrrE.
Les aires spécifiques les plus petites se trouvent ordinairement dans les
lies, surtout dans celles qui ont peu d'étendue et qui sont à de grandes
distances des autres terres. L'île de Sainte-Hélène, par exemple, offre
plusieurs espèces, non-seulement propres à sa Flore, mais qui se trouve
nt même en un seul point de l'île (a), dans un ravin très escarpé.
Les chèvres y pénètrent malheureusement. Elles vont détruire les restes
d'une végétation qui a traversé peut-être bien des époques géologiques
pendant lesquelles d'autres terres étaient submergées, d'une végétation
qui est peut-être le seul reste de quelque flore d'un grand continent
ou d'un archipel détruit par la mer. L'île de Kerguelen renferme quelques
espèces bien tranchées qui lui sont propres, en particulier, cette curieuse
crucifère apétale, qui forme le genre Pringlea du docteur Hooker (FL
antarct., li, p. 218 et238). Tristan d'Acunha, Juan Fernandez, Madère
et d'autres îles, petites et isolées, présentent des espèces non moins spéciales
et limitées. Certains archipels, comme les Galapagos, les Canaries,
offrent ce singulier phénomène d'avoir quelques espèces propres à une
•
(a) Une des belles espèces de Fougères, le Bicksonia arborescens, L'Her.,ne se trouve
plus qu'au sommet du pic de Diane, d'après M. le docteur Hooker (sir W. Hook., Sp.
Filic., r, p. 109). Elle a été introduite dans les jardins anglais. On verra peut-être
ces espèces de Sainte-Hclcne disparaître de leur pays natal et se conserver dans la cult\
U'C.
liSPECES A AlUE TRÈS PETITE. 587
seule des iles, même à de petites localités dans une des îles. Le docteur
Hooker n'a pas oublié d'attirer l'attention sur ce fait, en décrivant un herbier
des iles Galapagos (a). Sur 253 espèces, il y en avait 107 recueillies sur
une seule des îles de cet archipel, qui en renferme quatre assez rapprochées.
Sans doute, on est loin de connaître les Galapagos au point de pouvoir affirmer
que toutes ces espèces soient propres à une seule île, mais il en restera
loujours un grand nombre dans ce cas, puisque, selon toute probabilité, on
découvrira les mêmes espèces dans d'autres îles, et, en même temps, des
espèces nouvelles dans chacune. Les excursions de M. Bourgeau dans cerhûnes
îles du groupe des Canaries que MM. Webb et Berthelot n'avaient
pas explorées suffisamment, ont fait connaître aussi des espèces très limitées.
Il n'en serait pas de même sous des latitudes plus boréales. Les îles
Açoresont déjà moins de plantes spéciales que Madère ou les Canaries; les
iles Féroé n'en ont plus aucune.
Si nous voyons des espèces très limitées dans quelques îles de peu
d'étendue, il est bien plus surprenant d'en trouver au milieu des terres,
dans des pays tellement explorés qu'on ne peut douter des faits. Je choisirai
mes exemples en Europe; ailleurs on pourrait croire qu'on n'a
pas herborisé suffisamment autour des localités indiquées, et que telle
espèce rare se retrouvera un jour dans les pays avoisinants. J'éviterai de
citer des espèces obscures, douteuses. Voici des cas bien avérés.
Le Campanula excisa, Schleich., n'a pas ét^rouvé ailleurs que dans un
l)etit district des Alpes du Valais, compris entre la Furca et le mont Rose
(Alph. DC., Prodr.,yil, p. 2, p. 472; Koch, Syn., 2<=édit., p. 536).
Le Campanula isophylla Moretti (C. iloribunda, Yiv.) n'existe que
sur la côte de Gênes; et même, d'après la Flore d'Italie de M. Bertoloni
(vol. II, part, n, p. 512), il semblerait seulement sur un promontoire
appelé di Capri Zoppa, Une plante aussi belle ne peut pas avoir échappé
aux botanistes dans le reste de l'Italie, en Grèce, en Espagne, ou sur la
côte d'Afrique.
J'ai décrit dans l e p . 83), avec mon ami M. Bentham,
une espèce de Lithospermum que nous avons appelée Lithospermum (iasioni,
en l'honneur du guide des Eaux-Bonnes, Gaston Sacaze, qui l'a découverte.
Elle croît sur les rochers presque inaccessibles de Balourdes,
près des Eaux-Bonnes, dans les Pyrénées. C'est une espèce fort différente
du Lithospermum purpureo-coeruleum. Jusqu'à présent, on ne
l'a pas trouvée ailleurs. MM. Boissier et Renter ne l'ont pas vue en
Espagne.
L'Omphalodeslittoralis, Lehm. (DC., Pro^/r., X, p. 160), n'est connu
^a) Trans. Linn, ò'oc., 20, p. 259,