2 2 EFFETS DE LA TEMPÉRATURE ET DE LA LUMIÈRE SUR LES VÉGÉTAUX.
Six espèces (toutes cultivées) ont leurs limites, ou au moins une, audessous
de 1000 mètres, et leur différence est de 917 p ieds = 298 mètres.
En définitive, les espèces s'élèveraient plus haut du côté du midi :
Dans les Alpes de Suisse et d'Allemagne, d'après 2 espèces seulement,
de 172 mètres.
Au mont Ventoux, d'api'ès 9 espèces, de 136.
Sur l'Etna, d'après 1 3 espèces, de 3Zi9.
Or, en Suisse, d'après un ensemble d'observations (a), la température
moyenne annuelle décroît de par 172°",68, d'où résulte que l'exposition
au midi produirait un effet équivalent à Comme les mois d'avril
à octobre sont les plus importants pour la végétation, on pourrait considérer
le décroissement pendant cette période seulement. Il est de 157 mètres
pour 1", et alors l'effet de l'exposition serait un peu supérieur à 1° (1%1).
Au mont Ventoux, montagne isolée, le décroissement est de ilih mètres
pour 1° d'où résulte que l'exposition au midi équivaudrait à 0^9, Si
l'on considère les mois de la végétation, le décroissement est de 135 mètres
pour i% et l'eiîet de l'exposition serait alors égal à l ^ Enfin sur l'Etna,
le décroissement est de 150 mètres pour 1° dans la belle saison, d'où l'efiet
de l'exposition serait de 2",3.
On pourrait croire que la grande différence de résultat entre l'Etna et les
deux autres localités vient de la hauteur absolue où se trouvent les limites
des espèces comparées; il n'en est rien, car la hauteur moyenne des
13 limites de l'Etna està 1221 mètres (côté nord), celle des 9 limites
du Ventoux, à 1603 mètres (côté nord), et celle des 2 espèces de Suisse,
à iàOO mètres environ. En distinguant, comme j e viens de le faire, les
7 espèces de l'Etna dont les deux limites sont au-dessus de 1 0 0 0 mètres, et
les 6 dont les limites sont au-dessous, la différence, selon l'exposition, est de
392 mètres pour les premières, et de 298 pour les secondes. A priori,
plus on envisage des localités basses, moins il doit y avoir de différence
selon l'exposition, puisque l'action directe des rayons du soleil est d'autant
plus importante cjue la couche d'atmosphère à traverser est plus mince.
L'observation confirme; toutefois l'influence du degré de latitude paraît
plus grande, si l'on en juge par un nombre d'espèces qui, j'en conviens,
n'est pas encore suffisant.
La différence de latitude explique bien les phénomènes. L'Etna est sous
le 37e degré, le mont Ventoux est sous le M^ j et les montagnes de Suisse
(a) Moyenne de plusieurs localités de TAllemagne méridionale et de Tltalie septentrionale,
dans Ch. Martins, Météor., p. 213. Ces chiffres concordent avec la moyenne du
Saint-GoUiard comparé à Zurich.
(&) D'après peu d'observations, il est vrai. Voyez Martins, 21 4 .
EFFKTS DIUECTB DU SOLEIL ET INFLUENCE DE L'EXPOSITION. 23
sous le Le résultat, pour la Suisse, étant fondé sur deux espèces seulement,
il ne faut pas lui donner beaucoup d'importance, mais la dilTérence
est considérable entre l'Etna et le mont Ventoux : elle correspond, comme
on pouvait s'y attendre, à une latitude différente de 7 degrés.
Le résultat de ces documents serait que, sous une latitude moyenne, en
Europe ( degré), l'exposition directe au soleil produirait sur les
plantes, par une augmentation de chaleur et de rayons chimiques, l'effet
d'environ de température mesurée par un thermomètre à l'ombre, et
sous le 37e degré, l'effet d'environ 2%3 de température.
Il serait fort intéressant d'avoir des documents aussi précis sur d'autres
localités, en choisissant toujours des montagnes isolées.
Je passe au second procédé pour apprécier l'effet de l'action directe du
soleil au moyen des végétaux.
En 1847 (a), je semai, au jardin botanique de Genève, quelques plantes
annuelles le même jour, dans un endroit bien exposé au soleil, au midi
d'un mur distant de 1 mètre, et dans un endroit à moitié ombragé par de
grands arbres situés au midi. Je n'avais pas à ma disposition une ombre
complète, comme celle d'un mur ou d'une maison; en revanche, les
plantes élevées au soleil étaient plus réchauffées que'dans des conditions
ordinaires, à cause de la réverbération du mur voisin. Ainsi la différence
entre les deux localités était à peu près celle qui existe entre des plantes
bien exposées au soleil, sur une pente ou au pied d'un rocher, et des plantes
à l'ombre d'une haie ou d'une forêt du côté du nord. Elle était analogue
aussi à la différence qui existe entre des plantes situées les unes au soleil,
sans réverbération, les autres à une ombre complète, au nord d'un mur élevé.
Dans ce cas même il y a, pendant les longs jours d'été, un peu de soleil,
de grand matin et au coucher, mais les rayons en sont obliques et peuvent
être considérés comme nuls. Pour apprécier la différence déterminée dans
l'expérience par le soleil direct, j'ai calculé le nombre de jours exigé par la
même espèce dans chaque situation, et la température pendant ces jours (h) -,
ensuite j'ai multiplié l'un de ces chiffres par l'autre, selon le mode introduit
par M, Boussingault. On trouve ainsi la somme de chaleur, exprimée en
degrés du thermomètre à l'ombre, qui a été nécessaire pour chaque plante.
(a) Ces expériences ont été publiées, en partie, dans mon article : Du mode d'action de
la chaleur sur les plantes, etc. {Biblioth. univ., mars 1850). J e donne ici tous les détails.
(Ò) D'après les observations faites à l'obser-vatoire, localité peu éloignée du jardin botanique,
mais un peu plus fraîche, à cause de la brise venant du lac pendant le jour. La
ditiérence a dù porter sur toutes les plantes du jardin botanique, aussi bien sur celles à
l'ombre que sur celles au soleil; elle peut donc être négligée. Les moyennes ont été calculées
d'après la moyenne des maxima et minima de chaque jour, dans les tableaux de
la Bibliothèque universelle.
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