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264 DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
3° Dans les régions polaires, l'exposition perd de son importance, de
même que tout ce qui concerne la distribution des végétaux en altitude.
§ VI. DENSITÉ DE L'AIK.
La diminution de densité de l'air est la seule circonstance qui soit absolument
identique dans toutes les chaînes de montagnes au même degré
d'élévation. On peut se demander si la légèreté de l'air, agissant sur les
fonctions des feuilles et sur la circulation de la séve, ne pourrait pas influer
sur la délimitation des espèces. De Candolle a démontré depuis longtemps
(a), et je crois delà manière la plus probante, que la hauteur absolue
n'influe nullement sous ce rapport. En efl'et, il y a des milliers d'espèces qui
se trouvent à des hauteurs très diverses, soit sur la même montagne, soit
dans difl'érentes chaînes, soit enfin sur certaines montagnes et dans les plaines
situées plus au nord. Excepté pour un petit nombre de plantes propres à
telle ou telle région montueuse, comme il y en a de propres à certaines
îles et à certaines localités dans les plaines, on peut dire que c'est le fait
général. La culture des plantes alpines dans les jardins le prouve aussi, car
il est aisé de conserver les espèces en plaine, pourvu que les conditions de
température et d'humidité soient convenables. Nos céréales s'arrêtent à une
certaine hauteur en Europe, mais la rareté de l'air n'y est pour rien, car
on les voit prospérer sur les plateaux de l'Amérique méridionale à une
élévation bien plus grande. Là même, ce n'est nullement la rareté de l'air
qui les limite, puisque les mêmes cultures s'élèvent plus haut sur l'Himalaya.
La pression de l'air y est bien faible; mais les autres circonstances ne
sont pas contraires, et cela suflit. On peut donc négliger entièrement ce
point de vue. La rareté de l'air a sans doute quelques efl"ets physiques
dont l'action peut se faire sentir sur les plantes : par exemple, d'augmenter
la sécheresse de l'atmosphère et l'efl^et direct des rayons du soleil ; mais en
elle-même, elle paraît entièrement dépourvue d'influence.
§ Vit. NATURE MINÉRALOGIQUE DO SOL.
J'examinerai ailleurs (/;) l'influence du sol sur les espèces, au point de
vue de leur présence, de leur fréquence, des causes par lesquelles le sol
peut agir, etc. On verra à quel degré cette action est bornée et combien peu
(а) Mémoire sm- la géographie des plantes de France, dans Mém. d'Arcueil, v. Ill,
p. 289. '
(б) Ghap. VÍ, an. 1, § 3.
LIMITES SUPÉRIEURES ET INFÉRIEURES DES ESPECES. 265
d'espèces lui sont soumises. Ici je dirai quelques mots seulement de la manière
dont le sol peut influer sur les limites en altitude.
En supposant le cas très rare d'une espèce qui ne peut pas vivre sur un
sol calcaire, ou sur un sol siliceux, ou dans l'alumine, l'effet relativement
aux limites ne peut exister que dans des circonstances elles-mêmes assez
rares. Il faut que les zones de diverses natures minérales se trouvent sur
une montagne à peu près à la hauteur où s'arrêterait naturellement l'espèce.
Il faut encore que des mélanges de terrain n'aient pas lieu, et cependant
les eaux et le vent produisent, dans les vallées surtout, un mélange
assez habituel. Si l'on étudie une limite d'espèce sur une chame de montagnes,
la même nature de sol se trouve ordinairement à diverses hauteurs,
suivant les localités. Telle plante peut alors trouver de la silice à
2000 mètres, je suppose, qui est exclue ailleurs à 1000 mètres par l'absence
de cette matière. L'influence du sol se trouve souvent réduite à une
influence toute locale, analogue à l'existence d'une forêt qui exclut ou qui
favorise telle ou telle espèce sur une montagne, à la présence de sols marécageux
dans de hautes vallées, etc. En étendant le champ de ses observations,
en envisageant par exemple une chaîne de montagnes tout entière,
au lieu d'une sommité unique, on doit échapper souvent à l'influence minéralogique
du sol.
§ Vlli. NATURE GÉOLOGIQUE DES MOJNTÂGNES.
Le terrain géologique auquel appartient une chaîne peut se lier aux
causes qui ont déterminé la présence d'une espèce, ou qui l'ont exclue d'un
pays. L'époque^à laquelle une formation a cessé d'être submergée, l'existence
de certaines îles ou continents dans le voisinage à cette époque, la
présence ancienne de courants,de glaciers, etc., tout cela est important au
point de vue géographico-botanique; mais lorsqu'une espèce existe de fait
dans un pays, sur une montagne, ce sont uniquement les causes actuelles
qui ont pu agir sur les limites en altitude. Les questions géologiques
peuvent donc, dans le chapitre actuel, être passées sous silence.
§ IX. ISOLEMENT ET RAPPROCHEMENT DES MONTAGNES.
L'isolement des montagnes, ou leur agglomération par grandes masses
ou en chaînes doit avoir certains effets relativement aux limites des espèces.
Le décroissement de la température est plus rapide sur les montagnes
isolées^ comme je le disais il y a un instant (page 257). Il est, au contraire,
plus lent que la moyenne, si le pays se compose de gradins suc-
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