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 320  DELIMlTATIOiX  DES  ESPECES.  
 action  (le  clialeur,  s^irrèle-L-elle  pour  un  temps,  malgré  une  température  
 qui,  ailleurs,  lai'erait  végéter? C'est  ce  que  nous  voyous  pour  la  plupart  des  
 espèces  dans  nos  serres  lorsqu'ou  maintient  constamment  une  température  
 élevée,  et  l'exemple  du  Jlètre,  à  Madère  (a),  prouve  (¡ue  le  même  pliénomène  
 se  passe  (jnelquefois  dans  la  nature.  Peut-être  aussi  le  Saxifrai^a  
 oppositifolia  est-il  incapal)le  d'éluder  de  cette  manière  l'action  de  la  chaleur? 
   S'il  le  pouvait,  pourquoi  ne  s'avancerait-il  pas  en  plaine  dans  les  îles  
 J5ritanniques,  au  midi  du  57«  degré  de  latitude?  Ce  n'est  pas  l'humidité  qui  
 lui  manquerait  dans  cette  région,  ce  n'est  pas  l'ardeur  du  soleil  qui  le  ferait  
 périr  aux  environs  de  Glasgow  ou  d\Edimbourg.  Dans  ce  pays,  je  ne  vois  
 que  la  sonmie  totale  de  chaleur  qui  puisse  devenir  nuisible  et  arrêter  l'espèce  
 sur  le  littoral  vers  le  57"  degré.  La  température  d'avril  à  octobre,  
 ejrtiôrement  supérieure  à  /|%5,  donne  sur  la  limite  une  moyenne  do  
 11%39,  par  couséiiuent,  une  somme  de  2/l37^  Il  faudrait  môme  ajouter  
 fpielque  chose  pour  une  partie  des  mois  de  mars  et  de  novembre,  dont  hi  
 moyenne  est  de A",5  ou  plus,  de  sorte  ([ue  le  chiifre  doit  être,  sans  exagération, 
   de  2500".  A  Kinfauns  (56^23')  et  lidind)ourg  (55^  58%  où  l'espèce  
 ne  croît  plus,  on  trouve  2582°  et  27/i8' à  partir  du  même  minimum  
 de  Ainsi,  l'espèce  ne  supporte  i)as  ime  température  supérieure  à  
 2500%  avec  une  addition  de  lumière  directe  du  soleil  peu  considérable.  
 Sur  la  côte  de  Norwége,  elle  s'arrête  probablement  sous  une  somme  de  
 2300^  environ,  les  effets  du  soleil,  par  suite  d'une  latitude  plus  avancée,  
 ajoutant  une  impulsion  chimique  et  calorifique  plus  forte  qu'en  Ecosse;  
 mais  les  données  manquent  pour  vérifier  cette  hypothèse.  
 Sur  les  monts  Carpathes,  la  somme  de  chaleur  de  Zi%5  ou  plus,  à  la  
 limite  de  l'espèce,  est  de  1088' \  Cond^ien  la  lumière  du  soleil  ajoute-t-elle  
 à  la  hauteur  de  ISBZi'"  sur  les  Carpathes,  c'est  ce  (pi'on  peut  difficilenieni  
 évaluer  ;  niais  en  supposant  ses  efléts  égaux  j)our  la  plaute  à  100°  ou  150"  
 du  thermomètre,  la  somme  resterait  toujours  notablement  inférieure  à  celle  
 observée  en  Ecosse.  Par  conséquent,  l'espèce  est  arrêtée  dans  sa  limite  
 inférieure  des  monts  Carpathes  par  une  cause  étrangère  à  la  somme  de  chaleur. 
   Comme  la  plaute  ne  craint  pas  le  froid  et  se  trouve  d'ailleurs  recouverte  
 par  la  neige  assez  longtemps  sur  cette  chaîne  de  montagnes,  la  cause  
 la  plus  probable  me  paraît  être  la  sécheresse  de  l'été,  résultant  de  l'ardeur  
 du  soleil  et  de  l'absence  de  pluies,  qui  caj'actérisent  les  sommités  de  cetle  
 chaîne,  d'après  Wahlenberg.  
 Sur  les  Alpes  centrales,  la  moyenne  de  mai  à  septeud)re  (9%7[\)  donne  
 un  produit  de  'i/l89'\  qui  se  réduit  à  1/|50"  environ,  à  cause  dé  (luelqnes  
 I.l.MrrES  INKKUlKniKS  DES  ESPÈCES  SPONTANÉES.  321  
 jours  au-dessous  de  Le  soleil  doit  ajouter  en  rayons  chimiques  et  
 calorifiques  sur  les Alpes,  à  i  620" ,  à  peu  près  la  même  impulsion  que  sur  
 les  Carpathes  à I88/4'"  ;  ainsi,  la  somme  de  température  n'est  pas  davantage  
 la cause  déterminante.  Je  ne  vois,  dans  ce  cas  encore,  que  la  sécheresse  de  
 Tair  et  du  terrain,  celui-ci  étant  dégarni  de  neige,  à  1600"'  dans  les  Alpes,  
 dès  le commencement  de  mai  et  jusqu'à  la  fin  d'octobre  et  au  delà  (a).  Si  la  
 limite  est  plus  bas  que  dans  la  chaîne  des  Carpathes,  la  chose  s'explique  
 par  la  durée  des  neiges  sur  les  pentes  des  Alpes  et  par  la  présence  des  
 neiges  éternelles  sur  les  hauteurs,  qui  conservent  de  l'humidité  au  terrain  
 dans  une  zone  assez  étendue.  
 Sur  le  mont  Ventoux,  le  Jura,  les Alpes  vénitiennes,  la  limite  inférieure  
 se  trouve  plus  haut  et  se  fixe  sous  des  températures  à  l'ombre  plus  faibles,  
 précisément  à  cause  du  peu  de  durée  des  neiges  et  de  la  sécheresse  qui  
 résulte  de  leur  disparition  hâtive,  jointe  à  un  soleil  assez  ardent.  Sur  les  
 montagnes  de  Grenade,  où  il  existe  à  peine  des  glaciers  et  où  la  région  
 élevée  est  sèche  pendant  l'été,  l'espèce  ne  peut  vivre  qu'à  une  grande  élévation. 
   Les  Pyrénées,  au  contraire,  rentrent  un  peu  dans  les  conditions  
 d'humidité  des  Alpes,  et  la  limite  de  l'espèce  descend  quelquefois  à  1600"'.  
 Ainsi,  tous  les  faits  sont  favorables  à  l'idée  que  la  sécheresse  détermine  
 sur  nos  montagnes  la  limite  inférieure  du  Saxífraga  oppositifolia,  tandis  
 que  sur  la  côte  de  Norwége  et  sur  celle  d'Ecosse  une  somme  de  température  
 de  2300°  à  2500«  observés  à  l'ombre,  et  au-dessus  de  est  la  
 condition  déterminante,  laquelle  varie  un  peu  selon  la  durée  des  jours  pendant  
 l'été.  
 2.  Fa^us  H^U'saiici^,  B.. — Voy. ji.  
 L'étude  de  la  limite  méridionale  (p.  2/i0)  avait  laissé  quelque  doute  sur  
 les  effets  d'une  somme  de  chaleur  un  peu  forte  pour  exclure  l'espèce  d'un  
 pays,  quoique  la  sécheresse  soit  la  cause  la  plus  habituelle  de  sa  délimitation  
 dans  les  plaines  de  l'Europe.  La  même  question  se  présente  à  l'occasion  
 de  la  limite  inférieure  sur  les  montagnes,  et  de  l'ensemble  des  
 faits  il  va  peut-être  jaillir  plus  de  lumière.  
 On  ne  peut  douter  que  les  montagnes  ne  reçoivent  des  pluies  plus  abondantes  
 et  plus  fréquentes que  les  plaines.  C'est  un  fait  général,  sur  lequel  
 les  météorologistes  sont  unanimes.  Les  pentes  tournées  vers  le  nord  conservent  
 aussi  le  mieux  leur  humidité,  surtout  dans  les  pays  situés  sous  des  
 latitudes  moyennes.  Cela  suffit,  indépendamment  de  toute  action  de  la  température, 
   pour expliquer  une  difï'éreiice  en tre  les  limites  inférieures  du  Hêtre  
 (a)  SchlaginUveit,  Unlers,  phys,  Alp,,  1.  iX.  
 S  I