T i
f i
I
iI -
li
IL ^ rti
- q
M
.Ij
.1r-
33/1 DELIMITATION DES ESPÈCES.
que leurs limites sont mieux connues, et plus faciles à vérifier que les
limites de la plupart des espèces spontanées.
§ I L KTUDK DE QUELQUES ESPÈCES CULTIVÉES, CHOISIES COMME EXEMPLES.
A. Exposition détaillée des limites.
1. llordciim vulgare, L., et Iloril. liexasticliou^ L.
Orge (français), — Gerste (allemand), ~ Barley (anglais).
Les plantes cultivées le plus au nord pour la nourriture de rhoiume, sont : la
Pomme de terre et l'Orge. Celle-ci offre plus d'intérêt sous le point de vue botanique,
parce que ses variétés sont moins nombreuses et sa culture plus ancienne,
de sorte que la limite est à la fois plus précise et plus fixe.
On peut semer l'Orge en automne ou au printemps, mais le premier mode est
rarement usiié, du moins vers la limite polaire. Ainsi, aux îles Feroë (Martins,
Vé(j. Fer.), en Suède et en Laponie (Stillingileet, Misceli., p. 154), on sème dès
.que le terrain est libre au printemps.
L'Orge a été essayée quelquefois en Islande, dans les endroits abrités et méridionaux,
mais sans succès (Olafsen et Povelsen, Voyage, trad, de Gautier de la
Peyronerie, V. V, p. 194 à 217) . Quelques indices peuvent faire penser que les
tentatives n'ont pas toujours été aussi malheureuses. Ainsi, une localité se nomme
Akra-F-iel, c'est-à-dire champ de blé, et d'anciennes sagas portent que, vers le
X'^ siècle, on cultivait le blé dans certaines localités spécifiées (Hooker, Joiirn. of
ii tour m Jcehmd, I, p. 291). Il ne serait pas surprenant que les conditions physiques
eussent, changé dans une lie aussi tourmentée de feux souterrains et voisine
des glaces du pôle. Il se pourrait aussi que des cultures dirigées avec intelligence
et dans lesquelles on choisirait bien les variétés, pussent avoir quelque succès
pendant une série d'années. Depuis 1815, on a fait probablement des essais
mieux dirigés que dans le siècle dernier ; mais il ne paraît pas qu'ils aient réussi
davantage. M. RuMph {Die Pflanz. Decke der Erdo, 1853, p. 385, et carie
n'^ 2) fait passer la limite de l'Orge au travers de l'Islande ; cependant, les naturalistes
de l'expédition de la Recherche, qui ont visité cette île, posent en fait l'impossibilité
de cultiver l'Orge, et racontent que les pommes de terre donnent des
tubercules seulement de la grosseur d'une noix (Martins, Vegei. Féroé, dans Von
p. 387).
On sait que dans les îles Feroë, l'Orge, de l'espèce Hordeum hexastichon
[biggs, en angl. ; Stockgerste, en allem.), est cultivée, môme jusqu' à une centaine
de mètres au-dessus de la mer (Trevelyan, Veg. Feroe\ ^ édit., p. 4 ; Martins,
ihid., p. 365). Selon ce dernier auteur, la maturité s'achève rarement, et le grain
qui sert à ensemencer vient du Danemark. On sème l'Orge en avril.
A l'extrémité nord-ouest du continent européen, la culture de l'Orge avance
j u s q u a u 7 0 ^ ' d e g r é ( S c h o u v v , geogr. phys. comp.,^. 61; Martins, ih,
p. 388; Parlatore, Viaggio, I , p. 282). M. Ch. Martins dit expressément : « A
Hammerfest (70°40'), toute culture a disparu. )> (I oî/. bot. en^orw., p 1 0 4 ; le
dernier endroit est Elvbaken, sous le 70- degré Feroè\ p. 388). A Alten
T > n i i T r : s polàtues dks kspkces gultîvkks.
Oo Oo Ox
(70" O'j, il mentionne l'Hordeum vulgare (p. 1 0 0 ) . Cependant, ces points sous le
70^ degré sont isolés, « Il faut, dit-il, redescendre jusqu'au degré pour trouver
la culture des céréales d'une manière continue le longdes côtes deNorwége. »
Dans la Laponie suédoise, l'Orge avance jusqu'à Kyro, d'après Wahlenberg
(Lr//J.,p, xv), c'est-à-dire jusqu' à 69"40^, au bord du lac d'Énaretrask , qui paraît
devoir être peu élevé. Elle s'arrête àMauno, près d'Énontekis (68'' 30', élévation
435'"), selon M. Parlatore {Viaggio. 1, p. 227). A Énontekis l'orge ne
mûrit qu'une année sur trois (Schouw, Europa. 9). Un voyageur français,
M. Marmier, dit, en parlant de Muonioniska (68°0 lat. N., 21°long. E. Paris) :
(( C'était la première fois depuis sept ans que Forge était vraiment mûre. Cette
fois, on ne la portait plus au four pour la faire sécher ; on la dressait gaîment
sur des perches, comme du lin sur des quenouilles. » [Lettres sur le jXordj I I ,
p. '177).
En Finlande, la culture de l'Orge dépasse d'un degré le cercle polaire, c'est-àdire
atteint 67 degrés 1/2 de latitude, selon M. H. Besser (extr. dans Meyen,
Bericht phys. Bot.^ p. 145).
En lUissie, l'agriculture avance moins vers le nord; mais la population est
rare dans cette partie del'empire, et l'on n'a pas encore essayé tout ce que comporterait
le climat. M:. E. Meyer admettait en 1 8 3 0 [Plant. Labrad., p. 132)
que vers Archangel et Ust-Silma, l'agriculture atteint à peine le 6 5 ' degré; elle a
fait des progrès depuis quelques années, et M. Trautvetter, qui a puisé à de
bonnes sources, indique d'une manière précise la limite des cultures de céréales,
c ' e s t - à - d i r e dans ce cas, la limite de l'Orge (Pflanz, geogr. Verhàltn. Europ,
Rtisslands,m~S°: Heft, III, p. 28, Riga, 1 8 5 1 ) . Selon cet auteur elle est à Mesen,
au nord d'Archangel, sous 6o°50^ lai., puis yers l'est, elle passe à Ishemskaia
( 6 4 degrés 1 / 2 environ), et vers l'Oural, elleaboutit au point de contact des deux
provinces d'Ârchangel etdeVologda, sous le 64^ degré 1 / 4 de latitude. A Mesen,
on sèmeau commencement de mai et l'on récolte en août. On essaie encore plus
loin, car d'après Stuckenberg, il y a de l'Orge à Sjemscha (66"1 0' ) et à Mylo,
encore plus au nord, et d'après Schrenk (Trautv., ib., p. 62) jusqu'au 66® degré
de latitude au N.-E. de Mesen. M. Trautvetter admet'pourtant comme limite
celle indiquée tout à l'heure. Elle oscille de OS^oO' à 66 degrés.
Dans le nord de la Sibérie, la limite est bien peu connue, surtout la limite de
ce qui serait possible si la population était moins rare et multiphait les essais.
D'après Pallas et Georgi (extr. par E. IMey., Plant. Labrad.^ p. 140), on ne cultive
près de Samarof (lat. 70^^36', long. 65 degrés E. P.) que de l'orge et de
l'avoine ; et près de Surgutt (lat. 61^25^, long. 70"E. P.), les tentatives faites par
les habitants avaient été si malheureuses que l'on a renoncé à semer.
A Bogoslovsk, étabhssement de mines près de l'Oural, sous le 59^45', à 8 22 p.
d'élévation (Erman, jRâse, t. I , p . 410), on a l'opinion qu'il serait impossible de
cultiver des céréales et même des choux et des raves. M. Kupffer (note citée)
place cette localité hors de la limite ; mai s il paraît plutôt, d'après les expressions
du voyageur Elrman, que des essais convenables n'ont pas encore été faits. On
croit toute culture impossible, peut-être sans en avoir des preuves positives. La
population est faible, et ses occupations la détournent des essais de culture. A
Beresow, sur l'Obi, 63^55' lat . , l'Orge réussit très bien(Erman, Reise,l,p. 603).
Dans le centre de la Sibérie, près de Yakoutsk, on cultive de l'Orge sur les rives
de la Wilvim, affluent de la Lena (64° lat.), selon Georgi (cité par E. Meyer, ib.,
fc
, I [ ; I
• ; I
I
d