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DÉLIMITATION DES ESPJÈCKS.
sitives-thermométriques^et udométriques. Les limites d'espèces ont été
constatées par les Flores locales, si nombreuses en Europe. Tel phénomène
qui se trouve condensé sur les montagnes en quelques centaines de
mètres d'élévation, se trouve dilaté, pour ainsi dire, dans les plaines, en
quelques centaines de lieues, et sur ces centaines de lieues les moyens
d'observation ne manquent pas. C'est le même phénomène que dans les
montagnes, amplifié, par conséquent plus facile à voir. Il faut cependant
que je démontre cette analogie; il faut vérifier jusqu'à quel.point les
mêmes lois se retrouvent dans les plaines et sur les montagnes, et comment
les conditions résultant de l'élévation compliquent les phénomènes
relatifs aux limites des plantes. C'est ce que j'essaierai de faire en m'appuyant
tantôt sur les faits, tantôt sur des considérations déduites de lois
générales.,
ARTICLE IL
NATURE DES LIMITES EN ALTITUDE ET MANIÈRE DE LES CONSTATER.
Les limites des plantes sur les montagnes sont appelées supérieures et
inférieures, mais le sens de ces mots n'est pas aussi précis qu'on pourrait
le croire. Pour les bien comprendre, envisageons successivement chacun
d'eux, et parlons d'abord des limites supérieures.
Il arrive assez souvent qu'une espèce vers le point le plus élevé de sa
limite se développe imparfaitement. Si la plante est une herbe, ses fleurs
et ses fruits se développent mal et manquent dans certaines années. Si c'est
une plante ligneuse, elle est dans l'état qu'on appelle rabougri ; les arbres
deviennent des buissons, les.arbustes des arbrisseaux rampants. Il est
assez naturel de ne pas considérer comme constituant la limite ces pieds
rabougris, ordinairement impropres à la reproduction de l'espèce. La plupart
des auteurs les excluent, et avec raison.
Mais en se bornant aux pieds d'une venue ordinaire, donnant dans la
moyenne des années leurs fleurs et leurs fruits, il reste encore assez de latitude
dans la fixation d'une limite. Selon l'exposition, la sécheresse du terrain,
sa profondeur, la violence du vent et d'autres causes peut-être, la limite
est un peu plus ou un peu moins élevée. Même en considérant une exposition
uniforme, il y a des différences d'un point à l'autre, sur une même
montagne, surtout sur une chaîne de montagnes un peu étendue. On
trouve un maximum, ,Mn minimum, on peut estimer plus ou moins exactement
une moyenne. Les observations des voyageurs sont rarement assez
nombreuses pour que l'on puisse en conclure ces trois données relativement
NATURE DES LIMITES EN ALTITUDE ET MANIÈRE DE LES CONSTATER. 251.^
à une même espèce et cela dans,chaque exposition, ou au moins des deux
côtés nord et midi. Plusieurs écrivains, et des plus exacts^ ont négligé d'indiquer
les expositions, soit à cause des modifications qu'elles présentent,
soit parce qu'ils considéraient faussement tout un versant d'une chaîne
rie montagnes comme ayant une même exposition, tandis que du côté septentrional
des Alpes, par exemple, il y a souvent des pentes tournées au
midi. On doit éviter cette cause d'erreur. Il faut ensuite pour des expositions
semblables s'attacher-surtout aux moyennes et aux maxima. L'une
et l'autre de ces données à son intérêt. Les limites moyennes correspondent
aux causes physiques moyennes, dont les observations thermométriques
et udométriques peuvent donner la mesure. Elles sont plus dégagées des
causes locales et accidentelles; par conséquent elles sont mieux comparables
d'une chaîne de montagnes a une autre. Les maxima ou extrêmes
ressemblent davantage à la nature des limites polaires, car celles-ci sont
tracées par les points les plus avancés où les Flores locales indiquent
une espèce.
En fait, la plupart des auteurs ont voulu donner, ou ont . donné, des
limites moyennes, et s'ils ont indiqué des maxima, ils ont eu soin de le
dire. La manière même, dont on détermine les limites conduit à des
moyennes plutôt qu'à des extrêmes. On gravit les montagnes ordinairement
par un ou deux sentiers, et il est rare que les points extrêmes des
espèces se trouvent précisément sur le chemin des voyageurs. Il faut multiplier
les excursions et les mesures, pour pouvoir obtenir. de vraies
moyennes. Du reste, lorsqu'on croit donner un maximum, on est quelquefois
plus près qu'on ne pense d'une moyenne. S'il s'agit d'une plante herbacée,
la petitesse delà taille peut faire que l'on ne voie pas des individus
situés à une hauteur plus grande. S'il s'agit d'arbres, la main de l'homme
et la dent des animaux ont souvent fait disparaître des individus ou même
des forêts situées à l'extrême limite. Enfin, lorsque la montagne dont il
s'agit est peu étendue, les maxima sont probablement, dans leur nature
intime, plutôt des moyennes que des extrêmes, car si la montagne avait
oiîert plus d'espace, les causes accidentelles qui relèvent les limites se
seraient mieux manifestées et auraient amené quelques habitations plus
élevées. Cela est vrai, surtout des espèces ligneuses, qui ont de la peine à
se maintenir quand elles ne sont pas disposées par masses et sur un long
développement.
Je regarderai donc dans ce qui suit les limites supérieures comme
moyennes : lorsque les auteurs le disent expressément; 2" lorsque
ces limites résultent de la moyenne de plusieurs déterminations et surtout
de plusieurs localités; 3" lorsqu'il s'agit d'espèces difficiles avoir; lorsil!
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