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/i76 M L'AIRE DES ESPÈCES.
comme quelque chose de clair, de bien déterminé ; mais dans ce sens il y
a autant de régions que d'espèces. On voit la difficulté d'adopter des
termes précis, lorsque les faits sont susceptibles de points de vue différents,
et que les bases mêmes sur lesquelles on peut s'appuyer pour coastruire
les termes sont variables ou contestées.
Je renonce, en conséquence, à l'emploi de mots techniques pour exprimer
l'aire des espèces. Je le fais d'autant plus volontiers, que fort heureusement
les expressions ordinaires du langage suffisent pour caractériser
tous les faits, sans obscurité, ni longueurs.
ARTICLE IL
MÉTHODES POUR CALCULER L'AIRE DES ESPÈCES.
Le seul procédé rigoureux serait d'étudier chaque espèce, une à une,
comme je l'ai fait pour étudier les limites, et de calculer la surface après
avoir tracé sur la carte une circonscription d'espèce. On voit aussitôt combien
ce procédé serait long, même pour quelques espèces. Il deviendrait
impraticable pour un nombre un peu élevé. Les limites, en effet, sont
difficiles à constater dans les pays les plus connus; les surfaces ne sont
pas faciles non plus à établir, surtout quand il s'agit d'archipels, ou quand
les limites sont sinueuses. Il a donc fallu chercher des moyens approximatifs
d'estimer et de comparer les surfaces d'habitations.
Le premier moyen employé a été celui de M. Robert Brown, lorsqu'il
énumérait les espèces de la Nouvelle-Hollande communes avec l'Europe
(a), et qu'il faisait remarquer dans cette liste une prédominance de
certaines catégories d'espèces. Lorsque la même plante se trouve dans des
pays aussi éloignés, sans un transport connu ou probable, cette plante doit
avoir vraisemblablement une grande extension. Il serait possible, à la
vérité, qu'elle existât seulement dans les deux pays, ou dans une bande
étroite joignant les deux pays, mais ces cas sont excessivement rares. On
peut parier cent contre un, que l'espèce existe dans d'autres pays,
de côté et d'autre des régions éloignées où elle a été trouvée. La preuve
en est dans mes calculs sur les espèces à habitations très allongées
(p. /il6), et dans les recherches dont je parlerai plus bas sur les
espèces à aire disjointe. La comparaison du nombre d'espèces communes
à deux pays plus ou moins distants est donc un assez bon moyen d'appré-
(a) General remarks, etc., p. 58 et suiv., 1814.
MÉTHODES POUR CALCULER L'AIRE DES ESPÈCES. /|77
cier l'aire relative des espèces appartenant à diverses classes ou familles.
Le second procédé consiste à compter dans les flores et dans les monographies
les espèces indiquées dans le domaine de la flore, c'est-à-dire dans
un seul pays, et le nombre des espèces qui sont données comme existant
aillem^s, c'est-à-dire dans plusieurs pays. Il est évident que la première
catégorie d'espèces a une aire plus restreinte que l'autre, et, suivant le
nombre relatif des d-eux catégories, on peut en conclure quelque chose de
rétendue relative des espèces qu'on a envisagées.
Le troisième moyen consiste à diviser la surface terrestre en un certain
nombre de régions, aussi clairement limitées que possible, puis de voir les
espèces qui sont propres à une seule région, celles qui existent à la fois dans
deux, dans trois, ou dans un plus grand nombre de régions. Il faut pour cela
dresser des tableaux où chaque colonne indique une région. Ensuite on
emploie les ouvrages généraux et les monographies pour classer chaque
espèce dans sa région, ou dans les diverses régions où elle est indiquée. Il
est nécessaire, dans ce travail, de conserver toujours la même subdivision du
globe, sans s'inquiéter des défauts qu'on lui trouve, et de classer les espèces
d'une même famille ou d'un même genre d'après un seul ouvrage, même
quand il paraît incomplet ou inexact. De cette manière les erreurs se répartissent
uniformément et les comparaisons peuvent s'établir. Les découvertes
ultérieures changent assez peu les résultats, car si elles ajoutent beaucoup
de localités nouvelles aux espèces très répandues, elles ajoutent aussi
des espèces à aires restreintes qui n'étaient pas connues auparavant, et la
proportion doit demeurer à peu près la même. Sous ce point de vue, de
proportions, il n'est pas très important que les régions adoptées soient
bien égales entre elles. Cependant cela vaudrait mieux, et il en résulterait
surtout qu'on pourrait mieux estimer l'aire de chaque espèce considérée
isolément. Supposez 50 régions: l'espèce qui aura été trouvée dans une
seule sera censée occuper 1/50® de la surface terrestre. Ce sera peut-être
une grande erreur, si elle est restreinte à une petite partie de la région, ou
si la région forme beaucoup plus ou beaucoup moins de la cinquantième
partie de la surface terrestre, mais avec une certaine masse de faits, les
erreurs se compensent, comme nous le verrons plus tard.
On pourrait approcher davantage de la vérité en estimant l'étendue des
diverses régions, et en multipliant le nombre de régions où se trouve chaque
espèce par le chiffre qui représente l'étendue. Cela complique beaucoup
les recherches, et les résultats ne sont pas fort différents, à cause précisément
de la compensation des erreurs les unes par les autres, dans la simple
énumération des régions.
Le dernier procédé, le moins exact, mais le plus rapide, consiste h
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