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3/iS nKLÍMITATION DES ESPÈCES.
[jpsal el ilaiis la Laponie, près d'Énonlekis, il faut iiécessairemenl que la
lempérature moyenne de l'air alteigne 8° ceiilig. pour que l'Orge puisse
être semée, et plus loin : « Lorsque dans un pays, la température moyenne
des trois mois d'été n'atteint pas 8°,5, l'Orge peut se contenter de 7° à
de moyenne, si cette lempérature se prolonge. » Un coup d'oeil rapide jeté
sur le tableau qui précède, montre combien la condition de 8°,5 de
moyenne estivale est illusoire, même dans les pays que Wahlenberg'connaissait
le mieux. M. de Humboldt ( / ' r o / e ^ . , p. lvi) fixe pour condition
une moyenne d'été comprise entre 11" et 12°, lors même que la moyenne
de l'année descendrait à—2°. Le tableau qui précède ne laisse pas d'oifriiquelques
exceptions à ces chiffres.
M. Kupffer (a), dans un travail spécial sur le sujet, après avoir indiqué
les moyennes mensuelles de température aux environs de la limite des
céréales en Russie, s'exprime ainsi : « C'est surtout la température du
printemps et de l'automne qui influe sur la culture des céréales ; c'est
effectivement dans cette saison que tombent les deux périodes de l'année
les plus importantes pour la culture, celle de la récolte et celle de l'ensemencement...
Yakoutzk (b) et Bogoslovsk sont placés hors de la limite des
céréales, quoique l'été, à Yakoutzk, soit plus chaud, et celui de Bogoslovsk
aussi chaud que celui de Moscou ; c'est que la température de l'automne
n'y est pas assez élevée ; il faut 7» R. 8°,75 c.) pour la température
moyenne du mois de septembre, et l 2%5 (15,62 c.) pour celle du
mois d'août. Archangel semble faire une exception; mais l'intérieur du
pays a probablement une température d'été plus élevée. » — D'après le
tableau, la double condition de 8°,75, au mois de septembre, et 15^^,62
en août, manque aux îles Féroé, à Alten, à Uleo et à Yakoutzk.
M. Ch. Martins (Végét. Feroë dans Voy. de la Recherche, p. 388) a
adopté le point de vue de M. Kupffer. Il raisonne, veux-je dire, de la même
manière, en ajoutant diverses considérations dignes d'intérêt. » La chaleur
de l'été serait suffisante en Islande, car elle est sensiblement la même
qu'aux îles Feroë et Shetland, et supérieure de près de 2" à celle d'Pllvbaken
(près d'Alten). C'est évidemment la constitution atmosphérique du
printemps et de l'automne qui empêche la maturation des céréales : le
printemps, en retardant la croissance du chaume ; l'automne, en empêchant
le développement de la fécule dans les grains, qui restent toujours
remplis de sucs aqueux. Mais, dira-t-on, le printemps et l'automne d'Klv-
{a) Note relative à la température du sol et de l'air à la limite des céréales, dans Bull
Acad. tmp. se. Pétersb., IV, n. 6 et 7, 1845.
LIMITES POLAIRES DES ESPÈCES CULTIVÉES. 3Zi9
baken sont encore plus froids ; cela est vrai : mais à Elvbaken, les pluies
sont moins fréquentes en été ; tandis qu'à Reykiavig, on compte 51 jours de
pluie de mai à septembre, on n'en trouve que 21 à Elvbaken dans le même
espace de temps (a). Aussi, en Islande, l'Orge pourrit, pour ainsi dire, sur
pied ; à Elvbaken, elle ne pourrit pas : seulement elle mûrit si incomplètement,
qu'on est obligé de la dessécher dans des fours. Si les maxima de
température ont une influence sur la maturation du grain, on peut ajouter
que les chaleurs sont plus fortes en Scandinavie qu'en Islande. Le maximum
moyen de l'été, à Reykiavig, est de 13°,93 ; il est de 22%19 à Elvbaken.
En outre, l'Orge y croît dans un sable quartzeux, relativement plus
sec et plus chaud que le sol détrempé de l'Islande. Elvbaken jouit d'un
autre avantage ; étant sous le 70<= degré, le soleil reste beaucoup plus
longtemps au-dessus de l'horizon pendant les six mois de la belle saison
qu'à Reykiavig, qui est sous le degré. Les plantes y sont donc
plus longtemps exposées à l'action bienfaisante de la lumière et des
rayons solaires, sous l'influence desquels s'opèrent les phénomènes de
la respiration végétale. » Suivent des réflexions relatives à la culture du
seigle, empruntées à M. Kupfi'er, et que M. Martins résume ainsi : « On voit
que, sous les méridiens les plus éloignés, tels que l'Islande et la Sibérie
orientale, c'est la constitution météorologique de l'automne et du printemps
qui fixe la limite de la culture des céréales, et non pas, comme on
pourrait le croire, la chaleur insuffisante des étés ou les froids rigoureux
de l'hiver. En Islande, ce n'est point la température trop basse du mois de
septembre qui bannit les céréales, car la moyenne de ce mois y est plus
élevée qu'à Nerchintsk et à Irkoutsk (6), c'est une cause toute diflêrente,
savoir la persistance des pluies, l'humidité du sol, et peut-être l'absence
de la lumière solaire, qui ne compense pas comme à Elvbaken, l'insuflisance
de son action calorifique. »
J'ai cité textuellement ces passages afin de montrer une fois de plus
combien la méthode des températures moyennes est incertaine. La coïncitlence
d'une culture avec une moyenne de l'été, ou de septembre, ou de tel
autre mois, n'estjamais qu'un hasard, et les règles qu'on essaie d'en tirer
sont démenties à chaque instant. Les auteurs avaient bien senti la nécessité
de combiner la durée des températures avec leur moyenne, en d'autres
termes, d'obtenir des sommes de température, pour avoir l'expression de
(a) Ces chiflVes, fondés sur huit années d'observations en Islande, et sur quatre à
Allen, sont peu certains. , , . . ,
(h) M Martins ordinairement très exact dans les détails, est tombe ici dans une petite
crrcm-, provenant de cc qu'il a pris les degrés indiqués par M. Kupflcr, au sujet de ces
villes de Sibérie, pour des degrés du Uiermonictre centésimal, taudis que M. Kupffer emploie
le thermomètre de lléaumur.
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