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39() DELlMlTATfOiN DES ESPÈCES.
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ItÉSUMt: DES CONDITIONS DK TEMPÉRATURE DK PLUSIEURS ESPÈCES.
KSPKCES.
Org-es (Hortlei spec.)
Aquilegia vulg-aris
Racliola linoidcs
Rliainiiiis Fi-angula
Fraxinus excclsior
Ilex AqiiifoIiLini
Fagus sylvatica
Den laria bulbifera
Malva'nioschala
Hiilchinsia petrosa
Evoiiyinus europi"eus
Alyssum calycinuin
Dianthus oarthusianoriim . . . .
Saponaria vaccana
Sedum Cepoea
Viijiic
Maïs
Campanula Erinus. . . . . . .
Chamcerops huuiilis
Atractylis cancellata
Mesembryanthemum nodiflorum.
Succowia balearica
Daliier (pour fruits)
vivace
ou
ligneuse.
a.
V.
a.
I.
1.
I.
1.
V.
V,
a .
1.
a .
V.
a .
' LIMITE EXTRÊME EN EUROPE, WINIMUM SOMME
^ do ìx partir
Pays. Latitude. temp, utile. du minimum.
Norwég'e. 70« 5" 4250''
Id. 63 5 1960
Id. 63 6 4900
Id. 62'1/2 à 63 5 a7 1980 à 1815
Id. 62 1/2 5 1980
Id. 62 4/4 7 1830
Td. 60 4/2 5 2500
id. 60 8 2400
Suède. 50 7 2485
Id 59 2? 2450?
Norwegc or. 59 5 2600
Ecosse or. 57 6 2450
Kussie. 55 6 2500
Pnisse. 5/i •1/2 7^18? Hollandc. 2300 à 2230? 53 7 3000 à 3500
Allcniag-ne. 52 4/4- 10 , 2900
Id. 51 4 3 2500
France occ. •47 12? 3000?
Nice. 43 2/3 49 2700 à 3000
Id. 43 2/3 I5à46 3000 à 4000
Dalmatie. 43 9 4/2 5730
Sardaigne. 41 H? 5800
Espagne.' 39 1/2 48 5100
Les espèces qui s'arrêtent dans la région méditerranéenne demandent 9°
à 19° pour végéter, et 2700° à 5800° de somme à partir du minimum nécessaire
; les espèces qui s'arrêtent en France et en Allemagne exigent 7"
à 13° et 2200° à 3000° de somme; celles qui s'arrêtent plus au nord demandent
(sauf une exception douteuse), 5° à 8° et 1250° à 2600° de somme
à partir de leurminimnm. Sous ces latitudes boréales, on remarque assez
d'uniformité dans le minimum, et il est fort douteux qu'aucune plante
végète quand la moyenne est inférieure à 5°, mais les sommes exigées
continuent à diminuer. Elles deviennent très faibles au delà du 60" degré,
probablement à cause de l'allongement rapide des jours d'été, qui donne
par l'action chimique de la lumière une compensation à la faible chaleur
de l'atmosphère.
Bien des réflexions se présentent sur le simple exposé de ces faits, dans
lequel, à vrai dire, on touche aux questions les plus délicates et les plus
abstraites de la physiologie végétale.
Et d'abord, il n'existe pas sous chaque degré de latitude, ou sur certaines
lignes analogues, des conditions de nature à arrêter uniformément
plusieurs espèces, en raison de moyennes ou de sommes de température. Le
principe des limites est bien plutôt dans les plantes elles-mêmes, c'est-à-
Si;n LES MINIMA ET LES SOMMES DE TEMPÉRATUllE INÉCESSAIIIES. 397
(lire dans la manière dont chaque espèce exige ou supporte certaines conditions
assez corapli(iuées de température. La preuve en est que, dans
cliaque partie de l'Europe, s'arrêtent des espèces, dont l'une demande un
certain degré pour commencer à végéter, l'autre un degré un peu plus fort
ou plus faible, et dont l'une exige une somme de chaleur, l'autre une
somme difl'érente, sans parler des autres causes de délimitation, telles que,
par exemple, les froids excessifs de l'hiver. Dans cette combinaison de circonstances
physiques et physiologiques, la part principale est à la nature intime
de chaque espèce. On ne pourrait pas tracer sur la carte d'Europe des lignes
d'égale végétation, comme le désirait un savant botaniste-géographe (a),
ou du moins, il faudrait autant de lignes que d'espèces; mais on pourrait
classer les espèces en catégories physiologiques, les unes profitant de toute
température de 5°, les autres de toute température de 6" ou de 7°, etc., et
ces catégories se subdiviseraient, suivant "les sommes exigées au-dessus du
minimum. La possibilité de vivre ensemble, pour deux ou plusieurs
espèces, résulte de ces combinaisons essentiellement physiologiques.
Maintenant, jusqu'à quel point les conditions de minimum et de somme
de température sont-elles constantes et inflexibles pour chaque espèce?
Voilà le point où l'on entre tlans la question si délicate des modifications de
l'espèce, qui devra se présenter plusieurs fois dans la suite de cet ouvrage.
En général, les espèces et leurs lois physiologiques varient peu, ce dont la
permanence habituelle des limites géographiques est une preuve ; cependant,
il m'est impossible de voir dans les minima et dans les sommes
exigées quelque chose d'absolument fixe, comme le sont, par exemple, les
conditions des phénomènes purement physiques ou chimiques. Un métal
entre en fusion à une température déterminée, mais une espèce commence à
végéter lentement sous un certahi degré du thermomètre, et elle se comporte
difl'éremment, selon les circonstances antérieures qui ont modifié
son état. La même température qui détermine la sortie des feuilles au printemps
laisse la plante inerte en automne, et même il est probable que certaines
températures au printemps n'agissent pas toujours précisément de
la même manière sur la rnême espèce. J'ai cité souvent les observations de
M. Heer sur la végétation de plantes d'Europe et des États-Unis, cultivées à
Madère (p. 238). J'y reviens encore, car c'est un exemple bien propre à
susciter des réflexions. Au premier coup d'oeil il paraît une preuve sans
réplique de l'action diverse de températures semblables, mais en scrutant
on découvre que son véritable sens n'est pas contraire à la fixité des
espèces. Je choisirai, parmi les plantes dont parle M. Heer, la Vigne et le
fa) M. Grisebacli, Gmtian, p. 33,
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