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DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
d une espèce dans un pays au climat probable de ce pays, ou de certaines
moyennes thermoinétriques, à la possibilité de naturaliser une espèce. Sur
un ensemble de plusieurs espèces et avec des moyennes thermométriques
et udometriques mensuelles, on risque moins de se tromper; mais alors
1 emplw de ces procédés de comparaison n'est pas à la portée de tout le
monde et exige une certaine habitude des méthodes scientifiques.
SECTION m.
LIMITES EN ALTITUDE DES ESPÈCES SPONTANÉES.
ARTICLE PREMIER.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
Pour peu que l'on examine la végétation des montagnes, on s'aperçoit
d une succession des espèces à différentes hauteurs. Les unes commencent
a une certame élévation, d'autres s'y arrêtent, de telle manière qu'en armant
à une hauteur un peu considérable, la majorité des espèces se trouve
differente de ce qu'on voyait au pied de la montagne. Si l'on compare ensuite
avec des pays plus au nord, on reconnaît bientôt ce grand fait que
la plupart des espèces ont deux habitations, l'une sur les montagnes
autre en plaine, dans une région plus septentrionale, de telle sorte que
1 ensemble des conditions physiques offre une certaine analogie dans les
deux localités.
L'étude de ce phénomène a donné lieu aux recherches les plus intéressantes
de géographie botanique. On pourrait même croire qu'il a été
envisagé comme la base de la science, car MM. de Humboldt (a), de
Candolle et Wahlenberg (c), l'ont traité d'une manière toute particulière
dans leurs ouvrages et lui ont donné plus de développement qu'à
aucune autre partie de la botanique géographique. En lisant les écritLe
ces fondateurs de la science, et ceux où MM. de Buch, Ramond, puis
MM. Heer Martins et autres naturalistes, ont envisagé les mêmes questions
incidemment ou directement, on est frappé de la quantité de docuauteur.
^"luiiieies, et les ouvrages subséquents du même
LIMITES EN ALTITUDE. 24 9
menls qui s'y trouvent et des comparaisons ingénieuses qui en résultent.
Cependant au milieu de tous ces faits il y a quelque confusion. On voudrait
des lois générales, et Ton trouve plutôt des groupes de faits concernant telle
ou telle chaîne de montagnes, telle ou telle catégorie de plantes. La cause
de cette imperfection me paraît être dans la marche historique de la
science. On a malheureusement abordé d'emblée l'un des problèmes les
plus compliqués, les plus difficiles. Avant d'étudier l'influence de la hauteur
du sol sur les végétaux, il aurait fallu connaître parfaitement leur
mode de distribution dans les plaines, où les causes sont moins variées et
moins difficiles à constater. Une montagne est comme une suite de degrés
de latitude condensés sur eux-mêmes, où les phénomènes physiques et botaniques
se rapprochent. De là viennent précisément les obstacles. Les
limites d'espèces sont difficiles à constater, à cause de la fréquence des
transports de graines à des distances de quelques pas, et de toutes les
anomalies locales. Les causes agissantes sont plus nombreuses que dans la
plaine, car, outre la température et l'humidité, il y a la persistance des
neiges, peut-être la densité de l'air, la fréquence des brouillards et la nature
du sol plus particulière, moins variée, sur une montagne que dans
mie grande étendue de pays. Les observations thermométriques et udométriques
sont rares à chaque hauteur et dans les diverses régions montueuses.
En Suisse, par exemple, il n'y a au-dessus de 600 mètres que
deux points dont les moyennes mensuelles de température soient certaines
(o). Pour les autres degrés d'élévation, dans ce pays où la direction
des vallées, l'exposition, le rapprochement des neiges éternelles, etc., ont
tant d'importance, il faut suppléer par des calculs approximatifs, au moyen
de formules vraies en général, mais plus ou moins fausses dans chaque
cas particulier. Les données sur la répartition des pluies à différentes
hauteurs manquent bien plus encore, et il est beaucoup plus difficile à
leur égard d'appliquer à une localité ce qui a été observé dans une autre.
Ainsi, pour apprécier l'action des causes physiques sur les plantes à diverses
élévations, on manque de bases certaines dans les pays les mieux
connus; en même temps les limites des espèces en altitude sont difficiles à
constater, et les causes par lesquelles on voudrait les expliquer sont bien
plus incertaines encore. De là tant de confusion, tant d'obscurité.
La marche que j'ai suivie me semble devoir être plus sûre. La distribution
des espèces dans les plaines d'un même continent tient, presque
uniquement, aux modifications de température et d'humidité. Ces deux
causes nous venons deles étudier au moyen d'une foule d'observations po-
(a) Le Saint-Gothard et le Saint-Bernard.
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