VI PRÉFACE. PREFACE. VII
français (a) contiennent beaucoup de détails de géographie botanique
et agricole. Tous ces travaux devaient être couronnés par un
grand ouvrage, intitulé : Statistique botanique et agricole de la
France, qu'il a pu seulement ébaucher, et dont le plan a été maintes
fois l'objet de conversations entre nous, d'instruction et de réflexions
pour moi en particulier. Certainement, l'étude et le progrès général
des sciences ont bien changé mes idées depuis cette époque. J'en suis
étonné, lorsque je compare le livre actuel avec les écrits de mon père
sur les mêmes sujets. Cependant, j'estime être demeuré fidèle à son
école, et je lui rends grâces de tout résultat heureux auquel j'ai pu
arriver, si j'ai conservé certaines dispositions tirées de son exemple et
de ses conseils, entre autres le goût de rechercher les bonnes méthodes,
l'antipathie des choses obscures, et une sorte de culte pour la vérité,
placée fort au-dessus de notre propre réputation, belle en elle-même,'
indépendamment de toute conséquence possible ou probable.
La géographie botanique n'est pas née tout à coup, dans les premières
années du siècle actuel, comme on l'a dit quelquefois. Linné
avait eu des idées ordinairement très justes (è), parfois bizarres et
erronées (c), sur cette branche de la botanique. Gmelin (d) avait
émis des opinions hardies pour l'époque et plus fondées que celles
de Linné, touchant les origines des espèces. Néanmoins, pour que
la géographie botanique pût prendre son essor, il fallait que les
voyages se fussent multipliés, que la connaissance des climats fût
devenue plus réelle, surtout que la méthode de classer les végétaux
d'après leurs rapports véritables permît d'examiner la distribution
des grandes divisions du règne et des familles dans les différentes
contrées de la terre. Les sciences n'arrivèrent à ce degré de perfection
cj[ue vers les premières années du xix" siècle.
Trois hommes contribuèrent alors puissamment k agrandir et à
consolider la géographie botanique : MM. de Humboldt, de Canclolle
et Robert Brown. Î1 est curieux de voir combien ils suivaient, à
l'origine, des inspirations différentes, selon leurs études spéciales'et
les pays qu'ils parcouraient. M. de Humboldt se montrait surtout géographe
et physicien (e) ; de plus, grâce à une combinaison de facultés
(а) Mém. Soc. d'agric. du départ, de la Seine, in-8, vol. VIII à XV années 1808 à
1813. Des exemplaires tirés à part ont été réunis en un volume Paris 1813
(б) Flora Lapponica, 1737; Flora Suecica, 1745; Colonioe plantàrum, dans Amoenitates
acad., VIII, p. 1. '
(c) De telluris incremento, dans Amoenitates acad., XI, p. 430.
(d) Flora Sibirica, proefatio, p. ex, 1757.
(e) Essai sur la géogra.pMe des plantes, in-4. Paris, 1805, ou 1807, selon les exemplâir6S
»
extrêmement rare, il sut peindre en véritable poëte la belle végétation
des pays équatoriaux (a). De Candolle s'attacha aux plantes d'Europe
et aux rapports qui existent entre Tagriculture, la botanique
et les conditions extérieures. Enfin, M. Robert Brown, partant également
de réflexions profondes sur la méthode naturelle, qu'il appliquait
le premier aux formes bizarres de F Australie (6), fixa son
attention sur la distribution des classes et des families, et sur les
proportions relatives de leurs espèces dans des régions différentes (c).
Peu après, à l'occasion de plantes recueillies en Afrique (¡i), il ouvrit
la voie, avec une sagacité remarquable, à certaines recherches sur
Torigine des plantes cultivées, sur les transports par les courants,
et sur les espèces communes à plusieurs régions équatoriales.
Par tous ces travaux, si variés, si ingénieux, la géograpliio botanique
avait grandi tout à coup dans plusieurs directions, mais elle
se trouvait composée de fragments épars. On sentit le besoin de les
grouper, et ce furent en partie les mêmes écrivains qui donnèrent
des résumés plus ou moins étendus.
Les Prolegomena de M. de Humboldt sont de 1815 {é). lis renferment
une quantité considérable défaits de géographie physique
et boianique. L'article du Dictionnaire des sciences naturelles, intitulé
GÉOGRAPHIE BOTAXÎQ^E, par de Candolle, en 1820, est un autre
résumé, sous un point de vue plus spécialement botanique. Enfin,
en 1822, un savant danois, d'un jugement toujours sûr, aussi exact
dans les faits que profond dans les théories (f)^ Fréd. Schouw, publia
un véritable traité de géographie botanique, à la fois dans sa langue
et en allemand (¿f). Cet ouvrage, n'ayant été traduit malheureusement
ni en anglais ni en français, ne fut connu d'une manière générale en
Europe que plusieurs années après sa publication, et alors les découvertes
multipliées, qui se faisaient lui donnèrent aussitôt une apparence
de vétusté.
Dans la période de 1825 à 1835 il parut, en ellet, une multitude
de flores, de voyages, de monographies et d'arlicles de journaux
qui contenaient de nouvelles données de géograpliie botanique.
(a) Tableaux de la nature (édit. allem.), 1808.
{b) Prodromtcs floroe Novoe-ffollandioe, 1 vol. in-8, ISiO.
(c) General remarks on the Botany of Terra Australis. Londres, 18U'.
Observations on the herbarium collected by C. Smithy in the Congo^ broch. in-4.
Londres, 1818.
(e) Prolegomena, en tête du grand ouvrage intitulé : Nova genera et species, etc., in-4.
i f ) De sedibus plantarim originariis, Hafnioe, 1816.
{g) Grundzilge einer allgemein Pflànzengeographie, i vol. in-8, avec atlas in-folio.
Berlin, 1823. L'édition en danois est de 1822.