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DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
s'il est vrai que la pluie augmente en général vers les régions montueuses
et sur les montagnes, comparativement aux plaines, rien ne prouve que
selon la hauteur, sur une même montagne, la pluie augmente en proportion
de l'élévation. Autant que l'on peut en juger par des séries peu étendues
et peu nombreuses d'observations, tout est irrégulier et dépendant des
localités dans ce phénomène des pluies autour et sur les régions montueuses.
De là, sans doute, une grande diversité dans les limites d'espèces
d'une montagne à l'autre, et d'une chaîne de montagnes à des pays du
nord ayant une température analogue.
Cette diversité atteindra fortement les espèces qui sont réglées par le
degré d'humidité, plutôt que celles influencées par les conditions de chaleur.
Elle portera tantôt sur les limites supérieures, tantôt sur les inférieures.
Comme les limites polaires sont ordinairement réglées par la température
et que les sommets de montagnes sont fréquemment humides et
froids ainsi que les pays du nord, il est probable que les limites supérieures
ressembleront souvent aux limites polaires. Au contraire, les limites équatoriales
étant réglées ordinairement par la séch,eresse, et le bas des montagnes
étant presque toujours humide, il est vraisemblable que les limites
inférieures sont assez différentes des limites équatoriales.
§ If. TEMPERATURE UE L'AIR.
La terîîpérature diminue avec l'élévation, mais rien ne peut faire penser
qu'elle agisse sur les plantes d'une autre manière que dans les plaines.
Ainsi, la chose essentielle sera toujours de considérer la somme de chaleur,
entre les deux époques où la moyenne dépasse un certain dçgré nécessaire
à la végétation de chaque espèce. Les moyennes mensuelles permettent de
calculer approximativement ces sommes de chaleur, mais il y a malheureusement
bien peu de localités, dans chaque pays montueux, où l'on connaisse
les moyennes de température par mois. Dans les pays intertropicaux
les températures de l'année, des saisons et des mois, ont entre elles des
relations plus constantes qui permettent d'apprécier les unes par les autres.
D'ailleurs, si le thermomètre y descend quelquefois à des températures où
la végétation se trouve suspendue, ce n'est que dans des régions extrêmement
élevées. Dans ces pays équatoriaux, les moyennes de saisons, et
même les moyennes annuelles, peuvent servir de mesure de la chaleur à
l'égard des plantes, sur les montagnes comme en plaine, sans qu'il soit
nécessaire de recourir à des calculs plus ou moins compliqués. En Europe,
au contraire, et dans des pays analogues, il faut absolument, pour appré-
LIMITES SUPÉRIEURES ET INFÉRIEURES DES ESPÈCES. '255
cier un climat de montagnes, tenir compte de la courbe de la température
pendant la durée de la végétation.
C'est ce que Wahlenberg (a) a introduit heureusement dans la science,
mais il a supposé que la végétation commence pour toutes les plantes
à 4- 8". Cette hypothèse ne se réalise que rarement, surtout dans les régions
froides. Le chiffre doit varier d'une espèce à . l'autre, et de là une
immense difficulté dans le calcul des températures utiles à chaque plante.
Nous avons vu comment on peut surmonter cette difficulté pour les plaines
de l'Europe, grâces à la multitude de points dont les moyennes mensuelles
sont connues : on part de l'hypothèse que chacun des degrés considérés
isolément est la température initiale nécessaire, et l'on découvre enfin, en
étudiant les températures dans le voisinage de la limite, le chiffre le plus
probable pour chaque espèce. Dans les montagnes, ce procédé n'est pas
applicable avec, exactitude, vu le petit nombre des termes de comparaison
bien constatés et des localités dont la courbe de température est connue.
On devra donc se borner à des comparaisons d'une vérité approximative,
fondées sur des lois générales.
En effet, pour suppléer à des observations directes à chaque hauteur,
les physiciens ont calculé le décroissement moyen de la température dans
différentes chaînes de montagnes. Cela varie selon les mois de l'année, du
moins hors des pays équatoriaux. D faut donc tenir compte ^es mois,
surtout de ceux de l'époque de la végétation. De plus, la position des montagnes,
leur groupement ou leur isolement, et d'autres circonstances influent
sur la loi de décroissement. Examinons sous ce point de vue les
montagnes les plus faciles à comparer. Ce ne sera guère que celles d'Europe,
et au surplus les limites des espèces en altitude sont presque toujours
inconnues ou mal précisées dans les autres parties du monde.
On possède peu de renseignements sur le décroissement de la température
en altitude dans la région arctique européenne. Les savants de l'expédition
française vers le nord ont trouvé, par des observations faites au Spitzberg
(lat. 77° 30'), au mois d'août 183.8, pendant quatre jours, de
demi-heure en demi-heure, un décroissement de pour 172.mètres (6). La
différence de hauteur des stations était de 560 mètres. D'après cette expérience,
fort isolée il est vrai, la loi de décroissement serait assez semblable
à celle des régions tempérées, du moins pendant la seule saison qui nous
importe, celle de l'été.
Dans, les. montagnes de la Silésie, sous le 51" degré de latitude, il y a
(а) Helv., p. Lxxv.
(б) Ch. Martins, Cours de météor.