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RÉPARTITION DES INDIVIDUS DANS L'HABITATION DE L'ESPÈCE.
lien sablonneux, et là existent le bouleau, le Luzula albida et autres espèces
des sables, comme dans les sables siliceux. Le Jura est d'un calcaire compacte;
mais on trouve dans les endroits où le terrain est devenu très meuble,
des plantes caractéristiques des terres siliceuses, par exemple sur les débris
de mortiers, autour des charbonnières et dans les tourbes. On peut
objecter que les sols ainsi comparés ne sont pas identiques au point de
vue chimique, à cause de l'addition de magnésie, de carbone, de tannin,
dans ces diverses localités ; cependant ces observations ont de la valeur.
Je n'ai pas eu l'occasion d'en faire moi-même et je n'en découvre aucune
autre dans les auteurs.
Le dernier procédé est de suivre les espèces qu'on dit propres à certaines
natures de sol et de voir si partout elles lui sont fidèles; c'est aussi
de voir les espèces qu'on assure exclues de certains sols et de chercher si
dans tous les pays il en est de même. Les qualités chimiques d'une substance
sont invariables; mais les qualités physiques dépendent en partie
du climat, de l'état de désagrégation ou de mélange dans telle ou telle localité,
peut-être de la nature des eaux qui pénètrent dans le terrain. On voit
que la comparaison de diverses localités ayant même sol minéralogique
avec des conditions diverses, sera très instructive. Ici les faits abondent, et
ils ne sont pas favorables à l'action des roches, au point de vue de leurs
qualités purement chimiques.
Le buis (Buxus) croît ordinairement sur le calcaire compacte; par
exemple, il est abondant sur le Jura ; cependant, on le trouve en abondance
aussi sur le schiste argilo-calcaire des Pyrénées, et il n'est pas exclu des
terrains granitiques de la Bretagne et des terrains volcaniques de l'Auvergne
(LIC., Diet, agrie., VI, p. 363, et Essai géogr. bot., p. 20) ; il
est indiqué par MM. Lecoq et Lamotte {Cat. pl. plat, centr. France,
p. 325) dans les lieux arides et rocailleux des terrains de gneiss, de micaschiste,
de calcaire jurassique, assez souvent sur le basalte, rarement sur
le granite.
Le Digitalis purpurea, en France, est une des plantes les plus fidèles aux
terrains siliceux et le plus constamment exclues du sol calcaire (Boreau,
Fl. cent. Fr., I, p. 21; Ch. des Moulins, Troisième mémoire, p. 15;'
Lecoq et Lamotte, Cat. pl. plat, centr. Fr..'p. 283); de même dans
l'Allemagne méridionale (Ehrard, Flora, ISZiO, p. 312); cependant, en
Angleterre, il est certain qu'il existe sur le sol calcaire (Conway, dans
Wats., Cyb., II, p. 216). M. Le Gall {Congrès se. à Rennes, V. I,
p. 61) en cite un exemple pour la Bretagnej et M. Graves m'a certifié la
présence sur calcaire en Picardie et sur la craie dans le département de
r()ise.
CAUSES LOCALES DÉTEHMINAÎNT LES STATIONS. /Í27
Le Châtaignier, dit-on, ne vient pas sur calcaire. Ceux que l'on a cru
faire exception aux environs du lac de Genève, soit près d'Evian, soit à la
Côte, soit dans le pays de Gex, ou à Salève, sont, j'en conviens, et je l'ai
vérifié moi-même, tous sur de la molasse qui forme des bancs ou des oasis,
quelquefois mélangés de carbonate de chaux, au pied de nos montagnes
calcaires. D'un autre côté, M. de Gasparin {Cours d'agric.^ I, p. 2ii8) cite
des châtaigniers, entre Nîmes et Alais, sur un sol calcaire. M. Bernard (de
Nantua)en a vu sur le calcaire jurassique, en Bresse, à Reviremont (/iw//.
soc,géoL,dn 20 décembre 18/i7, cité par M. Des Moulins, Troisième Mém.,
p. 6). M. Tlmrmann paraît en avoir vu aussi sur terrain calcaire (Essai
phylost.^ lî, p. 206), et dans les jardins dont le sol est en majeure partie
calcaire, on peut avoir des Châtaigniers sans leur donner un terrain particulier.
Le Tussilago Farfara est, dans le midi de l'Europe, l'une des plantes les
plus fidèles au sol argileux ; on le signale près de Gotlingen comme propre
aux sols calcaires (Link, FL Golt.^ p. /i2), et M. Mougeot l'indique
dans les Vosges, sur le grès rouge et le calcaire argileux {Siat, Vosg.^
p. 3/i5).
La fougère commune, dit M. Ch. Des Moulins, est tout à fait propre
aux localités où la silice domine; en vain, vous la chercherez sur d'autres
sols, et ceci est d'autant plus remarquable que l'espèce est vulgaire
(Troisième Mémoire sur les causes, etc.,p 29). Il s'agit, je suppose,
du Pteris aquilina, qui est la fougère commune du sud-ouest de la France
(La Terrade, FL />ori/. ; Borean, Fl. centr. Fr.) \ or des auteurs attentifs
aux stations minéralogiques ne lui attribuent aucun sol particulier
(Grabovvski, i^/. Ob. SchL p. 35(5 ; Godron, FL Lorr.] Furnrh., Siat.
Regensb,, p. 200; Thurm., Fssai pliyt. sur le Jura^ II, p. 276).
M. Mougeot {Stat. Vosg.^ p. 387) l'a indiquée sur tous les sols, et
nous savons, à Genève, qu'elle est commune sur le Jura, tout calcaire (Godet,
FL Jura).
M. Ch. Des Moulins cite le Rumex acetosella comme « la plante qui, de
l'aveu de tous, est peut-être la plus exclusivement silicicole et la plus irréconciliablement
ennemie de l'élément calcaire » (TroisièmeMémoire, p. 32).
Elle ne vient guère que sur des terrains légers, même sablonneux, dont le
calcaire offre peu d'exemples, non pas en raison de sa composition chimique,
mais de sa nature physique. Malgré cela, des auteurs très attentifs
à la station minéralogique des espèces n'ont pas remarqué d'exclusion pour
celle-ci (Grabowski, Fl. Ob. Schl. ; Thurm., Essai phgL ; Godron, FL
l o r r . ; Furnr . , 5/ar. Regensb.)^ et M. Mougeot l'indique dans le département
des Vosges sur toutes )e5 natures de so\(StaL Vosg.^ p. 365).
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