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m DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
iTianqiie à l'Ecosse, au Danemark et au nord-ouest de l'Allemagne, où les
cliiffres sont moins élevés. La somme de chaleur ne semble pas avoir d'inlluence
dans le cas actuel.
L'humidité ne paraît pas expliquer beaucoup mieux la limite méridionale.
A l'ouest, le Cotoneaster ne redoute pas une des localités les plus
humides des îles Britanniques, ni le climat de la Norwége, où il pleut
beaucoup; à l'est, il s'avance jusqu'en Ukraine, pays où la sécheresse de
l'été se fait déjà sentir avec force, à cause de la double circonstance du
petit nombre de jours de pluie et de la chaleur absolue de l'été. Si l'espèce
est limitée au sud-est par la sécheresse, pourquoi n'avance-t-elle pas
dans l'ouest jusqu'en France?Pourquoi manque-t-elle à une grande partie
de l'Allemagne et des îles Britanniques, où le climat n'est jamais sec? Si
elle est limitée par trop de chaleur, pourquoi n'avance-t-elle pas au moins
en Angleterre, en Danemark et dans le nord-ouest de l'Allemagne, où la
chaleur n'est pas aussi grande?
Le problème est donc insoluble dans l'état actuel des faits connus. Il
faudrait rechercher la manière de vivre de l'arbuste en question, et s'assurer
des causes qui lui sont nuisibles. On trouverait peut-être dans les
conditions de l'époque de la vernation ou de la floraison quelque circonstance
qui expliquerait la limite.
§ VI. CONCLUSIONS SUR LES CAUSES QUI PRODUISENT LES LIMITES ÉQUATORIALES.
On me blâmera peut-être de conclure d'après l'étude de huit espèces
seulement. Ce nombre, j'en conviens,n'est pas élevé; mais il est si difficile
de constater les limites équatoriales, et surtout les causes de nature à
les produire ; mes conclusions, d'ailleurs, sont si conformes aux prévisions
du simple bon sens, que je présume pouvoir les indiquer sans être démenti
par des observations subséquentes.
Dans les plaines du midi de l'Europe, surtout de la partie orientale, la sécheresse
de l'été est la cause qui arrête le plus souvent ces espèces dans la
direction méridionale. Ainsi, sur les huit espèces qui ont été examinées, il
y en a sept dont la limite équatoriale est en totalité, ou au moins vers le sudest,
déterminée par la sécheresse de l'été. La huitième espèce ne donne
pas un résultat contraire, mais les causes qui la régissent sont obscures.
Une humidité trop grande pendant quelques mois, arrête, dans certaines
directions méridionales, les Alyssum calycinum etDianthus carthusianorum.
Le nombre moyen des jours de pluie par mois exprime passablement le
degré d'humidité ou de sécheresse. Il faut cependant tenir compte de la
chaleur; ainsi sept jours de pluie par 9 à 10" de température moyenne
LIMITES ÉQUATORIALES DES ESPÈCES SPONTANEES 2/i5
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produisent à peu près le même eifet que dix jours par 18 à 19% et dans
un autre cas sept jours par 18 à W équivalent à huit jours par 22 à 23®
Les quantités de pluie ne donnent pas, en général, des indications qui concordent
aussi bien avec les faits.
On reconnaît rarement l'influence de la chaleur dégagée de la sécheresse.
Dans les huit espèces aucune ne paraît être arrêtée en un point quelconque
par des maxima absolus de température. La moyenne des mois d'été aurait
peut-être quelque influence. La somme de température au-dessus d'un
minimum nécessaire à l'espèce en a plus souvent, en particulier pour les
plantes annuelles et pour la limite de certaines autres plantes dans les directions
où la sécheresse ne se présente pas. Cependant les conditions de
température passent après celles de sécheresse et d'humidité.
Ce sont les espèces annuelles dont les limites équatoriales sont le plus compliquées.
Voici comment elles s'établissent : pendant une partie de l'année,
dans chaque localité, une température trop basse ou trop de sécheresse pour
l'espèce font obstacle au développement des graines. Il faut que dans la
période qui reste la somme totale de chaleur au-dessus du minimum propre
à l'espèce soit suffisante, et qu'en même temps la sécheresse et l'humidité
ne soient jamais trop grandes pour cette même espèce. L'étude attentive
d'une limite bien constatée, et des conditions extérieures le long de cette
limite, puis certaines comparaisons avec d'autres localités plus au nord, et
même avec la limite polaire, permettent de découvrir toutes les conditions,
savoir : l " l a température sous laquelle la végétation de l'espèce commence,
au moins avec une certaine activité; 2"^ la somme de chaleur au-dessus de
ce minimum qui lui est indispensable; 3° les degrés d'humidité, en plus et
en moins, qui lui sont nécessaires, ces degrés variant suivant les températures
qui accompagnent les pluies mensuelles. En un mot, il faut voir les
conditions de végétation entre les obstacles causés en hiver par le froid,
en été par la sécheresse, quelquefois peut-être dans deux saisons, s'il y a
dans le pays qu'on envisage deux saisons faisant obstacle.
Les espèces vivaces, et parmi elles se trouvent beaucoup de plantes alpines,
sont arrêtées vers le midi par des causes moins compliquées peut-être,
mais plus difficiles à constater. Deux d'entre elles ne figurent pas dans les
traités de géographie physique et doivent avoir quelquefois de l'importance ;
je veux parler de la température des eaux près desquelles peut se trouver
une espèce et de la durée de la neige.
Enfin les plantes ligneuses redoutant assez généralement la sécheresse,
leurs limites équatoriales sont plus fréquemment soumises à cette condition
unique.
Ces considérations reposent sur des faits étudiés en Europe et dans le
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