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7 0 KÈPAKTITION DES INDIVIDUS DANS L'HABITATION DE L'ESPÈCE.
doute qu'il en soit ainsi, réellement, parce qiie la Flore des îles Malouines
donne un résultat opposé, et surtout parce que la proportion des Cypéracées
et Graminées est difficile à estimer, les collecteurs ayant peu l'habitude
de les recueillir dans chaque localité d'un même pays.
2. Les Monocotylédoiies diffèrent entre elles au point de vue de la vul-
Sixrité plus que les Dicotylédones, car les Orchidées ne sont jamais très
comnmnes, et les Graminées le sont souvent.
3. Certaines familles oifrent dans les quatre Flores, ou du moins dans
les trois d'Europe, une proportion d'espèces communes au-dessus de la
moyenne. Ce sont les : Polygonées, Labiées, Scroplmlariacées, Borra-
(jinées. D'autres sont également au-dessus de la moyenne dans deux des
trois Flores au moins. Ce sont les Salsolacées (Chénopodées), Joncées,
Amentacées, Rosacées, Graminées, Renonculacées. La Flore des îles
Malouines conlirme la vulgarité habituelle des Gramiiiées. La fréquence
des plantes de ces familles étant un phénomène commun à divers pays, on
peut croire qu'il est indépendant du climat et qu'il provient surtout de conditions
organiques ou physiologiques. Les Joncées, Graminées et Polygonées
ont effectivement des moyens de propagation et de durée remarquables,
par le fait des souches vivaces et des ramifications souvent
radicantes. Quant aux autres familles, je croirais plutôt que les conditions
extérieures leur conviennent éminemment dans toutes les parties tempérées
de l'Europe. Si nous pouvions comparer avec des Flores tropicales,
nous verrions probablement que leurs espèces ne sont pas toujours des
plus communes.
/i. Les Orchidées et les LiKacées sont remarquables par le petit nombre
de leurs espèces communes en Europe. Malgré le nombre considérable des
Orchidées dans les pays chauds et humides, il est probable qu'en général,
chaque espèce de cette famille est peu commune. La difficulté avec laquelle
germent les graines suffit pour l'expliquer.
5. Ordinairement, les espèces très communes appartiennent à des familles
nombreuses en espèces dans le pays qu'on examine. Cette loi, cependant,
ne s'est vérifiée que dans deux Flores européennes sur trois et aux
îles Malouines.
6. Les espèces voisines de leur limite géographique ne sont presque
jamais communes dans un pays. On peut en inférer : que les individus
sont plus rapprochés vers le centre de l'habitation d'une espèce ; et que
-les espèces ayant une habitation restreinte, ne sont pas souvent communes
dans un point quelconque de leur habitation, et que, si elles sont comnuines
dans une localité, c'est dans une étendue fort petite. Les plantes
sociales conservent leur disposition jusque près de la limite (p. 461) ; par
CHANGEMENTS QUI s'OPÈRENT DANS LA DISTRIBUTION DES INDIVIDUS. /l7l
conséquent, une espèce très bornée géographiquement peut être sociale. Ou
voit que l'association par localités et la diffusion dans tout un pays suivent
d'autres lois. L'association, comme je l'ai déjà énoncé, dépend surtout des
circonstances locales combinées avec la nature des espèces; la diifusion ou
vulgarité dépend plutôt du climat agissant selon la nature des espèces, c'està
dire de causes analogues à celles qui fixent les limites des espèces, et
qui influent sur leur aire géographique, dont je parlerai bientôt.
ARTICLE V.
DES CHANGEMENTS QUI s'OPÈRENT DANS LA DISTUIBUTION DES INDIVIDUS
PENDANT UNE SÉIUE D'ANNÉES OU DE SIÈCLES.
Lorsque les conditions des localités ne changent pas, les mêmes espèces
y continuent d'année en année. Le nombre des individus augmente ou
diminue peut-être; mais on ne voit guère disparaître des espèces, à moins
que Thomme ou les animaux domestiques ne soient venus s'ajouter aux
influences naturelles.
Plusieurs localités sont célèbres, en Europe, par la présence d'espèces
rares, que des botanistes déjà anciens allaient y cueillir. Ainsi, la plupart
des espèces signalées par Clusius il y a 200 ans, au mont Braunsberg,
s'y retrouvent sur la même pente (Lumnitzer, FL Posen, préface ;
EndL FL Posen, introd., p. 18). Schouw remarquait (Natursehild,,
p. 36) la même chose pour une localité de Danemark, où Kylling herborisait
il y a 150 ans, et l'on a fait des observations analogues dans tous
les pays où les Bauhin, Ray, Magnol, etc., ont herborisé.
Il n'en est pas de même, cela va sans dire, lorsque la nature physique
des localités a subi un changement ; mais il peut arriver aussi que l'introduction
d'une espèce d'animaux, sans changer l'apparence extérieure des
conditions, détruise une espèce. Ainsi, les chèvres introduites et devenues
très nombreuses dans l'Ile de Juan Fernandez, pourraient bien avoir fait
disparaître des espèces. L'introduction du cheval et de l'espèce bovine,
devenus sauvages, dans les grandes plaines de l'Amérique, doit avoir modifié
au moins la proportion relative des espèces végétales. La diffusion de
quelques plantes envahissantes peut aussi amener un changement notable
dans la proportion des individus d'espèces anciennes.
En général, c'est l'abondance, dans chaque localité, de telle ou telle
espèce qui est sujette à varier. Les plantes sociales sont plus atteintes que
d'autres, précisément parce qu'elles ont besoin d'un concours de circon-
,stances, en partie variables, pour devenir très abondantes. Chose bizarre !