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A6 E F F E T S DE LA TEMPÉRATURE ET DE LA LUMIÈRE SUR LES VÉGÉTAUX.
ARTICLE VII.
„ E S TEMPÉRATURES ÉLEVÉES CONSIDÉRÉES COMME POUVANT DEVENIR INUTILES
OU NUISIBLES.
On ne peut douter qu'une chaleur trop forte ne soit contraire à plusieurs
des foncti^ons de la vie végétale. Sans parler du cas extrême et accidentel
d'une combustion du tissu, ni des accidents causés par la sécheresse qui
nccomnao-ne si souvent la chaleur, il est certain que chaque espèce, et en
mrticulier nos espèces des régions boréales ou tempérées, végètent moins
complètement, moins régulièrement, sous une température qui dépasse tel
on tel deoTé. Les herbes de nos pays, lorsqu'on les trouve par hasard dans
„ne serre chaude, sont effilées et languissantes. Les plantes alpines souffrent
de la chaleur dans les plaines, et surtout d'une chaleur contmue,
nuel nue soit l'arrosement qu'on leur donne. Le blé semé en été, et foitement
arrosé, ne développe que des feuilles d'après l'expérience de
MM Edwards et Colin.
Ces faits sont évidents, mais il est impossible de proposer une correclion
aux tableaux de température qui permette d'en tenir compte. Les
températures trop élevées pour une espèce ne le sont pas pour une autre.
Celles qui sont nuisibles dans un moment de sécheresse ne le sont plus
rmand il V a de l'humidité, ou vice versd. On ne voit d'ailleurs pas de point
nrécis où la chaleur devienne trop forte, et il serait absurde par ce motif
d'éliminer les températures qui dépassent tel ou tel degré du thermomètre
Les plus fortes chaleurs se manifestent dans les endroits exposés au soleil,
nvec la combinaison d'un terrain de couleur sombre, incliné d'une certaine
manière, mais les observations avec des thermomètres à l'ombre ne représentent
point ces conditions.
I a seule conclusion à tirer de ces réflexions est de ne pas s imaginer
nu'une chaleur de 20% par exemple, doive produire nécessairement un
M double sur les végétaux d'une chaleur de iO» pendant le meme
temps • ni surtout qu'une chaleur de Z.0» doive produire un efl:et double
L l de 20^ rius on s'éloigne d'un certain milieu de température qui
convient à une espèce, plus il est probable qu'une chaleur additionnelle ne
produit pas un effet proportionné. C'est en cela que l'on comprend a que
U n t un végétal est autre chose qu'un thermometre, et combien il est plus
rai de le comparer à une machine, qui demande des combinaisons compliquées
de circonstances pour marcher et pour domier m maxinmm de
nroduit Les augmentations de force dans une machme n augmentent pa
indéfiniment les effets; il y a diminution au delà d'un certain point et
INFLUENCE DU MOMENT OU SURVIENT UNE TEMPÉRATURE FAVORABLE. ZL7
ensuite danger de rupture et arrêt complet. Dans le végétal les choses se
passent exactement de la même manière.
ARTICLE VlII.
INFLUENCE DU MOMENT OU SURVIENT UNE TEMPÉRATURE FAVORABLE.
Selon l'époque de végétation où se trouve une plante, la température
agit sur eUe diversement. Le mois d'octobre en Europe a presque toujours
la même moyenne que le mois d'avril, cependant les secondes floraisons
sont assez rares. Au printemps, la température de mars, venant
après un temps froid et un long repos, détermine l'ascension de la séve.
Celle même température, en novembre, est accompagnée au contraire d'un
ralentissement de circulation. Une chaleur intense qui achève bien la maturation
des graines peut se trouver trop forte quand elle survient dans
la première période de la vie d'une plante.
Dans l'intérieur d'une serre où la température est maintenue uniformément
entre certaines limites, il arrive pour chaque espèce un moment de
repos, suivi d'une période d'activité. Dans l'île de Madère, qui est remarquable
par l'uniformité de température pendant toute l'année, le Tulipier
{Liriodendron) reste sans feuilles pendant quatre-vingt-sept jours, sous
une température analogue à celle qui détermine la foliaison dans son pays
d'origine; le Hêtre (Fagus) a un repos de cent quarante-neuf jours; le
Chêne, de cent dix jours; la Yigne, de cent cinquante-sept jours, et cela
sous une température semblable à celle de l'été dans l'Europe centrale (a).
La chaleur sans lumière a peu d'action. Cela est certain d'après l'expérience
des horticulteurs qui forcent les plantes, et de ceux qui dirigent
des serres dans les pays du Nord, où les nuits sont très longues en hiver.
Les faits ne prouvent pas que la température elle-même varie dans son
action, mais l'état de la plante étant variable à cause des circonstances
antérieures qu'elle a traversées et de l'état de ses organes, la température
et la lumière produisent des résultats différents. Il faut toujours en
venir à considérer la plante comme une machine et nullement comme un
thermomètre. Une machine ne peut marcher que dans un certain ordre,
en raison de son organisation et de toutes les circonstances qui la dominent.
De môme la plante ne peut produire des feuilles qu'après avoir élaboré
et déposé en certains points de la fécule, du sucre ou d'autres matériaux;
opérations qui se complètent pendant la période du repos. Les fleurs
(tt)Hecr, dans Verhandl. der Schiveiz. nalurf. Gesellsch., 1 8 5 1 , p. 54. ,l'ai donné
en français un cxlrait de ces ol)servations curieuses dans la IHbliolh. umv. de Oencve,
18o2, voL XX , Arcltiv. scient,, p. 32"..
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