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Z l 6 2 RÉPARTITION DES INDIVIDUS DANS L'HABITATION DE L'ESPÉCE.
on le remarque souvent. Par exemple, dans les pays septentrionaux, il y a
des forêts de telle ou telle espèce d'arbres jusque près de la limite géographique
de l'espèce. La zone où l'on trouve des chênes, des sapins, des bouleaux
uniquement isolés, est fort étroite. De même, quand on marche du
centre de la France vers le midi, les espèces sociales du midi, comme les
cistes, les térébinthes, les lavandes, etc., se présentent assez brusquement
à l'état d'agglomération. Dans les Alpes, où les zones superposées
sont comme des régions différentes, à cause des diversités de climat, on
voit aussi que tout d'un coup certaines espèces se présentent et sont abondantes,
à tel point que s'il y a en dehors quelques pieds isolés, on les
attribue volontiers, et avec raison probablement, à des transports accidentels
de graines. En fait de causes extérieures, les causes locales, purement
locales, semblent donc avoir plus de valeur que les causes générales du
climat, sur l'abondance des individus dans chaque point particulier.
Les conditions générales d'un pays peuvent cependant influer beaucoup,
mais d'une autre manière : par le nombre des espèces qui composent la
végétation du pays.
Plus il y a dans un pays d'espèces différentes qui peuvent se disputer
la place sur chaque station, moins il y aura d'espèces agglomérées.
Ainsi, on doit trouver généralement moins d'espèces sociales dans les pays
équatoriaux, où la végétation est riche en espèces, que dans nos régions
boréales. M. de Humboldt l'a vérifié directement (Prolegomena, TV, p. 21)
pour l'Amérique du sud. Les plaines de cette partie du monde lui ont offert
peu d'espèces sociales ; mais il en a remarqué plusieurs dans les parties
élevées de la chaîne des Andes, conséquence naturelle de circonstances
moins favorables. Gardner (a) ne pouvait citer dans l'intérieur du Brésil
qu'un seul arbre dicotylédone qui fût social, comme nos sapins, nos
chênes, etc., c'est le Moghania glabrata, Saint-Hil. On en trouverait davantage
à la Nouvelle-Hollande, et surtout dans les petites îles de l'Océan
Pacifique, parce que les espèces y sont moins nombreuses pour chaque
station. Le Cap semble avoir moins d'espèces sociales que nos régions tempérées
de l'Europe (/>). On s'en étonnera peut-être à cause de la sécheresse
de plusieurs districts de cette vaste région ; mais le nombre considérable
des espèces étant un des traits caractéristiques de ce singulier pays,
chacune doit avoir peu place dans chaque localité.
Du reste, il est impossible de donner des renseignements précis, numériques,
sur les espèces sociales de diverses régions ou familles. L'ag-
(a) Annals of bot., III, p. 332.
(b) E. Meyer et Drege, Zwei Pflanz, geo. Docum., p. 10.
DU DEGRÉ DE FRÉQUENCE DES ESPÈCES. /j63
glomération est uji phénomène trop variable et trop difficile à estimer.
Le terme déplantés sociales a fait illusion. Entre les plantes vraiment et
constamment sociales et les plantes constamment isolées, il y a tant de
degrés intermédiaires que les comparaisons d'un pays à l'autre et d'une
classe de plantes à l'autre, sont très difficiles à établir sous ce point de vue.
Quelques principes généraux doivent suffire, et j'espère les avoir suffisamment
indiqués.
§ I I L DE LA VULGARITÉ OU DIFFUSION, ET DE LA RARETÉ, DANS UN PAYS ÉTENDU
ET DANS L'HABITATION DE L'ESPÈCR EN GÉNÉRAL.
Il doit y avoir pour ce genre de faits, comme pour le précédent, des
causes tenant à la nature de chaque espèce^ et des causes tenant auxwfluences
extérieures.
Si une plante a des graines nombreuses et qui se répandent aisément
dans toutes les localités, par l'effet du vent, des animaux, etc. ; si elle est
robuste, c'est-à-dire si elle résiste aux causes momentanées de destruction,
et qu'elle s'accommode de localités variées, cette plante deviendra facilement
commune dans l'étendue de tout un grand pays.
Si dans une région, dans un district, certaines stations occupent la majeure
partie de la surface, les espèces propres à ces stations auront de
grandes facilités pour se répandre, et elles parviendront à s'implanter partout,
d'autant mieux qu'elles seront moins nombreuses pour se faire concurrence.
Ainsi, dans les plaines de l'Amérique arctic{ue, dans celles du
Rio de la Plata, dans les déserts de l'Arabie ou du nord de l'Afrique, il
n'est pas surprenant que certaines espèces soient abondantes dans chaque
localité. Le vent transporte leurs graines aisément, et le nombre des espèces
qui se font concurrence est fort restreint. L'uniformité de conditions extérieures
et la pauvreté d'espèces qui l'accompagne ordinairement, sont de
grandes causes pour rendre les espèces communes. Au contraire, la variété
de conditions dans les régions tempérées, surtout s'il y a des montagnes :
le nombre considérable d'espèces dans les régions chaudes et humides ; la
diversité de conditions et la multiplicité d'espèces, à la fois, au Cap, au
Brésil, au Mexique, et dans d'autres pays privilégiés, sont des causes de
rareté.
Pour chaque espèce en particulier, la proximité de sa limite d'habitation
est une cause qui la rend plus rare. Il est évident que, si une plante ne
peut pas dépasser une certaine ligne, par exemple, à cause de la température,
elle ne trouvera en deçà de la ligne et dans son voisinage qu'un
petit nombre de localités assez chaudes ou assez fraîches pour elle. De
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