i ,
• 1
'256 DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
des observations assez nombreuses (a), dont on pourrait déduire une
moyenne, applicable avec plus ou moins de chances d'erreur à chaque localité.
Je citerai un seul document relatif à l'une des hauteurs principales.
Des observations faites au sommet du Riesenkoppe (/I930 pieds, soit
1601 mètres d'élévation), de 1820 à 1831, comparées à celles de Breslau,
ont donné, pour les mois de la saison de végétation, d'après M. Schneider
(b), le décroissement suivant :
Mètres.
Juin 157,64 pour 1° cenligr.
Juillet 156,50 —
Août 146,31 —
Septembre 17 2 , 4 3
Pour la chaîne des Alpes, les documents sont nombreux. Voici un résumé
de M. Charles Martins, basé sur une trentaine de localités, en deçà et au
delà des Alpes, entre les /i5'= et 50« degrés de latitude (c).,
Pour 1* de tempérât.
Mètres.
Janvier 257,27
Février 193,54
Mars 15 9 , 6 3
Avril 160,60
Mai 157,87
Juin 14 8 , 3 2
Pour t* de tempe'rat.
Mètres.
Juillet 148,71
Août 14 5 , 9 8
Septembre 161,96
Octobre 17 7 , 7 5
Novembre 19 5 , 4 9
Décembre. 233,49
Ces chiffres donnent par saisons les moyennes suivantes :
Mètres.
Hiver 228,77
Printemps 15 9 , 3 3
Et pour l'année entière
Mètres.
Eté 147,67
Automne 17 8 , 4 0
172,68
On trouve dans l'ouvrage de MM. Schlagintweit (d), page 35/i, des tables
analogues plus détaillées, d'où il ressort, entre autres faits intéressants,
que la loi n'est pas la même à chaque hauteur dans les différents mois de
l'année. Ainsi, en janvier, de 7200 à 8 ¿ 0 0 pieds au-dessus de la mer, la
température décroît dans les Alpes de m pieds pour C. ; tandis que,
au-dessous de 2 000 pieds et au-dessus de 10100, le décroissement est
de 820 et de 800. En été c'est l'inverse. Ainsi, en juillet, de 7 ¿50 pieds
à 8 300, la moyenne décroît de 3^0 pieds pour 1", tandis que, entre 1000
et 2 600 pieds, elle décroît de CZiO, et au-dessus de 7/i50, de 360 pour 1".
Société intitulée : Schlesische Gesellschaft für vaterländtsche
Kultur, et les divers mémoires de M. Dove, Uber die nicht period. Aender.
d. Temper. Ces ouvrages contiennent les éléments du calcul, mais il manque un résumé
au pomt de vue dont nous parlons ici.
(b) Vertheilung der Schles. Pflanzen, 12", 1838, p 265
(c) Cours de météor., p. 213.
(d) Untersuchungen über die physic. Geogr. der Alpen, 1 vol. in-8, Leipsig, 1850.
LLMIÏES SUPÉ1UEUUES ET INFÉIUEURES DES ESPÈCES. 257
Les lois générales sont donc très compliquées. Les physiciens ont raison
de les constater aussi exactement que possible, mais pour les applications
aux faits d'histoire naturelle, ce n'est pas là précisément ce qu'il faut
rechercher. Quel que soit le degré d'exactitude auquel on parviendra pour
l'ensemble de la chaîne des Alpes, les chiifres ne seront pas rigoureux dans
chaque localité en particulier. Pour connaître les températures mensuelles
à telle hauteur où l'on a constaté que s'arrête une espèce sur telle montagne,
du côté du nord ou d'un autre côté, il faudrait avoir des observations
de plusieurs années dans cet endroit même. Les tables fondées sur
des moyennes ne suffisent pas, et cependant ce sont les meilleures à défaut
de longues observations sur chaque localité.
Une circonstance bien importante est que sur les montagnes isolées le
décroissement de température suit une marche plus rapide, surtout en été.
Ainsi, par exemple, sur le mont Ventoux, M. Martins trouva, en été, un décroissement
de 129 mètres pour 1", en hiver de 188; au Peissenberg (a)
il est de 132 mètres en été, et en hiver il serait très lent (18/i2 mètres,
d'après les chiffres publiés, qui ne représentent probablement pas une
moyenne exacte). Ces valeurs diffèrent beaucoup de celles concernant la
moyenne des Alpes. Au Saint-Bernard, localité entourée de hautes montagnes,
les chiffres sont de 185 mètres en été, et 2/i0 mètres en hiver.
Lorsqu'on envisage des mois dans lesquels le thermomètre descend audessous
de 0", les moyennes sont affectées, en ce qui concerne la chaleur
utile aux plantes, de la déduction faite pour les quantités négatives (h).
Elles devraient être augmentées d'autant plus, que chaque moyenne est
plus près de 0", que l'on admet un minimum plus bas propre à l'espèce,
enfin que les amplitudes thermométriques du climat sont plus grandes.
J'ai été forcé de négliger cette correction, en ce qui concerne les hauteurs,
comme pour les plaines, à cause du défaut de renseignements suffisants.
Dans les pays intertropicaux, le décroissement de température varie peu
d'un mois à l'autre, mais il diffère quelquefois beaucoup selon le pays et
selon la hauteur que l'on envisage sur une même montagne. Ainsi,
M. de Humboldt a trouvé, dans l'Amérique du Sud, en moyenne, 191 mètres
pour les montagnes, et 2Zi3"',5 pour les plateaux; dans l'Inde méridionale
on a trouvé 177 mètres, et dans le nord de l'Indoustan 226™,6 (c). « Si le
terrain s'élève doucement, dit M. Ch. Martins, ou si le pays se compose de
gradins successifs, le décroissement de la température est beaucoup plus
(а) D'après huit ans d'observations dans Ramtz, Lehrb., Il, p. 88.
(б) Voyez chap. Il, p. 35.
(c) C.h. Marlins, Cours de météor., p. 214.