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DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
Chêne, dont les documents recueillis par M. Quetelet (a) font connaître
l'époque moyenne de foliaison à Bruxelles.
La Yigne pousse ses premières feuilles, à Bruxelles, d'après une
moyenne de J S ^ à 1850, le 25 avril ; or, les moyennes mensuelles de
température pendant dix ans (h) indiquent pour ce jour une chaleur
moyenne de 10",25, précédée d'une somme de température utile qu'on
pourrait calculer, mais qui doit être insignifiante, la moyenne de mars étant
a peine de 6°. A Madère, l'année où M. Heer lit son voyage (18Zi99) la
\igne poussa ses premières feuilles le 31 mars. Sous ce climat très unilorme,
la variation d'une année à l'autre ne peut être que très faible, soit
pour les dates de végétation, soit pour les températures moyennes Or
d'après six ans d'observations à Funchal (Kâmtz, Lehrb. Met v II) la
température probable du 31 mars est IS«, et les sommes de températm4
qiu précèdent sont fort élevées, car le mois de janvier, le plus froid de
tous, a 170,5 en moyenne. Je sais bien qu'à Bruxelles on observait un
chasselas plus ou moins précoce, et à Madère des vignes tardives; mais les
différences de variétés sont loin d'expliquer une différence aussi énorme
dans les conditions de végétation.
le Chêne (Qnercus Rohur, L.) a prisses premières feuilles, de 18/.1 à
18i)0, à Bruxelles, le 25 avril, comme la Yigne. La moyenne de température
est alors de 10°,25. A Madère, M. Heer vit le Chêne (Quercus Robur
pedunculata) se feuiller le 20 février, époque où la moyenne probable es!
de
Le Hêtre prit ses nouvelles feuilles à Madère le avril par 18» de
température moyenne ordinaire. Je ne vois pas que sa foliaison ait été
constatée dans le Nord, d'après une série suffisante d'années ; mais évidemment,
elle a lieu sous une moyenne et avec des sommes antérieures
beaucoup moins élevées.
Ces faits sont curieux, et semblent très clairs en faveur d'une flexibilité
considérable des espèces. Toutefois, en y réfléchissant, ^'explique le phénomène
d'une façon bien différente. La foliaison n'exige pas seulement une
certaine chaleur ; elle ne peut arriver qu'à la suite d'un repos des organes
extérieurs, pendant lequel les sucs doivent se répartir et se modifier dans
le tissu même de la plante. La chute des feuilles, également n'est pas le
résultat delà seule température, c'est un effet amené en grande partie par
(a) inî i . de Vobs. roy. de Bruxelles, 1852, d'après le Flora, 1853 n 134 Fn ïSiSE---— {h) UueteJet, Climat de la Belgique.
SUR LES MINIMA ET LES SOMMES DE TEMPÉRATURE NÉCESSAIRES. 399
la vétusté des organes, Faccroissement des bourgeons axillaires, la distribution
de certains sucs dans la plante, peut-être aussi par l'état des racines
après une végétation de plusieurs mois. Lorsque la plante a joui du repos
des organes extérieurs qui lui est nécessaire, la vie active ne recomiïience
pas dans nos régions septentrionales, à moins que la température ne
dépasse une certaine limite ; mais dans un pays tel que Madère, où cette
limite est constamment dépassée, la plante pousse ses feuilles lorsque
l'élaboration intérieure est finie. Elle n'attend que cela, car la température
n'a jamais cessé d'être favorable. Le réveil arrive dans ce cas, comme
la chute des feuilles, par des causes physiologiques internes, et non par une
réunion de causes internes et extôrnes. La preuve en est que les différences
de température au printemps, de mois en mois-dans l'île de Madère, sont
complètement insignifiantes. La moyenne de mars est de 17^^,9, celle
d'avril de celle de mai de 18%2. D'un jour à l'autre, la différence
est tellement faible qu'il est impossible de supposer une action décisive de
la chaleur à un moment précis pour ramener la vie extérieure d'une espèce.
Une température suffisante existait en hiver, comme elle existe souvent
chez nous en automne^ sans amener la sortie des feuilles, parce que les
fonctions internes préparatoires n'avaient pas encore eu lieu. Ainsi, cet
exemple si remarquable ne prouve nullement que la Vigne et le Chêne ne
demandent pas 10^ au moins pour végéter, le Hêtre un autre minimum,
etc.; seulement, cette condition n'a pas son application à Madère. Je
reconnais qu'il peut y avoir quelque latitude dans le minimum, mais ce
n'est pas chose facile à constater, et d'après les études qui précèdent, je
suis disposé à croire la variation très faible sur ce point.
D'ailleurs, cette variation, si elle existe, n'aurait pas une grande importance
en géographie botanique. Presque toujours une espèce, en approchant
de ses limites dans une direction quelconque, rencontre des hivers,
analogues, de nature à suspendre semblablement ses fonctions. En outre,
les erreurs qui proviendraient de variations dans les minima, ont en ellesmêmes
une correction naturelle. Si, par exemple, une espèce, en Russie,
après un repos complet causé par la neige, végète sous une moyenne de
et qu'en Ecosse, elle ne soit sensible qu'càune moyenne de 6% parce qu'elle
a végété un peu en hiver, cette végétation même de l'hiver a avancé la
plante, et la somme de chaleur reçue sera à peu près comme si la végétation
avait daté de La géographie botanique montre aussi que la ilexibihté,
quant au minimum, a une limite, car si une espèce, la Vigne par
exemple, exige dans le nord delà France 2900"de somme et 10« de minimum,
et si elle pouvait, à la suite d'un repos d'hiver plus complet, se
contenter ailleurs de comme minimum, elle réussirait à Berlin, où la
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