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A 8 EFFETS DE LA TEMPÉRATURE ET DE LA LUMIÈRE SUR LES VÉGÉTAUX.
ont ordinairement besoin des sucs préparés par des feuilles, et ainsi de
suite. Quand les racines et les feuilles développées au printemps commencent
à vieillir, les premières absorbent moins et les secondes produisent
moins d'oxygène, sous rinQuence des mêmes causes extérieures. Tout
cela est évident pour un botaniste. Je n'en parlerais pas si les physiciens
ne négligeaient souvent ce point de vue, et ne s'imaginaient quelquefois
qu'une même température, ou la même combinaison de chaleur doit toujours
produire sur la même espèce, ou au moins sur le même individu,
un elTet semblable.
ARTICLE IX.
DES VARIATIONS DE TEMPÉRATURE.
La plupart des auteurs sont favorables à l'idée que des variations
extrêmes ou fréquentes de température conviennent an développement des
végétaux. Cherchons jusqu'à quel point cette opinion repose sur des faits,
et pour cela distinguons d'abord les variations annuelles et les variations
quotidiennes qui peuvent agir très différemment.
Dans les pays du Nord et sur les hautes montagnes, la végétation commence
après la disparition des neiges avec une intensité de développement
très remarquable. Il en est de même dans les pays continentaux relativement
aux pays maritimes , situés sous les mêmes latitudes. On est assez
disposé à attribuer ce phénomène, soit à la rapidité de transition de la
température, soit au repos prolongé et complet des végétaux pendant
l'hiver, principalement lorsqu'une couche de neige les a recouverts. Dans
ces phénomènes il faudrait cependant tenir compte, d'abord de l'erreur
qui résulte de la manière ordinaire de calculer les moyennes (art. VI),
ensuite de l'intensité ou de la durée plus grande de la lumière et de la
chaleur directe du soleil, sur les montagnes, dans les régions septentrionales
et dans les pays continentaux pendant l'été. Ce n'est peut-être
pas sous des conditions égales que les plantes se développent mieux dans
les circonstances indiquées , mais sous des influences véritablement plus
favorables, dont les observations thermométriques faites à l'ombre et mal
calculées ne donnent pas la mesure.
Au surplus, à considérer l'ensemble des divers pays, il est difficile de
soutenir que des différences considérables entre les saisons favorisent le
développement des végétaux. Laissons de côté les régions nombreuses où
l'inégalité de température est accompagnée de sécheresse pendant l'été,
nous verrons que dans les pays où l'humidité ne fait jamais défaut, l'uniformité
de température ne semble pas nuisible. Ainsi, la végétation est
DES VARIATIONS DE TEMPERATURE. Zi 9
cxli'èiuenient belle et variée dans les pays équatoriaux. Les climats
tempérés et monotones de Madère, des îles Açores, du nord-ouest de l'Amcriiiue,
sont favorables aux végétaux. Enfin les îles toujours fraîches et
humides de l'hémisphère austral, comme Auckland, Campbell, et dans notre
hémisphère, l'Irlande, ont des végétations , si ce n'est variées, au moins
abondantes et d'un aspect agréable. Laissons donc de côté cette influence
assez douteuse des variations annuelles, et voyons ce qu'il faut penser des
variations incessantes et irrégulières de température d'un jour à l'autre et
d'une heure à l'autre.
M. Quetelet, auquel nous devons une foule d'observations sur les efl'ets
delà température, estime que des variations étendues sont avantageuses,
ou plutôt il insiste sur ce que les plantes ont besoin de certains degrés de
chaleur qui n'arrivent que par l'efl'etdes variations. D'après lui, la chaleur
agirait à la manière des forces vives en mécanique, c'est-à-dire avec des
efl'ets qui croissent plus vite que les forces. Il s'est attaché à l'hypothèse
que la température qgit sur les plantes comme la somme des carrés des
chiflres exprimant la température, plutôt que comme la somme des degrés.
« Deux journées d'une température de 10" centigrades au printemps,
ne sauraient, dit-il (a), produire le même effet qu'une seule journée d'une
température de 20". »
Je reviendrai sur la manière dont M. Quetelet propose de com])iner le
temps et la température ; mais j e dois dire ici que , soit dans ses observations,
soit dans celles des autres auteurs, j'ai cherché inutilement une
preuve positive et directe de l'avantage des variations, en tant que variations.
Il faudrait, pour bien étudier ce genre d'influence,- pouvoir cultiver
des plantes dans des serres construites ad hoc, où l'on pût soumettre la
môme espèce à des températures constantes dans une division, variable
dans une autre division, mais variable dans des limites dont on disposerait.
En effet, si, dans le cours naturel des choses, une plante ne végète pas bien
sous une température constante de lO'^, et végète mieux avec des oscillations
entre 5 et 15°, n'est-ce point par hasard que 10° ne suffisent pas
à certaines fonctions, et si l'expérience s'était faite sous 20° constants
et 15 à 25^ de variations, aurait-on obtenu le même résultat? Les irrégularités
incessantes et imprévues de la température à l'air libre, et même
dans les serres ordinaires, obligent à considérer des moyennes de plusieurs
années, sans quoi on s'égare dans une multitude de faits peu concluants.
En l'absence de bonnes expériences, sous des températures que l'observateur
puisse donner et maintenir à volonté, je préfère me laisser guider
(a) Sar le diinai de la Belgique, iu-i -, Bruxelles, 18ÍG, p. 9.
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