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llliG REPARTITION DES INDIVIDUS DANS L'EARITATION DE L'ESPÈCE.
en s'attacliant aux laits de végétation observés sur les montagnes, on n'est
pas à Tabri de l'incertitude provenant des mélanges. Aucune roche, aucun
Sòl produit sur une. roche n'est parfaitement pur. Dans les rocJies des terrains
dits primitifs ou de cristallisation^ il y a des micas et des silicates calcaires
et magnésiens qui contiennent autre chose que de la silice ; en outre,
les phénomènes géologiques ont introduit çà et là des roches calcaires ou
magnésiennes parmi les roches siliceuses. De même sur les montagnes
calcaires, on trouve des matières siliceuses ou alumineuses par le fait des
débris organiques fossiles, des diluvium qui ont recouvert certaines localités,
des blocs erratiques, du rapprochement des grès et des roches cristallisées,
sans parler de l'action lente des causes accidentelles de transport,
par les eaux, le vent, etc. Les grès sont encore plus mélangés que les calcaires
et les granites. Il est rare qu'un sol de végétation, même sur les montagnes,
ne contienne pas au moins 1 0/0 de matière étrangère à ce qui
forme le fond minéralogique du sol. Par conséquent, tout ce que j'ai dit sur
Faction chimique des substances doit être limité dans ce sens que la prédomnanee
du carbonate de chaux, de la silice, de l'alumine ou de la magnésie,
jusqu'au point de former les 99/100 environ du sol, n'a pas une
action positive (indépendante des conditions physiques de consistance,
hygroscopicité, etc.) pour exclure une espèce; que du moins, si cette
action existe^ elle est si rare qu'on n'a pas pu en donner jusqu'à présent des
démonstrations absolues.
La petite proportion de matière étrangère existant dans les sols les plus
purs suffit à la formation des Organes de" certaines plantes où l'on trouve
constamment'certaines substances. Ainsi^ le chaume des graminées contient
de la silice, même dans les terres calcaires, les feuilles du Saxífraga
Ai¿oon et les nucelles du Lithospermum officinale contiennent de la chaux,
même sur les terres siliceuses (a). Il n'est pas prouvé qu'une plante ne
puisse pas vivre sans produire telle ou telle sécrétion qui la distingue. Au
contraire, on sait d'une manière positive qu'elle peut souvent remplacer
une substance par une autre dans les productions internes ou externes.
Ainsi, plusieurs emploient de la potasse au lieu de soude, des carbonates
de chaux au lieu de silicates.
On ne connaît d'une manière certaine que les plantes exigeant beaucoup
d'ammoniaque, et les plantes exigeant beaucoup de sel, qui ne puissent pas
vivre, par une cause chimique, dans toutes les localités. Les autres espèces
semblent se contenter de quantités très faibles de substances qui sont d'ail-
(a) Théod. de Saussure, Bech. chim., analyses des cendres; Mohl, Verm, Schrifi
p. 414; Thurmann, Essaiphyt., l, p. 352. ''
C A U S E S LOCALES DÉTERMINANT LES STATIONS. M\7
leurs assez répandues. Elles en reçoivent probablement partout en quantité
suffisante pour n'être réglées dans leurs stations que par les causes physiques
du sol et du climat (a), et non par la nature chimique des matières
qu'elles absorbent.
§ IV. DE L'EXPOSITION.
L'exposition est une circonstance qui modifie les conditions physiques
et les stations. Elle agit d'une manière très variée; elle atténue ou exagère
les causes locales.
Ainsi, une pente tournée au midi sera plus sèche, plus chaude que là
moyenne des localités voisines ; une autre pente tournée au nord sera plus
humidèj plus fraîche. D'ailleurs, ces pentes oifriront, ou des rocailles, ou des
prairies, ou des forêts. L'exposition modifie simplement ces stations; mais
elle ne détermine pas, à proprement parler, elle-même des stations.
J'ai donné plus haut la mesure de l'augmentation de chaleur causée par
certaines expositions dans divers pays (6). Il est inutile d'y revenir.
Dans certaines contrées, une exposition faisant face aux vents qui
amènent la pluie, est d'une importance majeure. C'est ce qu'on observe
dans la péninsule indienne, à Ceylan, à Bourbon et dans presque tousles
pays voisins des tropiques.
Une exposition qui abrite contre les vents froids et violents du nord, est
une condition importante sur toute la côte septentrionale de la mer Méditerranée.
Un abri contre les vents continuels et très intenses de l'ouest est
d'une importance non moins évidente aux îles Hébrides, et en général dans
tout le nord-ouest de l'Europe. L'exposition produit, comme on voit, des
effets très variés, qui ne se rattachent à aucun principe général, et dont je
puis, par conséquent, me dispenser de'parler plus longuement.
§ V. DES ESPÈCES QUI ONT VÉGÉTÉ SUR LE SOL DANS LES ANNÉES PRÉCÉUEiNTES.
On ne peut douter que l'existence d'une espèce, et surtout l'existence prolongée,
ne devienne une cause défavorable pour la vie de cette même espèce
ou d'espèces analogues, sur le même terrain. L'expérience des agriculteurs
et l'observation des phénomènes naturels le démontrent également.
Dans cette question, les faits agricoles et horticoles ne sont pas les plus
importants au point de vue scientifique. Si une céréale vient mal et donne
peu de produits après plusieurs années de culture semblable ; si un pêcher
(а) Je ne parle pas ici des plantes cultivées qui ont besoin, je ne dirai pas pour vivre,
mais pour prospérer et pour produire beaucoup, d'une certaine abondance de substances
quelquefois rares dans la nature.
(б) Pag-, 19 etsuiv., 387, 401.
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