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2 1 4 DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
cédé d'une grande sécheresse, je doute que l'espèce puisse germer pendant
la première quinzaine, d'autant plus que les pluies commencent ordinairement
dans la seconde moitié du mois. En octobre et mai, le chiffre de
5 jours de pluie peut représenter une humidité plus réelle et mieux distribuée.
La saison de l'Alyssum pourrait donc, selon notre hypothèse,
s'étendre du 1=5 septembre à la fin de mai (258 jours). A la rigueur, il faut
retrancher quelques jours de janvier, pendant lesquels la température doit
être inférieure à 6°, chiffre minimum de l'espèce, selon ce qui résulte de
la limite septentrionale. C'est une quantité insignifiante, car la moyenne de
janvier est de 6°,5 (a). La somme reçue du 15 septembre à la fin de
mai (a) s'élève à 3167°; et même en excluant septembre tout entier comme
trop sec, elle serait de 2873". Qu'on retranche encore 30 ou hO" pour
quelques jours de janvier inférieurs à 6°, la somme reste supérieure
aux 2/150« nécessaires. On voit cependant que Marseille, par la sécheresse
prolongée de l'été et le froid de l'hiver, se trouve un des points méridionaux
les plus défavorables à l'espèce. Un peu plus au nord, les pluies
durent davantage; un peu plus au midi, en Corse et en Sardaigne, le froid
de l'hiver ne peut pas interrompre la végétation. Il faut arriver aux Baléares,
dans le sud-est de l'Espagne, et en Afrique, pour trouver des pluies tellement
concentrées sur le milieu de l'hiver que l'espèce ne peut plus s'adapter
au climat.
Enfin l'Alyssum calycinum croît dans le nord de l'Italie, pays où dans
le voisinage des montagnes la pluie est quelquefois considérable, ce qui
peut faire douter des hypothèses émises ci-dessus. La plante fleurit dans le
voisinage de l'Adriatique en avril et mai ; or, dans certaines localités au
nord-ouest de Venise, comme Udine, Tolmezzo, il tombe dans ces mois une
quantité d'eau qui dépasse 100 et même 150 millimètres par mois. Surpris
de cette circonstance, qui parait en opposition aux faits observés ailleurs,
j'ai voulu savoir si l'Alyssum calycinum s'avance du côté des localités les
plus humides, c'est-à-dire vers les montagnes du Frioul. Je le vois bien
cité autour de Vérone, et in totâ Insubriâ (Poil., Fl. Ver., II, p. 361);
près de Venise (Nacari, FL; Suffren, Pl. Frioul, p. 159) et de Bassano
(Bertol., Fl. It., VI, p. A8/i); de là il pénètre dans les vallées chaudes et
humides des Alpes, en Valteline (Bertol., Fl. It., 1. c.), dans le Tyrol italien,
à Fiemrae et Fassa (Bertol., l. c.) (6). Il manque cependant à la Flore
_ {a) D'après cinq ans d'observations, dans Kâmtz, Lehrh., v. II, car les chiffres donnés
a la im du v. III de l ' isi e centrale, de M. de Humboldt, pour dix-huit ans, ne contiennent
pas les détails mensuels.
(6) L'auteur ajoute in collibus Bericis, mot qui ne se trouve dans aucun de mes dictionnaires
latms et géographiques. C'est un exemple de l'inconvénient de citer les loca^
lues par les noms latins.
LIMITES ÉQUATORIÂLES DES ESPÈCES SPONTANÉES. 21 5
de Còme (Comolli, J ^ » . ) , localité que je crois fort humide, à la Flore
de Bellune (Sandi, Enum.) ; et de Suffren, qui indique souvent les environs
de Tolmezzo, ne mentionne l'Alyssum calycinum absolument que dans le
bas Frioul. L'espèce paraît donc manquer aux localités les plus humides du
nord de l'Italie, vers les Alpes du Frioul, ce qui confirme nos hypothèses
au lieu de les renverser.
Nous pouvons donc nous borner à examiner les conditions de sa végétation
à Milan, Vérone, Vicence, Trieste, localités assez humides pour l'Italie,
et où les auteurs mentionnent l'espèce, et je citerai Udine comme compa^
raison. Voici les chiffres (a) :
V I L L E S .
ASNÉliS
D^OBS.
SEPT. OCT.
Locaînés oïl
l'espèce existe.
Milan 6 8 85,'( 1 0 0 , 9
V é r o n e 5 6 1 0 3 , 5 1 1 0 , 2
T r i e s l e 1:2 9 8 . 2
V i c e n c e 17 1 0 6 , 0 1 5 2 , 0
OÎL elle manque.
U d i n e 1 6 1 3 5 , 7 192,7
2 6 7 . 9
V é r o n e 2 1 8 , 5 1 0 , 5
T i i c s t e l o " • > " 4-,6
5 0 6 , 8 8 , 9
i
KOV. DEC, JiSV. HiRS. i ï i i a . lAI. JUIN jmii. AfllJI.
QUANTITÉ DE PLUIE ES MIW-IMÈTRES,
1 0 5 , 0
81,2
1 0 8 , 6
1 2 7 , 7
10,0
0 , 5 9.S
79,r)
6 8 , 1
1 1 S , 8
7 9 , 5
7 2 , 2
5 7 , 5
8 7 , 7
9 4 , 4
5 5 , 8
4 6 , 8
M , 4
6 1 , 4
57.1
4 9 . 2
7 0 , 8
7 6 , 8
7 8 , 1
7 0 , 0
7 0 , 8
9 5 , 5
9 4 , 7
9 5 , 1
8 8 , 5
7 5 . 5
8 0 , 6
9 7 . 7
8 0 . 8
1 0 9 , 1
7 4 , 0
1)9,0
9 5 . 0
7 8 . 1
7 7 , 9
7 4 ,
7 8 , 4
74, i
1 4 2 , 6 1 1 5 , 8 8 2 , 5 1 1 7 , 7 1 4 5 , 4 1 1 6 , 4 ! 6 9 , 7 1 2 7 , 5
rJOMBRE DÉ JOURS DPELU IE.
7 , 4
7 , 0
6 , 7
8 , 2
5 . 0
•7,4
6.1
7 . 5
5 . 6
4 . 7
6 , 5
!
7 , 0
7 , 0
4 . 6
6 . 7
8 , 5
9 , 8
4,0
8 , 5
1 0 , 5
1 1 , 0
2 , 3
9 , 6
9 , 5
1 0 , 9
1 , 5
1 0 , 2
1
7 , 6
9 , 6
2 , 0
7 , 9 ,
1 , 5
6 , 4
Il faut observer que, dans toutes ces villes, la végétation de l'Alyssum
s'arrête pendant trois et demi à quatre mois d'hiver, où le thermomètre
tombe en moyenne au-dessous de 6°. L'espèce doit donc germer en automne,
puis, après le repos de l'hiver, la chaleur du printemps doit la faire
vite fleurir et mûrir. Il paraît qu'en automne elle peut supporter, en Italie,
des pluies très abondantes : jusqu'à 132 millimètres dans un mois ; tandis
qu'au printemps, époque de la floraison et de la maturation , elle ne peut
supporter que 100 millimètres dans un mois. Ce serait plus qu'en Hollande,
et la différence de chaleur l'explique assez bien.
Première epoque
de ve'gétalion.
Avril.
10%7
Octobre.
15\2
Deuxième e'^oque
de ve'gctalion.
Mai. Juin.
13%2 16%6
Avril. Mai.
15",2 20%4
Zwanenburg- (Hollande).
Vérone
L'évaporation clans les mois correspondants, pour la plante, est plus
(a) De Gasparin, ibid. Le nombre des jours de pluie n'est pas connu à Udine et dans
les localités voisines, ni à Vicence. J'ai remplacé à cet égard Vicence par Padoue, qui en
est rapproché.
s,a?-