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3 6 EFFETS DE LA TEMPÉUATURE ET DE LA LUMILRE SUR LES VÉGÉTAtiX.
(le pays cliaïuls germent fort mal hors des serres : elles semblent exiger des
températures assez élevées relativement aux espèces de nos pays. 11 en est
de même pour les autres fonctions de ces espèces. Chez nous, du blé, de
l'orge, semés en automne, germent avant l'hiver; puis les tiges restent
petites jusqu'à une certaine température du printemps qui les fait grandir.
Pour préparer et développer les fleurs, il faut un degré plus élevé du thermomètre.
La preuve en est, que des plantes de pays chauds, cultivées
dans le Nord, vivent quelquefois plusieurs années sans lleurir et même ne
lleurissent jamais. La chaleur s'accumule de jour en jour, et finalement les
quantités ajoutées forment une somme considérable. Ce qui manque dans
ces circonstances, ce n'est donc pas delà chaleur en général, mais de
la chaleur au-dessus d'un certahi degré.
M. Charles Martins (a) a mis ces idées en évidence avec plus de force et
de clarté que je ne saurais le faire ; « Toutes les plantes, dit-il, n'entrent
pas en végétation à la même température : ainsi, chez les unes, la séve
commence à monter lorsque le thermomètre est à quelques degrés seulement
au-dessus de zéro; d'autres ont besoin d'une chaleur de 10°
12"; celles des pays chauds exigent une température de 15° à 20^ En
un mot, chaque plante a son thermomètre dont le zéro correspond au
minimum de température où sa végétation est encore possible. Par conséquent,
quand on cherche quelle est la somme des températures qui
a déterminé la floraison de chacune de ces plantes, il est logique de ne
prendre que la somme des degrés de température supérieurs au zéro de
chacune d'elles, puisque ces degrés sont les seuls qui soient efficaces pour
provoquer ou entretenir leur végétation. On obtient alors véritablement une
expression de la chaleur indispensable pour amener le développement des
feuilles et des lleurs. Biais quand on prend pour point de départ le degré
de congélation de l'eau, on additionne des degrés de température trop
rapprochés du zéro thermométrique pour provoquer la végétation de la
plante, avec ceux qui contribuent réellement à son développement, »
M. Martins ajoute que les plantes boréales et alpines font seules exception,
en ce que leur végétation commence à peu près avec la température de
dès que la neige passe à l'état liquide.
Ces réllexions sont d'une telle force, qu'on peut craindre de ne jamais
pouvoir employer les observations thermométriques, présentées selon le
procédé oi^dinaire, pour rendre compte des phénomènes de végétation. Il
faudrait, au lieu des moyennes et des extrêmes tels qu'on les donne, avoir
pour chaque mois ou période qu'on envisagerait, le nomh^e des heures
(a.) Voyage en Scandinavie^ eic»j p, 89.
TEMPÈRATUriES BASSES CONSIDÉRÉES^ COMME SOUVENT INUTILES.
pendant lesquelles le thermomètre s'est tenu au-dessus de 0", puis
au-dessus de et 3% etc. Encore faudrait-il savoir, par des expériences
positives, si le même degré de chaleur produit les mêmes effets
la nuit et le jour, ce qui n'est point vraisemblable, et si une chaleur continue
produit les mêmes effets qu'une chaleur intermittente, ce qui aussi
n'est pas probable. La météorologie et la physiologie végétale sont aujourd'hui
bien éloignées, l'une de donner sous cette forme les phénomènes de
température, l'autre d'expliquer suffisamment les effets de la chaleur sur
les plantes. Les expériences que j'ai exposées ci-dessus donnent déjà
quelques résultats, mais elles ne suffisent pas. Il y a donc actuellement des
questions très difficiles à résoudre, par exemple celles qui concernent les
époques de foliaison, floraison, etc., chaque année, dans la même localité.
Heureusement les faits de géographie botanique demandent des recherches
sur l'état moj/m des climats, non dans une année, mais dans plusieurs
années, et alors la progression de la température se manifeste sous une
forme régulière, dégagée des variations accidentelles.
Il n'en reste pas moins à éliminer les températures inutiles à la plante
ou à la fonction de la plante que l'on envisage (o). C'est là un problème
sur lequel nous devons nous arrêter. Je parlerai surtout des températures
voisines de 0% car ce sont les plus fréquentes dans nos régions tempérées
ou boréales. Plus loin je dirai quelques mots des températures trop
élevées, qui deviennent aussi inutiles, et même contraires à une bonne
végétation.
Une valeur certainement iimtile à toutes les espèces de végétaux est
malheureusement englobée dans les moyennes tliermométriques de plusieurs
mois, pour les pays tempérés et septentrionaux; je veux parler
des températures au-dessous de 0 \ Non seulement elles sont comptées,
mais encore elles sont soustraites pour former les moyennes ! C'est une
erreur évidente quand on veut appliquer les chiffres aux faits de végétation.
Qu'importe à une plante, au moment où elle reçoit la température qui lui est
nécessaire pour gei^er ou pour grandir, que dans les jours antérieurs elle
ait reçu 3« au-dessous de zéro, ou 5°, ou 10^ au-dessous de zéro? Si elle
n'a pas été tuée par le froid (et les graines, par exemple, ne le sont
jamais), toutes ces valeurs, comptées pour négatives, sont seulement
indifférentes; elles sont toutes égales à zéro pour la plante. La chaleur
actuelle ne sera nullement diminuée par les froids antérieurs, car, dans
l'intervalle des deux températures, la graine ou la plante auront passé par
(a) J'ai iiidi(iu6 les principes développés ici, en 1848, dans mon article : 6'wr les causes
quilimitent les espèces {Biblioth. univ. et Ann. se. nal. de eeUe année), et en 1830, dans
celui : Du mode d'action de la chaleur sur les plantes {Biblioth. univ., mars 1830).
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