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5f>Ü m l'aire des espèces.
Acaiithacées. Elle l'est aussi pour les Mélastomacées (a) ; mais il y en a si
peu dans la zone tempérée que le chiffre ne mérite guère de fixer notre
attention. Les Campanulacées ont plus d'espèces à aire étendue, dans la
zone torride que dans la zone tempérée. C'est une exception que le petit
nombre d'espèces de cette famille rend peu importante. La loi est affaiblie
par la circonstance que les régions de la zone torride sont moins connues,
en somme, que les régions de la zone tempérée boréale ; mais elle est
renforcée par d'autres faits, notamment par la prédominance des familles
à aire limitée entre les tropiques.
Les espèces de la zone torride, étendue jusqu'au degré en deçà et
au delà del'équateur, ont une aire plus petite que celles de la zone tempérée
boréale, comme nous venons de le voir. Elles ont cependant une aire
plus grande que les espèces de la zone tempérée australe. Ceci esl
vrai dans les Crucifères, Campanulacées, Composées, Labiées, Rosacées et
Acanthacées de nos tableaux. On ne peut rien conclure des Mélastomacées
qui n'avaient que trois espèces connues dans la zone australe (6). Les Polygonum
seuls font exception, mais le nombre de leurs espèces est si faible
dans la zone australe que l'exception a peu d'importance. Les régions australes
étant un peu mieux connues que l'ensemble des régions intertropicales,
on pouvait s'attendre à y trouver de plus fortes proportions d'espèces
communes à plusieurs pays; on peut présumer du moins que le nombre en
augmentera plus dans la zone torride que dans les régions australes, à
mesure des découvertes. La faible proportion dans la zone australe est doncun
fait certain.
En résumé, lorsqu'on étudie l'aire d'espèces organisées d'une manière
analogue, c'est-à-dire de même genre ou famille, on trouve que raire
moyenne diminue à mesure qu on marche du pôle arctique aux extrémités
australes des continents. Comme il s'agit de plantes analogues,
comparées entre elles, on ne peut pas dire ici que l'extension provienne de
différences d'organisation, par exemple, delà structure des graines ou delà
durée de leur faculté de germination ; il faut qu'elle résulte des circonstances
géographiques ou de causes antérieures à l'état actuel du globe.
Une des causes doit être probablement la connexité des dilférentes terres,
connexité qui est au maximum dans l'hémisphère })oréal et au minimum
dans les régions australes. Afin de m'en assurer, j'ai groupé ci-dessus les
pays d'après leur nature insulaire ou continentale, et d'après les contacts
et rapprochements plus ou moins nombreux qui les unissent.
(а) La Chiae et les Ëtats-Unis o n l l l espèces dont 3 se trouvent aussi ailleurs, proportion
plus forte que pour l'ensemble de toutes les régions.
(б) Toutes les trois propres à la Nonvelle-Bollande.
ÂÎRE DES ESPECES SUIVANT LES RKGÏONS OÙ ELLES SE TROUVENT. 561
Les régions purement insulaires ont moins d'espèces répandues ailleurs
que les régions continentales, dans les Campanulacées, Polygonum, Labiées,
Rosacées et Acanthacées. Elles en ont plus dans les Crucifères,
Composées, Mélastomacées. La diversité de ces résultats est bizarre.
En considérant ensemble, non les îles, mais les régions, soit continentales,
soit insulaires, qui ont le moins de connexilés avec d'autres régions,
on arrive à des chiifres qui montrent mieux l'effet de l'isolement. J'ai pu
établir le degré de connexité des pays pour certaines divisions par régions.
J'ai trouvé que les Crucifères, les Campanulacées, les Polygonum et les
Composées présentent toujours moins d'espèces communes avec d'autres
régions dans les pays isolés (jue dans les autres. Cela tient surtout au Cap,
qui est considéré dans le premier cas comme région continentale; dans le
second comme région isolée, et qui renferme ordinairement une proportion
excessivement faible d'espèces communes a^^ec d'autres pays. Ainsi, contrairement
à ce qu'on pouvait croire, la mer ne semble pas avoir été un
obstacle plus grand pour les espèces de plusieurs familles que la même
étendue en terrain. Je ne veux pas dire qu'au fond cela soit vrai ; ou plutôt,
il est possible que le fait s'explique par un ancien état des choses et par
l'origine des espèces. D'ailleurs, il n'en est pas île même pour tous les
parageset toutes les familles de plantes. Ainsi, dans les Composées et les-
Crucifères, par exemple, il y a plus de différence d'une région continentale
à une autre, que d'une région continentale à une région insulaire; au
contraire, dans les Campanulacées et les Polygonum, il y a moins de diversité.
Les Composées et les Campanulacées du Cap sontenfermées dans celte
région mieux que dans une île, ou, si l'on veut, les espèces des autres pays
y sont arrivées avec la même difficulté. Il en est autrement pour les Polygonum
de cette même région.
De pareils contrastes indiquent un grand mélange dans les causes qui
ont produit la répartition actuelle des espèces. Les unes sont physiques,
les autres tiennent à l'organisation et à la nature des plantes; les unes sont
actuelles, les autres antérieures, et elles remontent peut-être à l'origine
des espèces. Le but philosophique de nos recherches doit être de démêler
ces causes variées; aussi en parlerai-je tout à l'heure, et dans d'autres
parties de cet ouvrage.
Le nombre des espèces d'une famille dans chaque pays me paraissait
pouvoir se lier à la proportion des espèces communes à deux ou plusieurs
régions. Il semble, en effet, à priori^ que dans le cas où une contrée
présente beaucoup d'espèces d'une certaine famille, les circonstances sont
plus favorables qu'ailleurs à cette famille et permettent à beaucoup d'espèces
délicates d'y vivre. Or, les espèces les plus délicates doivent avoir
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