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long jour diffère de 19 lieuresl//i à deux mois. Excepté pour lellôire, les
différences de durée des jours répondent assez exactement à la différence
des sommes de chaleur à l'ombre, la chaleur et les rayons chimiques du
soleil formant le complément.
Nous venons de voir que la transparence de ratmosphère, plus grande
en Norwége qu'en Ecosse, ne fait guère que l'équivalent de 20" à 120'^ de
somme de chaleur à Tombre; ainsi, on est obligé d'attribuer dans le cas
actuel une influence prépondérante à la longueur des jours.
Sous des latitudes très avancées, les végétaux paraissent recevoir plus
d'impulsion par la ))résence du soleil que par la température à l'ombre, et
dans de telles circonstances, l'action calorifique des rayons étant assez
faible, ce sont probablement les propriétés chimiques de la lumière, tantôt
diffuse, tantôt directe, qui jouent le rôle principal.
5" Èlévo.tion au-dessus de la mer.
Plus les limites d'espèces sont élevées et plus les montagnes se trouvent
sous des degrés méridionaux, plus l'action solaire directe ou indirecte <levient
importante. La diminution de la somme de chaleur mesurée à l'oinlire
qui paraît nécessaire, en est la preuve. J'ai doimé déjà un résumé des chiffres
(p. 311). Il serait inutile d'y revenir, même en groupant les exemples
par chaînes de montagnes, car l'influence de la hauteur et des latitudes se
croise diversement, et les faits ne sont pas assez nombreux pour qu'on
puisse en tirer des moyennes satisfaisantes.
6° Comparaison du nord ci des monlagues.
Il existe dans le nord de rAllemagne et en Angleterre, à peu près entre
les 50'' et 58' degrés latitude, une zone dans laquelle les jours d'été ne
sont pas très prolongés, le soleil s'élève peu au-dessus de l'horizon, et le
ciel est assez fréquemment chargé de nuages ou de vapeurs. C'est la partie
de l'Europe où la somme de température à l'ombre, exigée par les espèces,
est la plus forte, précisément parce que la somme additionnelle fournie par
les rayons chimiques et calorifiques du soleil s'y trouve au mininmm. De
cette zone, si Ton avance vers le nord, les jour s d'été augmentent dans uiie
progression rapide ; si l'on marche vers le midi, et surtout si l'on s'élève sur
les montagnes du midi, le soleil devient plus près de la verticale et traverse
une atmosphère à la fois moins épaisse et moins nuageuse, ce qui augmente
ses effets. Les sommes de chaleur observées à l'ombre dimiiiuent
donc au mvi\ pL au midi, précisément parce que les influences d'une autre
nature augmentent et en font le complément. Par ces causes variées, qui
tendent à accroître dans deux directions diflerentes l'eflet des rayons chimiques
et calorifiques du soleil, il y a, pour la même espèce, une région
dans le nord où les sommes de température nécessaires, mesurées à l'ombre,
sont seml)lables à celles sur les montagnes du midi, en supposant la limite
réglée par la chaleur uniquement.
La comparaison la plus instructive sous ce point de vue est celle des
limites de l'Orge : 1300"' dans la Suisse centrale correspondent au 62® ou
63^ degré, et 1500'» au (voy. p. 385 et 353).
Tels sont les résultats d'une investigation minutieuse dans laquelle se
trouve employée pour la première fois la méthode des sommes de température
au-dessus des minima nécessaires à chaque espèce. Les personnes qui
auront eu la patience de me suivre, m'auront trouvé hésitant et défiant à
l'origine, ensuite confiant dans ma méthode et finalement convaincu de sa
valeur. Grace à elle, j e suis parvenu à expliquer la plupart des limites; j'ai
môme deviné des eiTeurs qui ye trouvaient dans les Flores sur la position
extrême des espèces ; enfin, je suis arrivé à comprendre l'action variée de
la chaleur et de la lumière, et j'ai pu exprimer par des chiffres leurs influences
relatives, avec le degré de précision dont les faits physiologiques
sont susceptibles. On me pardonnera quelques longueurs, quelques répétitions
dans un sujet aussi compliqué et aussi nouveau. C'était le seul
moyen de montrer le vice des autres méthodes et de conduire le lecteur,
s'il veut bien s'y prêter, à la même persuasion que moi, persuasion satisfaisante,
parce qu'elle repose sur des faits nombreux étudiés complètement.
C H A P I T R E V.
F O R M E DES HABITATIONS DES ESPÈCES.
ARTICLE PREMIER.
R É F L E X I O N S GÉNÉRALES ET MÉTHODE SUIVIE.
Les limites d'espèces tracées sur une carte présentent des inflexions et
des sinuosités quelquefois fort irrégulières, à cause de la direction des
côtes, de l'élévation variée du terrain et des modifications si nombreuses
de la température et de l'humidité. En négligeant ces détails, il résulte de
la direction générale des limites une certaine forme pour Thabitation de
il j'
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