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39/1 DÉLIMITATION DES ESPÈCKS.
du temps et de la chaleur est indispensable pour toute explication des phénomènes.
J'ai parlé aussi de la nécessité d'éliminer les températures qui
sont inutiles à chaque espèce, non-seulement celles au-dessous de qu'on
a le tort de faire entrer dans les calculs comme négatives, c'est-à-dire
comme détruisant l'effet de températures élevées, mais aussi des températures
de + + -il- 3% etc., qui sont trop basses pour la plupart des
végétaux et qui laissent leurs organes à peu près stationnaires. J'ai souvent
l)arlo des effets présumés de la chaleur directe du soleil et de l'action chimique
de ses rayons, qui se fait si bien sentir, même dans la lumière diffuse,
comme le prouvent incontestablement les opérations pliotograpliiques.
La preuve et la sanction de ces principes devaient se trouver dans l'examen
détaillé des limites d'espèces, soit en latitude, soit sur les hauteurs.
J'ai donc étudié plus de quarante espèces, une a une, avec toute la précision
possible, et sans m'arrêter à aucune opinion préconçue. Il en est
résulté dans chaque cas particulier une connaissance intime des causes
réelles, de leur mode d'action, et des méthodes qui les metient en évidence.
La réunion de tous ces faits, dè toutes ces conclusions partielles^
m'inspire, dans son ensemble, une conviction qui me satisfait, et dont j e
voudrais que chacun de mes lecteurs fût pénétré au même degré.
L'une des causes les plus générales de délimitation des espèces est la
sécheresse ou l'humidité relatives des divers pays. Pour les plantes des
régions équatoriales, ou voisines des tropiques, c'est la cause de beaucoup
la plus fréquente. Elle est mesurée par le nombre des jours de pluie dans
les divers mois de l'année, mieux encore dans les quinzaines ou les décades,
si les résumés météorologiques descendent à ces détails. En Europe, ce
genre de causes agit fréquemment. La sécheresse limite certaines espècesau
midi et surtout au sud-est, dans les steppes de la Russie; Diumidité du nordouest
et de l'ouest en arrête d'autres dans les îles Britanniques, et même
sur le continent voisin. Plus au midi, la succession des zones sèches, entre
20" et 35" ou 36" de latitude, et de la zone humide près de l'équateur, devient
la cause habituelle des limites.
Sous les latitudes moyennes et polaires, la température joue le rôle
principal; mais ce ne sont ni les moyennes annuelles, ni les moyennes
de saison, ni aucune moyenne pendant une période quelconque de l'année
qui en donnent une mesure satisfaisante. Les moyennes ne concordent
avec les limites que par une sorte de hasard. Elles ne doivent servir
que comme base, malheureusement inexacte, mais la seule dont on
dispose, pour calculer les sommes de température au-dessus de tel ou tel
degré nécessaire à chaque espèce. On approche de la vérité au moyen de
ces calculs, que l'état actuel des tableaux météorologiques rend néc^ssai-
SUR LES MINIMA ET LES SOMMES DE TEMPÉRATURE NÉCESSAïRES. 395
rement imparfaits ; on sent par leur emploi, par les tâtonnements et les
comparaisons dont ils se composent, que la méthode est logique, fondée
sur le raisonnement et sur les faits. On arrive à reconnaître, et même
à ne plus douter de deux principes : Que chaque espèce est indifférente
aux températures inférieures à tel ou tel degré ; 2'' qu'une certaine
somme de température au-dessus du minimum lui est nécessaire, et
que cette somme est suffisamment exprimée par l'addition des moyennes
de chaque jour (ou, ce qui revient au même, en multipliant la moyenne
générale par le nombre des jours), depuis le moment où la température
moyenne du lieu s'élève au-dessus du minimum jusqu'à celui où elle y
retombe, diverses causes d'erreurs dans ce calcul se détruisant mutuellement.
•— J e n'ai pas besoin de rappeler que des températures très basses
deviennent nuisibles et arrêtent les espèces dans certains cas. Il est bon
seulement de constater que ces cas sont rares. Non-seulement les soixante
ou quatre-vingt mille espèces des pays chauds n'y sont pas exposées, mais
dans nos régions septentrionales elles-mêmes les exemples d'espèces limitées
vers le nord par l'absence de chaleur semblent les plus nombreux,
Ordinairement, il est vrai, une espèce est limitée en un point par uuq
cause, et ailleurs par d'autres, ce qui rend ces comparaisons un peu vagues.
J e reviens aux sommes de température et aux minima nécessaires à
chaque espèce.
Les minima sont le point le plus difficile à constater. Rarement on possède
des observations directes qui permettent de les établir, on est obligé
de les chercher, de tâtonner, au moyen de la comparaison des localités
extrêmes jusqu'où s'étend l'espèce. J'y suis parvenu souvent d'une manière
plus ou moins satisfaisante. L'ensemble de mes recherches montre une
chose à laquelle j e ne pensais pas en m'occupant des détails, c'est que les
minima s'élèvent en général à mesure qu'il s'agit d'espèces plus méridionales.
Voici le tableau succinct de toutes les espèces qui sont arrêtées, dans
une partie au moins de leur limite polaire, par une somme de chaleur
au-dessus d'un certain degré. Je laisse de côté quinze espèces, de
celles que j'ai examinées, tantôt parce qu'elles sont arrêtées par d'autres
causes, comme le froid, la sécheresse ou l'humidité, plus rarement parce
qu'il a été impossible de préciser le minimum et la somme nécessaire audessus
de ce minimum. La progression, soit des minima, soit des sommes
nécessaires, en marchant du nord au midi, est bien évidente.
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