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1 2 EFFETS DE LA TEMPÉRÂTUUE ET DE LA LUMIÈRE SUR LES VÉGÉTAUX.
Comparons Upsal et Bruxelles, à 0"%59 et 0™,60 de profondeur, la différence
de O^'^Ol étant insignifiante. On voit : Que d'octobre à mars, le
terrain ajoute sous le climat d'Upsal plus de chaleur que sous celui de
Bruxelles ; que les mois pendant lesquels le terrain est plus frais que
l'air sont réduits aux trois mois d'avril, mai et juin, au lieu de sept mois,
de mars à septembre; 3® que dans le mois où le sol est le plus frais relativement
à l'air, la différence est un peu moindre qu'à Bruxelles. Comme les
mois d'avril à septembre sont les plus importants pour la vie végétale, sous
la latitude d'Upsal, il serait moins nécessaire de corriger les moyennes de
température en raison du terrain, dans le Nord que sous la latitude moyenne
de Bruxelles. Je ne chercherai pas si cela tient à la neige qui abrite le sol
pendant l'hiver, ou à la pluie qui est plus chaude pendant Tété, ou à ces
deux causes ensemble. Je me borne à citer le fait, en vue des applications
possibles.
A la profondeur d'un mètre, les faits se présentent autrement à certains
égards. Pendant l'hiver le sol est plus chaud, relativement à l'air, à Upsal
qu'à Bruxelles; mais pendant l'été la fraîcheur est plus grande; elle atteint
5%31 de diiïérence, quantité double de ce qu'on observe à Bruxelles. Ceci
nous montre combien les corrections en raison de la température du sol
seraient délicates, vu la diversité de profondeur des racines. Heureusement
on peut, dans la plupart des cas, laisser de côté les observations faites à
i mètre, comme dépassant la profondeur moyenne des racines. Je les ai
citées plutôt dans le but de les comparer avec les observations faites à
Trevandrum, localité où malheureusement on n'a pas placé de thermomètre
au-dessus d'un mètre de profondeur.
Le tableau montre que dans ce pays méridional, dont la température varie
fort peu, le sol, à 1 mètre de profondeur, est toujours plus chaud que
l'air, de à environ! Ce résultat est opposé à toutes les prévisions,
car on pouvait penser que la pluie rafraîchirait le sol, par suite de l'évaporation
ou de sa propre température, au moins pendant quelques mois. Au
contraire, il paraît qu'elle est assez chaude pour maintenir une température
toujours plus élevée que celle de l'air. Il serait intéressant de savoir si, dans
d'autres pays intertropicaux, cela se passe de même (a). Concluons seulement
du fait de Trevandrum, que la fraîcheur du terrain pendant la saison
chaude n'est pas indispensable aux végétaux, même dans des pays où la
chaleur excessive de l'air ferait présumer l'existence de quelque compensation
de ce genre.
(a) Probablement non, d'après la circonstance que, dans les pays tropicaux, la température
des sources est, en général, plus basse que celle de Tair. — Voyez Pouillet, Traite
de phys. et de méléor., édit. J830, iî, p. 073; Martins, Cours demkéor., p. 208.
EFFETS DmECTS DU SOLFIL ET INFiAlENCE DE L'EXPOSITION. 13
Le sol est réchauffé en été, près de la surface, par l'effet direct des rayons
du soleil et par la température propre de l'air. Il est essentiel de distinguer
ces deux causes. La question de la chaleur donnée directement par le soleil
se lie donc à celle du terrain, et ceci me conduit à en parler.
ARTICLE IV.
EFFETS DIRECTS DU SOLEIL ET INFLUENCE DE L'EXPOSITION.
Les plantes sont en général exposées plus ou moins complètement aux
rayons du soleil. Les observations thermométriques faites à l'ombre doivent
donc s'appliquer assez mal aux phénomènes de végétation.
Cette objection a paru très forte à M. de Gasparin (a). Il rappelle que
M. de Humboldt insiste souvent sur la nécessité de mesurer l'effet calorifique
des rayons solaires sur les plantes et sur les terrains où elles végètent. Luimême
a fait des séries d'observations avec des thermomètres placés sous une
couche d'un millimètre de terre, à Orange et à Paris. Il les rapproche d'observations
analogues faites sur le mont Peissenberg, en 1786, et il en conclut
que la chaleur du soleil augmente la température des corps solides, au
printemps, de à Paris, de 7%li à Orange, et de au Peissenberg,
localité élevée de 975 mètres au-dessus de la mer; qu'elle augmente la
température moyenne de l'année de 2 à Paris, 6%8 à Orange, et 3 ',8 sur
le Peissenberg. Il trouve, avec raison, ces différences considérables; mais
il ajoute que si le thermomètre est abandonné aux effets de la pluie, de la
rosée et de l'évaporation, qui refroidissent naturellement la couche supérieure
du terrain, la différence est réduite (/;). A Orange, localité très sèche,
la température annuelle de l'air à deux heures et à l'ombre étant 18%8, celle
de la couche superficielle de terre laissée aux influences atmosphériques
était de 23",8 : différence, 5 ^ A d'autres heures d'observation, elle aurait
été encore moindre.
Des observations exactes, semblables à celles de M. de Gasparin, mais
avec des thermomètres à index, se faisaient dans le jardin de la Société
d'horticulture de Londres, à Chiswick, depuis 1826. Elles sont publiées
en détail dans les Transactions de la Société; M. Dove s'en est servi
dans le Mémoire où il étudie l'action de la température sur les végé-
{a) Cours d^agriculture. II, p. 72 (en 184-1). Une seconde édition de ce volume a paru
en 1852. Le chapitre sur Vaclion solaire (II, p. 77) est plus développé,
(6) Elle change même de nature; car, dans les observations faites à Bruxelles, au midi
de Tpbservatoire, le thermomètre, dont la boule était à la surface, mais en terre, donnait
des moyennes mensuelles toujours plus faibles (de 0'',6) que le thermomètre à l'air et à
l'ombre. (Voyez le tableau.)
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