li:-'^. il:
M
DÉLIMITATION DES ESPÈCES,
pluie n'est pas déterminé. Dans la plaine du nord de l'Italie, les pluies
d'été sont plus abondantes qu'à Toulouse et à Bordeaux. Comme le Hêtre
n'y croît pas et que tous les auteurs l'indiquent sur les collines et montagnes
seulement dans cette région, la quantité de pluie ne peut pas être la
cause déterminante.
Le nombre des jours de pluie est, au contraire, assez significatif. Toutes
les fois que, pendant les mois d'été, il y a moins de six à huit jours de
pluie dans un seul mois, le Hêtre se trouve sur sa limite, ou même il est
exclu. A Lyon et à Genève, c'est à peu près sept jours qui est le minimum,
autant qu'on peut en juger par les courtes séries d'observations des environs
de Lyon. Dans le nord de l'Italie, le minimum se rapproche quelquefois
de huit jours, mais il fait plus chaud, ce qui produit une sécheresse
plus grande qu'en deçà des Alpes. Montpellier, Marseille, sont évidemment
des localités trop sèches. Les plaines de la péninsule ibérique
doivent être dans le même cas, si l'on en juge par la quantité de pluie à
Lisbonne, c'est-à-dire sur la côte la moins sèche. A l'autre extrémité de la
limite, dans les plaines de la Russie méridionale, ce doit être aussi la
sécheresse qui exclut l'espèce, car elle est grande à Odessa, par exemple. Il
est vrai que dans cette région les froids très rigoureux de l'hiver et la violence
des vents du nord deviennent aussi des obstacles.
En résumé, le Hêtre est exclu dans les plaines du sud-ouest par une
chaleur qui dépasse Zi500o au-dessus de 6% observée à l'ombre, et des
plaines du sud-est de l'Europe parla sécheresse de l'été. Il manque toutes
les fois que, dans l'un des mois chauds, il n'y a pas sept jours de pluie par
18 a 20° de température, ou huit jours par 22 à 23°.
Enfin, l'absence du Hêtre des îles Açores, et même de Madère, où il
réussit quand on le plante, ne s'explique pas aisément au moyen des causes
physiques actuelles. Il semble que ce soit un phénomène tenant à des
causes antérieures, car dans ces îles, le froid de l'hiver est nul, l'humidité
ne fait pas défaut, surtout aux Açores, et la température sur les montagnes
est assez fraîche, vu leur élévation (a). L'absence du Hêtre de ces archipels
doit donc appartenir aux faits de distribution antérieure, non de délimitation,
comme ceux dont je m'occupe en ce moment.
L'étude de la limite inférieure sur les montagnes complétera ce qui
précède.
(a) Les montagnes de Madère ont plus de 1730 mètres. En supposant un décroisse
ment de 1° par 150, la moyenne, d'après Funchal, serait de Sanî neu mol
au-dessus de 6°, ce qui produit la somme de 1998.
LIMITES EQUATORIALES DES ESPECES SPONTANÉES.
t . Morbus anciiparia, L.
'2!ii
\
Voici les chiffres de la température concernant la limite méridionale de
cette espèce :
VILLES.
1" Sur la limite, ou très près (en deçà).,
Penzance {a) . . . . ^ •
Paris (b)
Francfort-sur-le-Mein (a)
Munich (a)
Ukraine (c)
Tanibo-w (î/). . . . w
2° Hors de la limite,
Bordeaux (e) .
La Piochelle (a)'
Genève ( f )
Bude ou Ofen (a)
Odessa (g)
Lu^an (i), 48« 35'lat., 39" 21 ' long. E. P. .
ÉTÉ.
MOIS
LE
PLUS CHAUD,
MAXIMA
ABSOLUS.
0 o
d5,83 46,4
18,00 48,8 38,4
48,27 48,8
18,25 48,6
49,0 20,0 35?
18,6 49,9 33?
24,6
49,22 49,6 "
48,43 48,9 33,2
24,48 24,7 36? {h)
20,04 20,9 37,6
22,44 24,3
1
On peut croire d'après ces chiffres que ni la chaleur des trois mois
d'été, ni celle du mois le plus chaud, ni les maxima absolus qui arrivent de
loin en loin, ne sont bien exactement les causes qui arrêtent l'extension
de l'espèce vers le midi, A Genève, le Sorbus aucuparia ne vient pas spontanément
dans la plaine, et cependant la chaleur de l'été y est moins forte
que dans l'Ukraine et à Tambow, localités sur la limite ou en dedans. Il est
à peu près exact cependant de dire que l'espèce manque aux pays qui ont
plus de 18% 5 de moyenne estivale et plus de 19° pour le mois le plus
chaud.
La somme de chaleur, au-dessus de tel ou tel degré, qu'on supposerait
nécessaire à l'espèce, est, à Paris, de 3350 à /iOOO". A Genève, à Odessa,
(a) D'après les tableaux de Kamtz, Lehrhuch, v. Il, p. 88.
{h) Bouvard, observations de 1806-1834, dans Poisson, Chaleur, p. 463. Le maximum,
d'après Ch. Martins, Météor., p. 168.
(c) D'après Odessa et Koursk, le maximum estimé d'après Moscou (32^) et Odessa.
(d) Dove, Ueh, die nicht period. Âender., III, p. 21, moyenne de 1828-1834.
(e) Martins, dans Patria, p. 256. Observations de 1775-1784.
I f ) Observations de 1826-1846, relevé par G. Picot, Mém. soc., phys., v. X, p. 269.
(g) Observations de Wilkins et Morozow, inédites, de 1821-1831, à neuf heures du
matin et neuf heures du soir, corrigées pour le calendrier selon le procédé Kupffer.
(h) On a observé 35",4 à Prague, selon Martins, Météor., p. 168. Bude doit être plus
chaud.
(î) Dove, Ueh. die nicht period. Aender., Itl, p. 91, observations de 1838-1841.
16
•es.'.
: u
ÎÎ-" • •