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332 DEJLJMlTAriOiN m s ESPÈCES.
ailleurs. Les espèces alimentaires seront toujours celles que l'on s'efforce
de cultiver le plus loin possible. Les cultures industrielles, au con^
traire, sont l'apanage des régions chaudes ou tempérées et bien arrosées.
Elles y sont quelquefois si avantageuses qu'elles prennent tout le terrain,
et laissent le commerce approvisionner le pays de denrées alimentaires. '
Les moyens de transport sont aussi une des causes variables, qui
influent énormément sur les limites. Près des ports de mer, des rivières
navigables, et maintenant, près des lignes de chemins de fer, il convient de
cultiver certaines plantes et d'en abandonner d'autres. L'effet principal est
de cantonner dans les pays où elles prospèrent le plus, les cultures dont les
produits se vendent cher et permettent, par conséquent, des transports à
de grandes distances. Les denrées alimentaires qui constituent le fond delà
nourriture, et le bois à brûler, n'admettent guère des transports lointains;
il sera toujours avantageux de les obtenir de son voisinage, mais certains
fruits, certains légumes, les boissons, les huiles, le sucre, les produits
qui servent aux fabriques, peuvent supporter des frais de transport
d'autant plus élevés que leur qualité est supérieure. Il est donc aisé de
s'expliquer pourquoi les limites du maïs et de la pomme de terre se sont
étendues et s'étendent encore, et pourquoi l'olivier, la vigne, la canne à
sucre, le cotonnier, ont reculé dans plusieurs contrées européennes, ou
même ont disparu.
Les lois de douanes produisent des effets analogues". Elles amènent les
peuples à cultiver certaines plantes quand la concurrence des produits de
l'étranger se trouve diminuée ou empêchée, La liberté du commerce, au
contraire, fait abandonner, dans les localités peu favorables, les cultm^es
dont les produits se tirent avec plus d'avantage du dehors. La défense
de cultiver certaines plantes, le tabac, par exemple, ou des impôts excessifs
sur une culture, ont d'autres effets, tout aussi évidents.
La densité de la population, en modifiant le prix de la main-d'oeuvre et.
celui des terres, ainsi que la quantité des produits consommés, influe notamment
sur certaines cultures. La vigne, par exemple, ne convient pas à des
pays où la main-d'oeuvre est chère. C'est un des obstacles qu'elle rencontre
aux Etats-Unis. Le thé réussirait probablement très bien en Virginie, dans
la Caroline et le Tennessee, vu la grande ressemblance de conditions météorologiques
avec la Chine ; mais le travail exigé pour la préparation des
feuilles ne convient qu'à des pays oùla journée d'ouvrier est à bas prix(a).
Dans le voisinage des grandes villes, le vin, même mauvais, trouve un
fort bien imaginer des procédé, plus simples que ceux
culture de cet arbuste se répandrait aux Etats-Unis.
LIMITES POLAIRES DKS KSPKCES CULTIVEES. 333
débit avantageux. On explique de celte manière(¿) pourquoi la vigne se
cultive en grand près de Paris et s'étend jusqu'aux environs de Berlin. La
répartition même de la population, combinée avec des différences de climat
dans des pays rapprochés, influe sur les cultures. Ainsi pour tirer un
parti avantageux des rizières, de certaines cultures de blé sur une grande
échelle, de certains vignobles très étendus, il faut avoir à proximité une
population occupée d'autres choses et assez nombreuse pour donner une
grande quantité de travailleurs au moment des récoltes. Tantôt, ce sont les
habitants de coteaux salubres qui se répandent momentanément dans des
régions malsaines, tantôt des montagnards qui descendent dans la plaine
pour moissonner ou vendanger, avant l'époque de leurs propres récoltes.
Si l'on réfléchit à l'ensemble de toutes ces causes qui affectent les limites
des plantes cultivées, on verra que celles qui tiennent au produit net
influent beaucoup dans les pays où l'agriculture est variée, les moyens de
transport faciles et la population nombreuse et intelligente; tandis que les
causes physiques reprennent leur empire dans les pays peu favorisés de la
nature ou peu civilisés. Ainsi, les limites équatoriales, occidentales et orientales
des espèces cultivées, doivent être plus variables, plus difficiles à
expliquer par les conditions du climat, plus en désaccord avec elles que les
limites polaires. Celles-ci doivent se rapprocher des limites de plantes
spontanées lorsqu'elles se trouvent fort avant vers le nord, dans des pays
où le cultivateur a peu de ressources quant au choix des cultures et à
l'emploi de moyens artificiels.
Les plantes alimentaires sont les moins soumises aux variations provenant
des conditions sociales et économiques. Ce sont elles, par conséquent,
qui doivent attirer le plus notre attention. Toutefois, elles ont un inconvénient,
c'est le nombre prodigieux de leurs variétés. J'indiquerai cependant
les limites polaires de quelques-unes des principales espèces cultivées pour
la nourriture de l'homme; mais je laisserai de côté, par exemple, la
pomme de terre et le froment, à cause de l'impossibilité de découvrir dans
les assertions des auteurs quelles variétés sont cultivées dans chaque localité.
Je donnerai aussi les limites de la Vigne et du Dattier, afin de comparer
des cultures de plantes ligneuses et méridionales avec celles de
plantes herbacées et septentrionales. Je ne prétends point, comme on voit,
offrir un tableau des limites agricoles ; mais le but que je me propose ici,
comme pour les espèces spontanées, c'est de choisir quelques plantes afin
de constater le mode d'action du climat sur leurs limites. Dans ce but restreint,
certaines espèces cultivées sont bonnes à envisager, d'autant plus
(iï) Ch. Martins, dan? Palria, méléor., p. 191.
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