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5 3 2 • DE T/AIRE DES ESPÈCES.
Les faits sont semblables dans ces diverses familles. Ils s'accordent très
bien avec les tableaux antérieurs où les familles sont groupées un peu par
estimation. Il me semble donc inutile de chercher d'autres preuves. Les
plantes annuelles ont évidemment une aire plus vaste que les autres ; les
bisannuelles s'en rapprochent beaucoup, mais les nombres qui les concernent
sont si faibles que les proportions méritent peu de confiance ; les
plantes vivaces ont une aire moins étendue, puis les arbrisseaux et arbustes ;
enfin, les arbres ont l'aire la plus restreinte. En réunissant les espèces sous
les trois désignations qui expriment le mieux leur nature, Monocarpiennes,
Rbizocarpiennes (vivaces), et Caulocarpiennes (ligneuses), la diminution
de l'aire moyenne est encore plus évidente. Il y a donc une loi : L'aire
moyenne des espèces phanérogames est d'autant plus grande que leur
durée moyenne est plus petite.
Et si l'on se rappelle combien est vaste l'aire géographique des Mousses
et des Lichens, qui sont les plus petites Cryptogames et même les plus
petites plantes en général; si l'on fait attention à la taille relative des
espèces phanérogames annuelles, vivaces, arbrisseaux ou arbustes et
arbres, on reconnaîtra aussi que l'aire moyenne des espèces du règne
végétal est d'autant plus grande que leur taille moyenne est plus
petite.
En énonçant les faits généraux sous cette forme, je ne prétends pas
indiquer les causes de l'extension des espèces. Si les plantes annuelles ou
de petite taille ont une aire très grande, je ne prétends pas que ce soit
parce qu'elles sont annuelles ou parce qu'elles sont petites. Il y a probablement
des circonstances qui affectent plus particulièrement telle ou telle
catégorie de ces plantes, comme le nombre et la nature des graines, la
fréquence des espèces dans certaines régions de la terre, etc. Je m'occuperai
de ces causes variées dans les articles qui suivent.
ARTICLE VIL
AIRES MOYENNES fiELATlVES DES ESPÈCES SUIVANT LEURS FRUITS
ET LEURS GRAINES.
§ I. QUESTIONS A EXAMINER.
L'extension géographique des espèces dépend peut-être beaucoup
de leurs moyens de reproduction et de dissémination. Les unes ont une
grande quantité de graines ou de très petites graines; d'autres ont des fruits
ailés, des graines bordées de meml^ranes, des aigrettes (pappus) ou des
chevelures (coma). Leur faculté de germer se conserve Ion-ternes ou se
!
AIRE DES ESPÈCES SUIVANT LES FRUITS ET GRAINES. 533
perd vite; enfin, elles supportent plus ou moins bien l'immersion dans
l'eau et de longs transports par les courants, ou encore le séjour dans
l'estomac des animaux, qui peuvent les disséminer dans des pays éloignés.
Toutes ces circonstances doivent être étudiées. Elles expriment la valeur
des moyens de transports, et donnent l'explication, dans certains cas, de
rétendue considérable des habitations. Jusqu'à présent, on était obligé de
se borner à des conjectures, parce qu'on manquait de données exactes sur
l'aire relative des espèces. Les tableaux ci-dessus nous fournissent des
documents propres à scruter les divers points dont j'ai parlé.
§ I L AIRE DES ESPÈCES SUIVANT QUE LES FRUITS ET LES GRAINIIS ONT OU N'ONÏ
PAS DES AILES, AIGRETTES ET AUTRES APPENDICES,
Un naturaliste qui se laisserait diriger par des vues à priori^ n'hésiterait
pas à dire que les plantes pourvues, dans leurs fruits ou leurs graines,
d'appendices, tels que des ailes, des aigrettes (pappus), des chevelures
(coma), doivent offrir une extension géographique supérieure à la moyenne.
Le vent doit, en effet, s'emparer de ces appendices des organes reproducteurs
et peut les transporter à de grandes distances. D'ailleurs, quel serait
le but d'une pareille organisation, si ce n'est la dissémination des graines,
et quand le but est clair, pourquoi chercher davantage? On a souvent raisonné
de la sorte; mais les erreurs dans lesquelles on est tombé, les idées
fausses qui se sont propagées, ont ramené peu à peu la plupart des naturalistes
à des méthodes plus positives. Avant de présumer, on fait bien d'observer,
et si l'on raisonne à priori^ il faut, du moins, que ce soit en partant
de faits bien constatés qui servent de bases, et non en partant de
théories, conceptions plus on moins hasardées de notre cerveau.
En étudiant la distribution géographique des Composées, mon père (a)
remarquait déjà combien ces plantes sont locales, en dépit du nombre de
leurs graines et de la présence habituelle de l'aigrette. Il n'en connaissait
que huit sur 8500, qui fussent répandues dans des pays très éloign-is les
uns des autres, et la grande majorité était, au contraire, limitée à une seule
des régions que l'on distingue dans toute subdivision naturelle du globe.
J e me suis efforcé d'étendre et de préciser ce genre d'observations. Les
résultats auxquels j e suis arrivé me paraissent très dignes de l'attention
des botanistes.
Il ne fallait pas comparer en masse les familles dans lesquelles les pappus,
coma, ou ailes existent, avec le reste des Phanérogames, car le nombre des
familles delà première catégorie est trop petit. Il se pourrait, d'ailleurs, que
(a) Collection de Mémoirea^ X, p. i J.
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