8 8 DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
même méthode, puisqu'on partirait également de l'idée inexacte que la
végétation de l'espèce commence et finit dans tous les points de sa limite
aux mêmes jours de l'année. Pour moi, bien persuadé que les plantes ne
s'inquiètent pas de nos divisions arbitraires du calendrier, mais commencent
et finissent de végéter activement sous certaines températures, je vais
essayer de la méthode des sommes à partir d'un degré déterminé du
thermomètre. Voici les chiffres pour Casan, où l'espèce manque, pour
Moscou, près de laquelle on la trouve encore, et pour Tambow, qui est
au midi de la limite, au sud-est de l'une des villes et au sud-ouest de
l'autre (a).
1
VILLES,
SOMMES A PARTIR DE
5" 70
OùTespèce manque.
Casan . .
Où elle existe.
2295« 2251« 2200- 2140«
Moscou
Tambow
257/^
2678
2524
2639
2473
2585
2405
2525
Ces chiffres sont parfaitement clairs. J'aurais pu ajouter ceux de Wilna,
qui sont, par exemple, de 2570 degrés à partir de 6 degrés, mais cela suffit
pour montrer qu'en Russie, au midi de la limite, les sommes sont toujours
d'accord avec les faits, du moins quand on considère des températures à
partir de 5 à 8 degrés environ, sous lesquelles, probablement, l'espèce
commence et achève le cycle de ses fonctions végétatives.
Je voudrais beaucoup qu'une connaissance plus complète de sa manière
de vivre me permît d'affirmer qu'elle commence avec tel degré de température
et qu'elle finit soustel autre; mais, sur ce point, j'en suis réduit à des
indications un peu vagues. La plante fleurit à Moscou au mois de juin, et
dans cette localité, la moyenne de mai est de 12°,5, celle d'avril de ;
elle fleurit à Paris en mai et juin, et lamoyenne d'avril est de 10",0, celle
de mars de 6%7. La comparaison des sommes à Casan et à Moscou me fait
croire que l'hypothèse de 8 degrés serait trop, car alors, vu la différence des
sommes, la limite devrait passer plus loin de Casan qu'elle ne passe en
réalité. L'étude des sommes de température dans les localités plus occidentales
prouvera peut-être quelque chose à cet égard. Je vais les donner, en
répétant les chiffres de Moscou et Casan comme termes de comparaison.
(a) Voyez le tableau de concordaace des climats, p. 64, 68.
LIMITES POLAIRES DES ESPÈCES SPONTANÉES, 89
SOMMES A PARTIR DE
VILLES.
6"
1 70 8" •
ΰ Sur la limite ou à peu près.
2574" 2524° 24730 . 2405»
Entre Koenigsberg et Mitau (a) 2496 2352 2279
2769 2711 ,, 2635 2546
• Kinfauns , Ecosse. 2559 2436 2281 2089
2° Hors de la limite.
2295 2251 2200 2140
2331 2268 2185 2104
UllensYan^, Norwége 2506 2428 2358 2269
Maintenant nous ne pouvons plus douter que l'hypothèse de 8°
ne fût trop forte, car si l'espèce s'arrange en Ecosse de 2089° à partir de
pourquoi n'avancerait-elle pas jusqu'à Casan , Stockholm, TJllensvang ,
qui ont des chiffres supérieurs? Le minimum de 7"* ne cadre pas avec
les chiffres de Kinfauns et Ullensvang. On peut hésiter entre 6" et
comme température nécessaire à l'espèce. Si l'on passait à des hypothèses
fondées sur 3% etc. , on verrait les chiffres de l'Ecosse
augmenter beaucoup plus que les autres, le froid de l'hiver étant insignifiant
dans ce pays, et l'on aurait à se demander alors pourquoi l'espèce
n'avance pas jusqu'aux îles Orcades par exemple.
Je m'arrête volontiers à ceci, que l'espèce exige 2 hbO'^ environ^
à partir de 6". Cette supposition s'accorde avec tous les faits actuellement
connus. Je dis 2/i50% parce que les localités où l'espèce a été
trouvée en Écosse sont peut-être un peu plus chaudes que Kinfauns.
Le chiffre supérieur de Copenhague répond à la circonstance que l'espèce a
pénétré dans le midi de la Suède, où la somme doit être environ de 2/iOO®,
A Moscou le chiffre est plus élevé, , mais nous ne savons si l'espèce ne
s'avance pas de quelques lieues au nord de cette ville, dont les moyennes
publiées m'ont paru d'ailleurs dépasser un peu les chiffres probables.
L'hypothèse énoncée s'applique mieux à la partie orientale de la limite
qu'à la partie occidentale, mais ceci même est favorable à la méthode, car
dans l'est, le défaut de chaleur est la seule influence possible, tandis que
vers l'ouest, l'humidité joue un rôle. D'ailleurs les limites de l'espèce y
sont variables et peu assurées. J'ai voulu vérifier si, par hasard, la quantité
(a) Pour éviter l'incertitude provenant de ce que les moyennes de Koenigsberg sont
Honnées comme plus faibles que celles de Mitau, ville plus au nord, je prends les chiffres
intermédiaires, ]a limite de Tespèce passant à peu près à égale distance des deux villes.
Mlif f i
n.' i
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