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planté dans le sol où a vécu un pêcher végèle mal et produit peu, cela ne
prouve pas que les espèces soient complètement exclues par Teflet de leur
culture antérieure, carune diminution de produits n'est pas une exclusion.
L'observation des phénomènes naturels conduit à quelque chose de plus
absolu. Il semble que, dans certains cas, des espèces deviennent impossibles
sur le terrain où elles ont, vécu longtemps. Ainsi, d'après M, Bureau
de la Malle, les plantes d'une prairie naturelle ne durent pas sur la môme
place exactement; mais à la suite d'une espèce, il en vient une différente
(a). M. Le Gall (Congrès se. Fr. , i8Zi9, v. 1, p. 87), qui parait
avoir bien étudié les prairies de la Bretagne, confirme cette rotation naturelle.
Il croit qu'elle est plus sensible dans les prairies abandonnées à
elles-memes que dans les prairies convenablement entretenues. Dans tous
les pays du monde, lorsqu' une forêt est brûlée ou abattue, il revient immédiatement
d'autres espèces {h) ; l'essence fait place à une recrue. Celleci
a une durée déterminée, qui est encore un phénomène du même genre.
M. Bureau de la Malle {Ann, sc. nat., V, p. 357) dit que pour les forêts
du Perche, la recrue dure 290 à 330 ans, après quoi l'essence primitive
revient. M. Paul Laurent (c) a recueilli quelques documents historiques,
d'après lesquels, dans le cours naturel des choses, sans aucune destruction
qui amène des conditions nouvelles de lumière et de terrain, les forêts
subissent, pendant la durée des siècles, une transformation de leur essence.
Telle forêt d'Europe qui, dans le moyen âge, était de hêtre, se trouve aujourd'hui
de chêne, ou vice versa.
Je reviendrai sur ces phénomènes à la fin du chapitre actuel. Dans ce
moment, je les regarderai comme démontrés et m'attacherai à examiner
leurs causes. •
Les cultivateurs présument volontiers que chaque espèce ou chaque
catégorie de plantes se nourrit de matières différentes, en absorbe du
moins dans des proportions différentes, de sorte qu'à moins d'engrais nouveaux,
appropriés à leurs besoins, le sol devient impropre à ces espèces. Les
chimistes modernes ont souvent appuyé cette manière de ^oir. Elle n'est
pas sans valeur quand il s'agit de plantes dont on enlève chaque année
les produits en grande quantité, et pour lesquelles on tient, non pas précisément
à ce que la plante vive, mais à ce qu'elle continue de produire
(a) Ann. sc. nat., V. p. 375. L'auteur a suivi pendant trente ans la lutte des graminées
et des légumineuses dans la même prairie, lutte qui a ses succès alternatifs.
(b) Voir pour les États-Unis, Lyell, Second Visit, to the Un. Stat., I, p. 330 ; Mackensie,
Voy. 1769, v. 1, p. 360, trad, franç. ; et pour le Brésil, Saint-Hil., Ann.'sc. nat.,
XXIV, p. 77.
(c) De ralternance des essences forestières, dans Mém. soc. sc., lettres et arts de
Nancy, 1850, p. 122.
CAUSES LOCALES DÉTERMINANT LES STATIONS.
avec abondance. Elle s'applique moins bien aux végétaux spontanés, car
nous avons vu qu'ils trouvent dans tous les sols un certain mélange de
substances et qu'une petite quantité de chacune leur suffit pour vivre,, si
même elle est rigoureusement nécessaire, ce dont il est permis de douter.
D'ailleurs, dans les forêts ou les prairies livrées à elles-mêmes, il paraît se
manifester une alternance naturelle, quoique les feuilles, les chaumes et les
graines retombent dans le terrain qui les a produits et lui restituent ses
éléments.
Mon père a émis jadis une hypothèse dont M. Macaire a cru démontrer
la réalité par des expériences ingénieuses. Les racines auraient la propriété
de sécréter des substances qui rendraient le sol impropre à la végétation
des espèces auxquelles ces racines appartiennent. Les expériences de
M. Macaire ont été souvent répétées et contestées. Peut-être le mot de
sécrétion est-il trop absolu, dans ce sens qu'il exprime une production
régulière et nécessaire des organes ; mais qu'il y ait dans la présence des
racines et de la partie inférieure des tiges dans le terrain, une cause qui
altère sa composition chimique et qui peut le vicier pour certaines plantes,
c'est ce dont il est difficile de douter. Quand il s'agit de plantes laiteuses, la
simple turgescence des cellules produit accidentellement, mais assez fréquemment,
une expulsion de la matière laiteuse. On le voit sur les feuilles
et les tiges; probablement, il en est de même le long des racines. La moindre
piqûre d'insectes, la moindre lésion et les changements brusques dans la
circulation intérieure des liquides amènent ce résultat. Les gommes etles
résines suintent sous forme de gouttelettes. Ainsi, les résultats que l'on a attribués,
dans les expériences de M. Macaire, à deslésions de racines ou à des
expulsions accidentelles, tiennent peut-être bien à ces causes; mais qu'importe,
si dans la nature ces mêmes accidents ne sont pas rares? De plus,les
vieilles racines se rident à la surface; elles déposent des fragments autour
d'elles, à peu près comme les troncs d'arbres. Il y a aussi des portions de racines
qui meurent et qui se pourrissent. La preuve en est que^ près du
tronc d'un arbre et autour de ses plus vieilles racines, il y a peu de
petites racines, tandis que plusieurs années auparavant, cette région
était occupée par un chevelu très épais. Les détritus de racines contiennent
du tannin et d'autres substances, suivant les espèces. Ainsi, il est évident
que la présence prolongée d'une espèce altère le sol, par l'effet de déjections
irrégulières des racines et de leurs ramifications. A côté de cet
effet incontestable, une excrétion proprement dite, vers l'extrémité des
racines, aurait moins d'importance. Elle serait, dans tous les cas, si
faible, que d'ordinaire, on ne s'en apercevrait pas (a). Il resterait à prou-
(a) Dutrocliet, a montré que dans les phénomènes d'endosmose, tontes )es fois qu'il y n
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