r.
: if f
^ II
.1 M
l i i
' lii
M 3
h
. S'
1H» !i (
'1 C-il
•niiîsi
/l(30 HKPAKTITION UES INDIVIDUS DANS L'HABITATION DE L'ESPECK.
plutôt le mode de d'Urville, en le modifiant selon la grandeur du paj's et la
diversité de ses parties. Il n'est point nécessaire de suivre pour ces deux
ordres de faits le même système de graduation. L'essentiel serait d'avoir
exploré le pays uniformément, de manière à ne pas attribuer à l'ensemble
ce qui est propre à une partie.
La plupart des auteurs ont si bien senti les difficultés de ces appréciations
numériques, dans l'état actuel des connaissances, qu'ils ont préféré
les désignations plus vagues du langage ordinaire. M. Boreau (Fl. dticentre
de la France) caractérise la fréquence des espèces dans le domaine de sa
Flore, par six termes : très commune (CC.), commune (C.), assez commune
(kÇ..), assez rare(kR.), rare (R.), très rare (RR.). M. Fùrnrohr,
dans sa Topographie de Ratishonne (II, p. xi), a également admis 6 degrés,
avec des termes analogues. MM. Cosson et Germain (FZ. Paris, I,
p. xxvii) en ont employé huit. Malgré ces exemples, un grand nombre
d'auteurs persistent à employer des désignations moins nombreuses encore
et moins précises, telles que plante très commune, commune, rare, très
rare, sans attacher aux expressions un sens plus arrêté que dans le langage
ordinaire. Entre un vague complet et les chiffres trop multipliés de la
méthode de M. Heer, et surtout de celle de d'Urville, il me semble qu'on
peut adopter un milieu, comme l'ont fait MM. Boreau, Fùrnrohr, Cosson et
Germain, etc. L'état des connaissances sur les diverses localités du pays
dont on parle doit guider à cet égard. Il faut éviter surtout de donner, par
l'emploi de chiffres, l'apparence d'une précision qui ne serait pas dans les
documents dont on dispose.
De ce que nous venons de dire, il résulte qu'on doit envisager la fréquence
des espèces sous deux points de vue : la fréquence dans chaque
localité et la fréquence dans le pays en général. En suivant le premier
point de vue, on considère les espèces comme plus ou moins sociales, ou
abondantes, selon les expressions de M. Thurmann; en suivant le second,
comme plus ou moins répandues, selon l'expression du même auteur. Le
premier point de vue s'applique surtout à la régularité ou irrégularité du
groupement des individus ; le second touche à une notion géographique, l'extension
de l'espèce, dont nous nous occuperons plus tard. C'est, pour ainsi
dire, r extension en dedans de l'habitation.
§ I I . DE L'ASSOCIATION ET DE L'ISOLEMENT DES INDIVIDUS DANS CHAQUE LOCALITÉ,
SOIT DU DEGRÉ D'ABOKDANGE.
Une agglomération très apparente peut être un état fortuit, ou un état
habituel pour une espèce. Les mêmes causes déterminent ce résultat; seu~
DU DEGRÉ DE FRÉQUENCE DES ESPÈCES, M l
lement, certaines espèces se trouvent accidentellement, et d'autres habituellement,
sous leur empire.
Les causes d'agglomération sont d'une double nature :
1° La constitution de chaque espèce. Il y a des plantes qui nuisent
beaucoup à leurs voisines, par la rapidité de leur croissance (saules et
autres bois blancs parmi les arbres), par la durée de leurs souches (graminées
et cypéracées vivaces), par l'ombre épaisse de leur feuillage (Fagus
sylvatica, Abies), peut-être par certains détritus de leurs feuilles ou de
leurs racines contenant, par exemple, du tannin (chênes), de la résine (conifères,
etc.). D'autres espèces ont une abondance extraordinaire de graines,
que le vent ne peut pas disperser aisément, ou qui germent promptement
et constamment (Atriplex, Mercurialis, Capsella, Lychnis Githago, Papaver
Rhoeas, etc.). Enfin, certaines plantes sont douées de moyens de multiplications
extraordinaires par divisions ou ramifications (Potamogeton, Villarsia,
Ranunculus aquatilis, Utricularia vulgaris et autres plantes aquatiques,
Equisetum, Fragaria, etc.). Dans ces divers cas, la nature même des espèces
tend à les rendre sociales.
2" Les conditions de chaque station ou localité, qui agissent comme
nous l'avons vu (art. 2), directement ou indirectement, ou encore à la fois
par les deux modes sur les espèces. Ainsi, la présence de matières azotées
favorise directement la multiplication des plantes rudérales ; celle de matières
salines favorise les espèces maritimes; la chaux est favorable aux légumineuses,
par exemple, à divers Trifolium (a), ce sont des causes locales
directes. Les terrains desséchés, sablonneux, les eaux douces ou salées,
les marais, les terrains salés, les forêts épaisses, en général, toutes les stations
fortement caractérisées, excluent un si grand nombre d'espèces,
qu'elles permettent à celles qui s'en accommodent de s'y multiplier avec
une grande abondance. Les plantes maritimes et les plantes submergées
deviennent sociales par action directe et indirecte à la fois. Les bruyères
dans les lieux stériles, les plantes nivales, et en général, les plantes alpines,
les plantes des graviers, beaucoup d'espèces des prairies trop humides ou
trop sèches, deviennent sociales par ces causes extérieures.
Parmi les conditions de chaque localité, les circonstances tenant au climat,
qui influent d'une manière puissante sur la limite géographique des
espèces, paraissent avoir peu d'effet sur l'abondance des individus en un
point donné. La proximité du point où la température, par exemple, ne permet
plus à une espèce de vivre, ne l'empêche pas d'être sociale, du moins
(a) En rompant le sol des moors, terrains tourbeux, du nord de l'Angleterre, et en
donnant de la chaux, il naît du Trifolium repens en içrande abondance {Winch essav, etc
T éd., p. 17). ^
si-'in
î®
r
i I
I î?
-m
f