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refpirér le fpeftateur, & de ménager fon attention ÿ
en ne la-furchargeant pas par la repréfentation continue
de l’aéfion ,' & d’accorder au poëte la facilité
de fouftraire aux yeux des fpeûateurs certaines cir-
conftances, foit par bienféance, foit par néceffité ;
ce qu’on appuie de l’exemple des poëtes Latins, &
des préceptes des meilleurs critiques.
Jufque- là la divifion d’une tragédie en actes paroît
fondée ; mais eft-il abfolument neceffaire qu’elle foit
en cinq actes, ni plus ni moins ? M. l’abbé Vatry, de
qui nous empruntons une partie de ces remarques,
prétend qu’une piece de theatre pourroit être également
bien diftribuée en trois actes, &c peut-être même
en plus de cinq , tant par rapport à la longueur
de la piece, que par rapport à fa conduite. En effet,
il n’eu pas effentiel à une tragédie d’avoir quinze ou
feize cents vers. On en trouve dans les anciens qui
n’en ont que mille , & dans les modernes qui vont
jufqu’à deux mille. Or dans le premier cas, trois intermèdes
feroient fuffifaris ; & dans le fécond, cinq
ne le feroient pas , félon le raifonnement de l’abbe
d’Aubignac. La divifion en cinq actes eft donc une
réglé arbitraire qu’on peut violer fans fcrupule. Il
peut fe faire , conclut le même auteur , qu’il convienne
en général que la tragédie foit en cmq<zctes,
& qu’Horace ait eu raifon d’en faire un précepte ;
& il peut être vrai en même tems qu’un poëte feroit
mieux de mettre fa piece en trois, quatre, ou fix actes
, que de filer des actes inutiles ou trop longs, em-
barraffés d’épifodes, ou furchargés d’incidens étrangers
, &c. M. de Voltaire a déjà franchi l’ancien préjugé
, en nous donnant la mort de Céfar, qui n’eft pas
moins une belle tragédie , pour n’être qu’en trois
actes.
Les actes fe divifent en fcenes, & Vofîîus remarque
que dans les anciens un acte ne contient jamais
plus de fept fcenes. On fent bien qu’il ne faudroit
pas trop les multiplier, afin de garder quelque proportion
dans la longueur refpe&ive des actes; mais il
n’y a aucune réglé fixe fur ce nombre. Voff. Infl.po'èt.
lia. II. Mém. de l ’Acad. tom. V III. pag. 188. & fuiv.
Comme les entr’actes parmi nous font marqués par
une fymphonie de violons, ou par des changemens
de décorations, ils l’étoient chez les anciens par une
toile qu’on baiffoit à la fin de Y acte , & qu’on rele-
yoit au commencement du fuivant. Cette toile, félon
Donat, fe nommoitfîparium. Voffius, Inflit.poèt.
lib. II.
ACTES , f. m. pl. fe dit quelquefois en matière
de Sciences, des mémoires ou journaux faits par une
fociété de gens de lettres. On appelle les actes de la
fociété royale de Londres, transactions ; ceux de l’académie
royale des fciences de Paris, mémoires; ceux
de Leipfic font nommés fimplement actes, ou acta eru-
ditorum,&CC. Voye{ SOCIÉTÉ J R O YALE, ACADÉMIE, ournaux. (O )
Actes des Apôtres , f. m. plur. {Théolog. ) Livre
facré du Nouveau Teftament, qui contient l’hif-
toire de l’Eglife naiffante pendant l’efpace de 20 ou
30ans, depuisl’Afcenfion de N. S. Jefus-Chrift, jufqu’à
l’annee 63 de l’ere chrétienne. S. Luc eft l’au-
leur de cet ouvrage, au commencement duquel il fe
nomme, & il l’adreffe à Théophile , auquel il avoit
déjà adreffé fon évangile. Il y rapporte les a étions
des apôtres, & prefque toujours comme témoin oculaire
: de-là vient que dans le texte G re c, ce livre
«eft intitulé ‘arpaZt/ç , actes. On y voit l’accompliffe-
ment de plufieurs promeffes de J. C. fon Afcenfion ,
la defcente du S. Efprit, les premières prédications
des apôtres, & les prodiges par lefquels elles furent
confirmées , un tableau admirable des moeurs des
premiers chrétiens ; enfin tout ce qui fe paffa dans
l’Eglife jufqu’à la difperfion des apôtres, qui fe partagèrent
pour porter l ’évangile dans tout le monde.
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Depuis le point de cette féparation , S. Luc abandonna
l’hiftoire des autres apôtres, dont il étoit trop
éloigné, pour s’attacher particulièrement à celle de
S. Paul, qui l’a voit choifi pour fon difciple & pour
compagnon de fes travaux. Il fuit cet apôtre dans
toutes fes millions , & jufqu’à Rome même , oii il
paroît que les actes ont été publiés la fécondé année
duféjour qu’y fit S. Paul, c’eft-à-dire, la 63e année
de l’ere chrétienne , & la 9e & ioe de l’empire de
Néron. Au refte le ftyle de cet ouvrage , qui a été
compofé en Grec, eft plus pur que celui des autres
écrivains canoniques ; & l’on remarque que S. Luc
qui poffédoit beaucoup mieux la langue Greque que
l’Hebraïque, s’y fert toujours de la verfion des Septante
dans les citations de l’Ecriture. Le concile de
Laodicée met les actes des apôtres au nombre des livres
canoniques, & toutes les églifes l’ont toûjours
fans conteftation reconnu comme tel.
Il y a eu dans l’antiquité un grand nombre d’ouvrages
fuppofés, & la plupart par des hérétiques ,
fous le nom Pactes des apôtres. Le premier livre de
cette nature qu’on vit paroître , & qui fut intitulé
Actes de Paul & de Thecle, avoit pour auteur un prêtre
, difciple de S. Paul.-Son impofture fi.it découvèrte
par S. Jean; &. quoique ce prêtre ne fe fût porté à
compofer cet ouvrage que par un faux zele pour fon
maître, il ne laiffa pas d’être dégradé du facerdoce.
Ces actes ont été rejettés comme apocryphes par le
pape Gélafe. Depuis, les Manichéens luppoierent
des actes de S. Pierre & S. Paul, où ils femerent leurs
erreurs. On vit enfuite les actes de S. André, de S .
Jean, & des apôtres en général, fuppofés par les mêmes
hérétiques, félon S. Epiphane, S. Auguftin, &
Philaftre ; les allés des apôtres faits par les Ebionites;
le voyage de S. Pierre fauflëment attribué à S. Clément
; Yenlevement ou le raviffement de S. Pau l, compofé
par les Gafanites, & dont les Gnoftiques fe fer-
voient aufîî ; les actes de S. Philippe & de S. Thomas ,
forgés par les Encratiques & les Apoftoliques ; la mémoire
des apôtres , compofée par les Prilcillianites ;
Y itinéraire des apôtres, qui fut rejetté dans le concile
de Nicée ; & divers autres dont nous ferons mention
fous le nom des fe&es qui les ont fabriqués. Act. apof
tol. Hieronim. de Viris illujt. c. vij. Chryfoftom. in
Act. Dupin, Differt.prélim.furleNouv. Tejl. Tertull.
de Baptifm. Epiphan, heref. VIII. n° 47 & 6'i. Saint
Aug. defide contr. Munich. & tract, in Joann. Philaftr.
heref. 48. D upin, Biblioth, des auteurs eccléf. des trois
premiers Jîecles.
A c t e d e FOi,fub.m. ( Hift. mod.') dans les pays
d’inquifition en Efpagne, auto da f é , eft un jour Solennel
que l’inquifition affigne pour la punition des
hérétiques, ou pour l’abfolution des accufés reconnus
innocens. Voye1 I n q u is it io n .
L ’auto fe fait ordinairement un jour de grande fête
, afin que l’exécution fe faffe avec plus de folen-
nité & de publicité : on choifit ordinairement un
dimanche.
D’abord les criminels font amenés à Yéglife où on
leur lit leurfent;ence ou de condamnation ou d’ab-
folution. Les condamnés à mort font livrés au juge
féculier par les inquifiteurs, qui le prient que tout fe
paÔe fans effufion de fang ; s’ils perféverent dans
leurs erreurs, ils font brûlés vifs. (G )
A c t e , f. m. ( Droit & Hift. mod. ) fignifie déclaration
, convention, ou Jlipulation , faite par ou entre
des parties, en préfence ôc par le rainiftere d’officiers
publics, ou fans leur miniftere, & hors de leur
préfence.
En Angleterre l’expédition des actes fe fait de deux
maniérés différentes : ou l’expédition eft dentelée,
ou elle ne l’eft pas.
L’expédition dentelée , eft celle dont le bord d’en-
haut ou du côté eft découpé par çraos , & qui eft
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fcellée du cachet de chacune des parties Contraélân-
tes ; au moyen de quoi, en la rapprochant de la portion
de papier ou de parchemin dont elle a été fepa-
rée, il eft aifé de voir fi c’eft elle-même qui a été délivrée,
ou fi elle n’a point été contrefaite.
AJ expédition non dentelée eft celle qui eft unique,
comme dans-les cas où il n’eft pas befoin que les deux
parties ayent une expédition chacune. Voye£ Mi-
parti.
Les actes font ou publics ou particuliers ; ceux-là
font de jurifdiélion volontaire, ou de jurifdiâion con-
tentieufe.
Les actes de jurifdiâion volontaire, qu’on appelle
auffi actes authentiques, font tous les contrats, obligations
, tranfaélions, ou décharges, paffés par-devant
Notaires.
Les actes de jurifdi&ion contentieufe font tous ceux
qui fe font en Juftice, pour intenter une aâion, &
la pourfuivre jufqu’au jugement définitif.
Les actes privés , font ceux qui fe paffent de particulier
à particulier, fansjle miniftere d’Officiers publics,
tels que les billets , quittances', baux, ou tous
autres faits fous fimple fignature privée.
Acte d’appel, eft celui par lequel une partie qui fe
plaint d’un jugement, déclaré qu’elle s’en porte ap-
pellante.
Acte d'héritier, eft toute démarche ou aftion, par.
laquelle il paroît que quelqu’un eft dans la difpofition
de fe porter héritier d’un défunt.
Acte de notoriété. Voye^ NOTORIÉTÉ.
Acte du Parlement, en terme de Jurifprudence An-
gloife, eft fynonyme à Ordonnance. Cependant les
Jurifconfult.es du pays mettent quelque différence
entre ces deux termes. Voye^-la au mot Ordonnance.
(JT)
Acte , f. m. en terme, de Palais, fignifie attejlation
donnée par les Juges pour conftater quelque circonfiance
de fait ou.de procédure. Ainu l’une des parties
, par exemple , qui a mis fon inventaire de production
au greffe, en demande acte. Un avocat dans
fes écritures ou dans fon plaidoyer demande acte de
quelque aveu fait en juftice par fa partie adverfe ,
& favorable à la fienne ; mais il faut obferver que ce
terme n’eft d’ufage qu’au Parlement : dans les Jufti-
ces inférieures .on ne dit pas demander acte , mais demander
lettres. Voye%_ Lettres.
On appelle auffi acte au Palais , l’attention que
donne un greffier , ou autre perfonne ayant caractère
en juftice, qu’une partie s’eft préfentée , ou a
fatisfait à telle ou telle formalité ou procédure. C ’eft
en ce lens qu’on dit un acte de comparution, pour l’at-
teftation qu’une partie a comparu ; un acte de voyage,
pour l’atteftation qu’une partie s’eft tranfportée de
tel lieu en tel autre, à l’effet de pourfuivre lôn droit,
ou de défendre à la demande contre elle formée.
C ’eft dans ce lens auffi qu’on appelle acte de célébration
de mariage, le certificat par lequel le curé attelle
.qu’il a été célébré entre tel & telle. (H')
* ACTEON, n. p. (MythJ) un des chevaux qui con-
duifoient le char du loleil dans la chûte de Phaéton.
Acteôn fignifie lumineux. Les autres chevaux compagnons
d’Aétéon s’appellent Erythreus, Lampos, &
Philogeus ou Aerfon , P y rois f Eous, & Phlégon, félon
qu’on en voudra croire, ou le poëte Ovide, ou Ful-
gence le Mythologue. Ovide appelle celui-ci Æthon.
ACTEUR fe dit de tout homme qui agit. Voyeç Acte^, Action , Avocat.
Acteur , en parlant du Théâtre , fignifie un homme
qui joue un rôle dans une piece , qui y repréfente quel-
’.que perfonnage ou caractère. Les femmes fe nomment
actrices , & tous font compris fous le nom général
fYacteurs.
Le Drame originairement ne confiftoit qu’en un
.Jimple choeur qui chaiitoit des hymnes en l’houneur
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de Bacchus , de forte que les premiers acteurs n’é»
toientque des chanteurs & des muficiens. Voye^ Pe r*
s o n n a g e , T r a g é d ie , C a r a c t è r e , C h oe u r .
Thefpis fut le premier qui à ce choeur très-infor-1
me mêla , pour le foulager, un déclamateur qui ré*
citoit quelqu’autre aventure héroïque ou comique.
Efchyle à qui ce perfonnage feul parut ennuyeux,
tenta d’en introduire un fécond, & convertit les anciens
récits en dialogues. Avant lu i, les acteurs barbouilles
de lie , & traînés fur un tombereau, amu-
foient les paffans : il donna la première idée des théâtres
, & à fes acteurs des habillemens plus majeftueux ,
& une chauffure avantageufe qu’on nomma brode-
quins ou cothurne. Voye{ BRODEQUIN.
Sophocle ajoûta un troifieme acteur , & les Grecâ
fe bornèrent à ce nombre; c’eft-à-dire, qu’on regarda
comme une réglé du poëme dramatique de n’admettre
jamais fur la fcene plus de trois interlocuteurs
à la fois : réglé qu’Horace a exprimée dans ce vers,
N te quarta loqui perfona laboret.
Ce qui n’e.mpêchoit pas que les troupes de Comédiens
ne fuflent plus nombreufes : maisielon Voffius,,
le nombre de tous les acteurs néceffaires dans une
piece ne devoit pas excéder celui de quatorze. Avant
l’ouverture de la piece , on les nommoit en plein
théâtre, & l’on avertiffoit du rôle que chacun d’eux
avoit à remplir. Les modernes ont quelquefois mi»
fur le théâtre un plus grand nombre d’acteurs pour
augmenter l’intérêt par la variété des perfonnages
mais il en a fouvent réfulté de la confufion dans la
conduite de la piece.
Horace parle d’une efpece Yacteurs fecondaires en
ufage de fon tems, & dont le rôle confiftoit à imiter
les acteurs du premier ordre, & à donner à ceux - c i
le plus de luftre qu’ils pouvoient en contre - faifant
les Nains. Au refte on lait peu quelles étoient leurs
fonctions.
Les anciens acteurs déclamoient fous le malquç ,
& étoient obligés de pouffer extrêmement leur vo ix
pour fe faire entendre à un peuple innombrable qui
rempliffoit les amphitéatres : ils étoient accompagnés;,
d’un joueur de flûte qui préludoit, leur donnoit le
ton , & joiioit pendant qu’ils déclamoient.
Autant les acteurs étoient en honneur à Athènes ,
où on les chargoit quelquefois d’ambaffades &c de
négociations , autant étoient-ils meprifés à Rome :
non-feulement ils n’avoient pas rang parmi les citoyens,
mais même lorfque quelque citoyen montoit,
fur le théâtre, il étoit chafle de la tribu, & privé du
droit de fuflrage par les Cenfeurs. C’eft ce que dit
expreffément Scipion dans Cicéron cité par Saint Auguftin,
liv. IL de la cité de Dieu, chap. xiij. cîim ar-
tem ludicramfcenamque totam probro ducerent, genus id
hominum, non modo honore reliquorum civium, fedetiam
tribu moveri notatione cenforiâ voluerunt ; & l’exemple
de Rofcius dont Cicéron faifoit tant de cas , ne
prouve point le contraire. L’orateur eftime à la v érité
les talens du comédien : mais il fait encore plus
de cas de fes vertus , qui le diftinguoient tellement
de ceux de fa profeffion, qu’elles lembloient devoir
l’exclure du théâtre. Nous avons à cet égard à-peu-
près les mêmes idées que les Romains : & les An-
glois paroiffent avoir en partie adopté celles des.
Grecs. (G )
ACTIAQ UE S, adj. {Hift, anc.) ont été des jeux
qu’Augufte inftitua, ou félon d’autres, renouvella
en mémoire de fa fameufe victoire qu’il avoit remportée
fur Marc-Antoine auprès d’Actium. Voy. Jeu.
Stephanus & quelques autres après lui ont prétendu
qu’on les celebroit tous les trois ans : mais la
plus commune opinion, fondée fur le témoignage de
Strabon qui vivoit du tems d’Augufte, eft que ce
n’étçit, que tçws le? çijiq ans ? & qu’en les çélehroiç