voir Kircher. Foyei^ (Edip. Ægipt. tom lll.p . '48y',
( O I . . H H m j
* AVERSE, ( Geog. ) ville d’Italie, au royaume
de Naples, dans la terre de Labour, Long. 31. So.
lat. 4/.
AVERSION, f. f. (Med.') c’eft l’aâion de détourner
les humeurs vers une partie oppofée, foit par
révulfion, dérivation, ou répullion. Foye^ D é r i v
a t i o n , R é v u l s io n .
A v e r s io n , lignifie aufli naufèe , dégoût, & l’on
s’enfert pour exprimer l’horreur que l’on a pour certains
alimens.
A v e r s io n , chez quelques auteurs, lignifie le dérangement
de I’uterus , que les anciens ont cru fortir
de fa place’dans les maladies hyftériques. Foye^ Hy s t
é r iq u e . ( N )
AVERTI, adj. (en Manege)pas averti, pas écouté,
eft un pas réglé &c foûtenu, un pas d’école. On difoit
autrefoisun pas racolt dans le même fens. Foyer Pas,
A l l u r e . ( F )
*AVERTIN ou A VORTIN, f. m. ((Econ. rußiq.)
maladie des bêtes aumailles, qu’on appelle aufli vertige,
ètourdijjement, fang ,folie , & tournant, & dans
laquelle elles tournent, fautent, cefTentde manger,
bronchent , & ont la tête & les pies dans une grande
chaleur. Le foleil de Mars & les grandes chaleurs la
donnent aux brebis.
Pour la guérir, on faigne les bêtes à la tempe, ou
à la veine qui paffe fur le nez ; alors la bête s'évanouit,
& meurt quelquefois. Pour éviter la faignée ,
on prend des bettes fauvages, on en exprime le fuc ;
on en met dans le nez de la bête malade ; on lui fait
manger de la plante; on lui coule aufli dans les or eil-,
les du jus d’ôrvâle.
Vavertin donne lieu à l’aélion rédhibitoire.
AVERTIR un cheval, en Manège,, c’eft le reveil-
ler au moyen de quelques aides, lorfqu’il fe néglige
dans fon exercice. Ce terme ne s’emploie guere que
dans le manège. ( F )
AVERTISSEMENT, fub. m. (Litterat.) confeil ou
inßruclion, qu’on donne à une perfonne qui y eft in-
téreffée. Ce mot vient du Latin advertere, confidérer,
faire attention.
Les auteurs, à la tête de leurs ouvrages, mettent
quelquefois un avertijjement aulefreur, pour le prévenir
fur certaines chofes relatives aux matières qu’ils
traitent, ou à leur méthode. Quand ces avertiffcmens
font d’une certaine étendue, on les nomme Préfaces.
Foye^ Pr é f a c e .
A v e r t is s e m e n t , fe dit aufli d’une petite lignification
en papier timbré, que les receveurs de la capitation
envoyentà ceux qui négligent de la payer.
cG) I
A v e r t i s s e u r , f. m. (Hiß. mod.) officier de la
maifondu roi, dont la fonûion eft d’annoncer quand
le roi vient dîner.
*AVES, ( l ’Isle d ’ ) ou DES OISEAUX, petite
île de l’Amérique méridionale., vers le zzd. qS'. de
latitude, au fud de Porto Rico, & au fud-eft de l’île
de Bonair.
Il y a une autre île de même nom au nord de la
précédente , vers le 15* degré de latitude.
Et une troifieme dans l’Amérique feptentrionale,
proche la côte orientale de Terre-neuve, au Sod. S1,
de latitude.
A v e s , (R io d ’ ) rivierede Portugal, qui coule
dans le pays d’entre Duero & Minho, & fe jette dans
la mer, au bourg de Villa de Conde.
*AVESNES, (Gèog.) ville des Paysrbas François,
au comté de Hairiaut, fur lariviere d’Hefpre. Long.
2 1 .3 3 . lat. So. 10.
AVETTE, f. f. (Hiß. nat. Infeclolog.) on donnoit
autrefois ce nom aux abeilles. Foyer A b e il l e . ( l \
AVEU, ^ôjk^ A d v e v .
ÀVEUER, Qu mieux AVUER une p ir iflx , fe dît
en Fauconnerie, pour la fuiyre de l’oeil,, la garder à
v u e , & obferver quand elle part, & qu’elle va s’ap-
puyer dans les remifes. r
AVEUGLE, adj. pris.fubft. fe dit d’une perfonne
pnvee de la vue. Cette privation devroit, fuivant
l’analogie, s’appeller. aveuglement ; mais ce mot n’eft
ufitéque dans un fens moral & figuré, & ce n’eft pas
lefeuï de notre langué qui ne fe prenne que dans un
fens métaphorique ; hapfe eft de ce nombre. La privation
delà vue eft appellée par quelques écrivains
cécité , du mot Latin excitas, qui vient de cæcus, aveugle
; & ce m ot, qui eft commode, nous paxoît mériter
d’être adopté.
On peut être aveugle de naiffance, ou le devenir
foit par accident, foit par maladie. Notre deffein n’eft
point ici de traiter.des maladies ou des caufes qui oc-
cafïonnent la perte de la vûe, & qu’on trouvera dans
ce Di&ionnaire à leurs articles : nous nous contenterons
défaire des réflexions philofophiquesfurla cécité
, fur les idées dout elle nous prive, fur l ’avantage
que les autres fens peuvent en retirer, &c.
Il eft d’adord évidént que le fens de la vûe étant
fort propre à nous diftraire par la quantité d’objets
qu’il nous préfente à la fois, ceux qui.font privés de
ce fens doivent naturellement, & en général, avoir
plus d’attention aux objets qui tombent fous leurs autres
fens. C ’eft principalement à cette caufe qu’on
doit attribuer la fineffe du toucher & de l’oiiie, qu’on
obferve dans certains aveugles, plutôt qu’à une fu-
périorité réelle de ces fens par. laquelle la nature ait
voulules dédommager de la privation de la vûe. Cela
eft fi v rai, qu’une perfonne devenue aveugle par accident
, trouve fouvent dans le fecours des fens qui
lui relient, des reffources dont elle ne fe doutoit pas
auparavant. Ce qui vient uniquement de ce que cette,
perfonne étant moins diftraite , eft devenue plus capable
d’attention : mais c’eft principalement dans les.
aveugles nés qu’on peut remarquer, s’il eft permis de
s’exprimer ainfi, les miracles de la cécité.
Un auteur anonyme a publié fur ce fujet, en 174a,1
un petit ouvrage très-philofophique & très-bien écrit,-
intitulé Lettres fur les aveugles , àÜufage de ceux qai.
voyent ; avec cette épigraphe^ pojfunt, nec pojfe vi-,
dentur, qui fait allufion aux prodiges des aveugles nés«
Nous allons donner dans cet article l’extrait de cette
lettre, dont la métaphyfique eft partout très-fine &
très-vraie , fl on en excepte quelques endroits qui
n ont pas un rapport immédiat au fujet, & qui peuvent
bleffer les oreilles pieufes............ .
L’auteur fait d’abord mention d’un aveugle né qu’il
a connu,& qui vraiffemblablement vit encore. Cet
aveugle qui demeure au Puifaux en Gatinois, eftehi-'
mille & muficien. Il fait lire fon fils avec des carfc-
teres en relief. Il juge fort exadlement desfymmé-.
tries : mais on fe doute bien que l’idée de fymmétrie
qui pour nous eft de pure convention à beaucoup
d égards, l’eft encore davantage pour lui.
Sa définition du miroir eftfinguliere; c’e f , dit-il '
une machine par laquelle les chofes font mifes en relief
hors d'elles-mêmes. Cette définition peut être abfurde-
pour un fot qui a des yeux ; mais un philofophe, même
clairvoyant, doit la trouver bien fubtile & bien
furprenante. « Defcartes, aveugle n é, dit notre au-
» teur, auroit du, ce mefemble, s’en applaudir. En
» effet, quelle fineffe d’idées n’a-t-il pas fallu pour y
» parvenir ? Notre aveugle n’a de connoiffance que
» par le toucher ; il fait fur le rapport des autre s hom-
» mes, que par le moyen de la vûe on connoît les;
» objets, comme ils lui font connus par le toucher,
» du moins c’eft la feule notion qu’il puiffe s’en for-
» mer ; il* fait de plus qu’on ne peut voir fon propre
» vifage, quoiqu’on puiffe le toucher. La vûe, doit-
» il conclurre, eft donc une efpece de toucher qui
>> ne détend que fur les objets différens de notre vi-
» fage & éloignés de nous. D ’ailleurs le toucher ne
» lui donne l’idée que du relief. Donc, ajoûte-t-il,
» un miroir eft uné machine qui nous met en relief
» hors de nous - mêmes ». Remarquez bien que ces
mots en relief no font pas de trop. Si l’aveugle avoit
dit Amplement, nous met hors de nous-mêmes , il auroit
dit une abfurdité de plus : car comment concevoir
une machine qui puiffe doubler un objet ? le mot de
relief nç, s’applique qu’à la furface ; ainfi nous mettre
en relief hors de nous-mêmes , c’eft mettre feulement
la repréfentation de la furface de notre corps hors
de nous. L’aveugle a dû fentir par le raifonnement,
que le toucher ne lui repréfente que la furface des
corps ; & qu’ainfi cette efpece de toucher qu’on appelle
vûe, ne donne l’idée que du relief ou de la fur-
race des corps, fans donner celle de leur folidité, le
mot de relief ne défignant ici que la furface- J’avoiie
que la défignation de l’aveugle, même avec cette ref-
tri&ion, eft encore une énigme pour lui : mais du
moins on voit qu’il a cherché à diminuer l’énigme lé
plus qu’il étoit poflïble.
On jugé bien que tous les phénomènes des miroirs
& des verres qui grofliffent ou diminuent, ou multiplient
les objets , font des myfteres impénétrables
pour lui. « II demanda fi la machine qui groflitles ob-
» jets étoit plus courte que celle qui les rappetiffe; fi
» celle qui les rapproche étoit plus courte que celle
» qui les éloigne ; & ne comprenant point comment
» cet autre nous-mêmes , que félon lui, le miroir re-
» pete en relief, échappe au fens du toucher : voilà,
» difoit-il, deux fens qu’une petite machine met en
» contradiction ; une machine plus parfaite les met-
» troit peut - être d’accord ; peut- être une troifieme
» plus parfaite encore & moins perfide , les feroit
>> difparoître & nous avertiroit de l’erreur ». Quelles
conclufions philofophiques un aveugle né ne peut - il
pas tirer de là contre le témoignage des fens ?
Il définit les yeux , un organe iiir lequel l’air fait
l’effet d’un bâton fur la main. L’auteur remarque que
cette définition eft affez femblable à celle de Defcartes
, qui dans fa Dioptrique compare l’oeil à un
aveugle qui touche les corps de loin avec fon bâton :
les rayons de la lumière font le bâton des clair-
voyans. Il a la mémoire des fons à un degré furpre-
nant, & la diverfité des voix le frappe autant que
celle que nous obfervons dans les vifages. ;
Le fecours qu’il tire de fes autres fens, &c l’ufage
fingulier qu’il en fait au point d’étonner ceux qui
l ’environnent, le rend affez indifférent fur la privation
de la vûe. II fent qu’il a à d’autre égards des
avantages fur ceux qui voyent ; & au lieu d’avoir
des y eux , il dit qu’il aimeroit bien autant avoir de
plus longs bras, s’il en étoit le maître.
Cet aveugle adreffe au bruit & à la voix très-fûre-
ment : il eftime la proximité du feu au degré de la
chaleur, la plénitude des vaiffeaux au bruit que font
en tombant les liqueurs qu’il tranfvafe, & le voifi-
nage des corps à l’a&ion de l’air fur fon vifage : il distingue
une rue d’un eul-de-fae ; ce qui prouve bien
que l’air n’eft jamais pour lui dans un parfait repos,
& que fon vifage reffent jufqu’aux moindres viciflî-
tudes de l’atmolphere. Il apprécie à merveille le poids
des corps & les capacités des vaiffeaux ; & il s’eft fait
de fes bras des balances fort juftes, & de fes doigts
des compas prefque infaillibles. Le poli des corps n’a
guere moins de nuances pour lu i , que le fon de la
voix : il juge de la beauté par le toucher; & ce qu’il
y a de fingulier, c’eft qu’il fait entrer dans ce juge-#
ment la prononciation & le fon de la voix. II fait de’
..petits, quyrages .au tour & à l’aiguille , il nivelle à
,1’equerre, il mqnte & démonte les piachines ordinaires
: .il exécute un morceau de mulîque, dont on
lui dit les notes àc les valeurs ; il eftime avec beaucoup
plus de précifion que nous la durée du tems,
par la fucceffion des aftions & des penfées.
Son averfion pour le vol eft prodigieufe , fans
doute à caufe de la difficulté qu’il a de s’appercevoir
quand on le vole : il a peu d’idée de la pudeur, ne
regarde les habits que comme propres à garantir des
injures de l’air, & ne comprend pas pourquoi on couvre
plûtôt certaines parties du corps que d’autres.
Diogene, dit l’auteur que nous abrégeons, n’auroit
point été pour notre aveugle un philofophe. Enfin les
apparences extérieures du fafte qui frappent fi fort
les autres hommes , ne lui en impofent en aucune
maniéré. Cet avantage n’eft pas à méprifer.
Nous paffons fous filence un grand nombre de réflexions
fort fubtiles , que fait l’auteur de la lettre ,
pour en venir à ce qu’il dit d’un autre aveugle très-
célebre : c’eft le fameux Saunderfon, profeffeurde
Mathématique à Cambridge en Angleterre, mort il
y a quelques années. La petite vérole lui fit perdre
la vûe des fa plus tendre enfance, au point qu’il ne
fe fouvenoit point d’avoir jamais v û , & n’a voit pas
plus d’idées de la lumière qu’un aveugle né. Malgré
cette privation, il fit des progrès fi furprenans dans
les Mathématiques, qu’on lui donna la chaire de pro-
feffeur de ces fciences dans l’univerfité de Cambridge.
Ses leçons étoient d’une clarté extrême. En effet
il parloit à fes éleves commet s’ils euffent été privés
de la vûe. Or un aveugle qui s’exprime clairement
pour des aveugles, doit gagner beaucoup avec des
gens qui voyent. Voici comment il faifoit les calculs ,
& les enfeignoit à fes difciples.
Imaginez un quarré de bois ( PI. arïth. 6* algébriq.
fië- ' 4-) divifé par des lignes perpendiculaires en
quatre autres petits quarrés ; fuppofez ce quarré perce
de neuf trous, capables de recevoir des épingles
de la même longueur & de la même groffeur, mais
dont les unes ayent la tête plus groffe que les autres.
Saunderfon avoit un grand nombre de ces petits
quarrés, tracés fur une grande table. Pour défigner
le chiffre o , il mettoit une épingle à grôffe tête au
centre d’un de ces quarrés , & rien dans les autres
trous. ( Foyeifig. iS . ) Pour défigner le nombre 1 , il
mettoit une épingle à petite tête au centre d’un petit
quarré. Pour defigner le nombre 2 , il mettoit une
épingle à groffe tête au centre , & au-deffus dans la
même ligne, une petite épingle dans le trou corref-
pondant. Pour défigner 3 , la groffe épingle au cent
re , & la petite dans le trou au-deffus à droite ; &
ainfi de fuite , comme on voit fig. iS. où les gros
points noirs marquent les groffes épingles, & les pe-
tits, les petites épinglés. Ainfi Saunderfon en mettant
le doigt fur un petit quarré , voyoit tout d’un
• coup le nombre qu’il repréfentoit ; & en jettant les
yeux fur la fig. i6~. on trouvera comment il faifoit fes
additions par le moyen de ces petits quarrés. Cette
figure 1 (3. repréfente l’addition fuivante.
I z 3 4 5
2 3 4 5 6
3 4 5 6 7
4 , 5 6 7 8
5 6 7 8 9
6 7 8 9 0
7 8 9 0 1
8 9 0 1 2
9 0 1 2 3
En paffant fucceflîvement les doigts fur chaque
rangée verticale de haut en bas, il faifoit l’addition
à la maniéré ordinaire , & marquoit le réfultat par
des épingles mifes dans de petits quarrés, au bas des
nombres fufdits.
Cette même table remplie de petits quarrés, lui