l’équinoxe, ou la feûion de l’écliptique & de l’équateur
eft rétrograde de 50 fécondés par an, lé foleil,
apres qu’il eft parti d’un des équinoxes, doit pâroî-
tre rencontrer ce même équinoxe Vannée fuivante
dans un point un peu en-deçà de celui où il l’a quitté
; & par conféquent le foleil n’aura pas encore achevé
fa révolution entière lorfqu’il fera de retour aux
mêmes points des équinoxes. Injl. aflr.
L 'année civile eft celle que chaque nation a fixee
pour calculer l’écoulement du tems : ce n’eft autre
chofe que Vannée tropique, dans laquelle on ne s’arrête
qu’au nombre entier de jours, en laiffant les
ira étions des heures & des minutes, afin que le calcul
en foit plus commode.
Ainfi Vannée tropique étant d’environ 365 jours 5
heures 49 minutes, Vannée civile eft ^u le ment de 3 6 5
jours : mais de crainte que la correfpondance avec
le cours du foleil ne s’altérât au bout d’un certain
tems, on a réglé que chaque quatrième année feroit
de 366 jours, pour réparer la perte des frattions
qu’on néglige les trois autres années.
De cette maniéré Vannée civile eft foûdivifée en
commune 6c en bijfextile.
U année civile commmune eft celle qu’on a fixee à
365 jours ; elle eft compofée de 7 mois de 31 jours ;
{avoir, Janvier, Mars, Mai, Juillet, Août, Ofto-
brre, Décembre ; de quatre de 30 jours, A v ril, Juin,
Septembre 6c Novembre, & d’un de 28 jours, qui
eft Février. Il y a apparence que cette diftribution
bifarre a été faite pour conferver, autant qu’il étoit
poflible, l’égalité entre les mois, & en même tems.
pour qu’ils fuffent tous à-peu-près de la grandeur
des mois lunaires, dont les uns font de 30 jours 6c
les autres de 29. Une autre raifon qui a pu y engager
, c’eft que le foleil met plus de tems à aller de
l ’équinoxe du printems à l’équinoxe d’automne, que
de celui d’automne à celui du printems ; de forte que
du premier Mars au premier Septembre, il y a quatre
jours de plus que du premier Septembre au premier
Mars : mais quelque motif qu’on ait eu pour
faire cette diftribution, on peut en général fuppofer
Vannée commune de 5 mois de 31 jours, 6c de 7 mois
de 30 jours.
!Vannée bijfextile eft compofée de 366 jours, 6c
elle a par conféquent un jour de plus que Vannée
commune ; ce jour eft appelle jour intercalaire ou biffextile.
L’addition de ce jour intercalaire, tous les quatre
ans , a été faite par Jules Céfar, qui, voulant que
les faifons puffent toujours revenir dans le même
tems de Vannée , joignit à la quatrième année les. fix
heures négligées dans chacune des années précédentes.
Il plaça le jour entier formé par ces quatre fractions
après le vingt-quatrieme de F évrier, qui étoit
le fixieme des calendes de Mars.
Or comme ce jour ainfi répété étoit appellé en
conféquence bis fexto calendas, Vannée où ce jour
étoit ajoûté, fut aufli appellé bis f e x tus, d’où eft
venu bijfextile.
Le jour intercalaire n’eft plus aujourd’hui regardé
comme la répétition du 24 Février, mais il eft ajoûté
à la fin de ce mois, & en eft le vingt-neuvieme.
Voyt^ Bissextile.
Il y a encore une autre réformation de Vannée civile
, établie par le pape Grégoire XIII. Voye^ Grégorien.
L’année lunaire eft compofée de douze mois lunaires.
V")ye[ Lunaire. Or il y a deuj efpeces de mois
lunaires; favoir, le mois périodique, qui eft de 27
jours 7 heures 43 min. 5 fec. c’eft à-peu-près le tems
que la lune employé à faire fa révolution autour de
la terre : 20. le mois fynodique, qui eft le tems que
cette planete employé à retourner vers le foleil à
çhaque conjon&ion; ce tems qui eft l’interyalle de
deux nouvelles lunes, eft de 29 jours 1 1 heures 44
minutes 33 fec. Voye\ à l'article Synodique la caufe
de la différence de ces deux mois. Le mois fynodique
eft le.^eul dont on fe ferve pour mefurer les années
lunaires : or comme ce mois eft d’environ 29 jours
& 12 heures, on a été obligé de fuppofer, pour la
commodité du calcul, les mois lunaires civils de 30
6c de 29 jours alternativement ; ainfi le mois fynodique
étant de deux efpeces, aftronomique & civil,
il a fallu diftinguer aufli deux efpeces d’années Lunaires
, l’une aftronomique , l’autre civile. Injl. aflr.
L ’année agronomique lunaire eft compofée de douze
mois fynodiques lunaires, 6c contient par conféquent
354 jours 8 heures 48 min. 30 fec. 12 tierces.
Ÿoye^ Synodique.
Vannée lunaire civile eft ou commune, ou embo-
lifmique.
Vannée lunaire commune eft de douze mois lunaires
civils, c’eft-à-dire de 3 54 jours.
Vannée embolifmique intercalaire eft de treize mois
lunaires civils, & de 384 jours. Voye{ Embolis-
mique. Voici la raifon qui a fait inventer cette année
: comme la différence entre Vannée lunaire civile
6c Vannée tropique eft de 11 jours 5 heures 49 min. il
faut, afin que la première puiffe s’accorder avec la
fécondé, qu’il y ait 34 mois de 30 jours , & 4 mois
de 31 inférés dans cent années lunaires ; ce qui laifle
encore en arriéré un refte de 4 heures 21 min. qui
dans fix fiecles fait un peu plus d’un jour.
Jufqu’ici nous avons parlé des années & des mois,'
en les confidérant aftronomiquement. Examinons
préfentement les différentes formes d’années civiles
que les anciens ont imaginées, & celles que fuivent
aujourd’hui divers peuples de la terre. Vancienne année
romaine étoit Vannée lunaire. Dans fa première in-
ftitution par Romulus, elle étoit feulement compofée
de dix mois. Le premier, celui de Mars, contenoit
31 jours; le fécond, celui d’A v ril, 30. 30. Mai, 3 u
40. Juin, 30; 50. Quintilis ou Juillet, 31 ; 6°. Sex-
tilis ou Août, 30 ; 70. Septembre, 30; 8°. O&obre,
31 ; 90. No^jpmbre, 3 o ; 1 o°. Décembre, 3 o : le tout
faifant 304 jours. Ainfi cette année fe trouvoit moindre
de 50 jours que Vannée lunaire réelle, & de 61.
que Vannée folairt.
De-là il réfultoit que le commencement de Vannée
de Romulus étoit vague, 6c ne répondoit à aucune
faifon fixe. Ce prince fentant l’inconvénient d’une
telle variation, voulut qu’on ajoûtât à chaque année
le nombre de jours néceffaires, pour quele premier
mois répondît toûjours au même état du ciel : mais
ces jours ajoûtés ne furent point partagés en mois.
Numa Pompilius corrigea cette forme irrégulière
de Vannée, 6c fit deux mois de ces jours furnumérai-
res. Le premier fut le mois de Janvier; le fécond celui
de Février. Vannée fut ainfi compofée par Numa
de douze mois, 1 °_. Janvier, 29 jours ; 20. Février, 28 ÿ
30.Mars, 31 ;4°. A v r il,29; 5°.Mai, 31 ; 6°. Juin,
29 ; 70. Juillet, 31 ; 8°. Août, 29 ; 90. Septembre, 29 ;
io°.Ottob re , 31 ; 1 1°. Novembre, 29; 120. Décembre,
2q : le tout faifant 355 jours. Ainfi çetté année
furpaffoit Vannée civile lunaire d’un jour, 6c Vannée
ajlronomique lunaire de 15 heures 11 minutes 24
fécondés : mais elle étoit plus courte que Vannée folai-
re de 11 jours, enforte que fon commencement étoit
encore vagueoar rapport à la fituation du foleil.
Numa voulant que lefolftice d’hy ver répondît au
même jour, fit intercaler 22 jours au mois de Février
de chaque fécondé année, 23 à chaque quatrième,
22 à chaque fixieme, & 23 à chaque huitième.
Mais cette réglé ne faifoit point encore la compen-
fation néceffaire ; car comme Vannée de Numa fur-
paflbit d’un jour Vannée Greque de 3 54 jours, l’erreur
devint fenfible au bout d’un certain tems , ce
qui obligea d’avoir recours à une nouvelle maniéré?
d’intercaler ; au lieu d’ajoûter vingt-trois jours à chaque
huitième année, on n’en ajoûta que quinze ; &
on chargea les grands pontifes dè veiller au foin du
calendrier. Mais les grands pontifes ne s’acquittant
point de ce devoir, laifferent tout retomber dans la
plus grande confufion. Telle fut Vannée Romaine juf-
qu’au tems de la réformation de Jules Céfar. Voye{
les articles C alendes , Nones & Ides , fur la maniéré
de compter les jours du mois chez les Romains.
Vannée Julienne eft une année folaire, contenant
communément 365 jours, mais qui de quatre ans en
quatre ans, c’ert-à-dire dans les années biffextiles,
eft de 366 jours.
• Les mois de Vannée Julienne étoient difpofés ainfi :
i ° . Janvier 31 jours, 20. Février 28, 30. Mars 31
40. A vril 30, 5°. Mai 3 1 ,6 ° . Juin 30 ,7°. Juillet31,
8°. Août 3 1 , 90. Septembre 30, io ° . Oâobre 3 1 ,
iT°. Novembre 3 0 ,1 20. Décembre 31 ; 6c dans toutes
les années biffextiles le mois de Février avoit comme
à préfent 29 jours. Suivant cet établiffement, la
grandeur aftronomique de Vannée Julienne étoit de
365 jours 6 heures ; 6c elle furpaffoit par conféquent
la vraie année folaire d?environ 11 minutes, ce qui en
131 ans produifoit un jour d’erreur. Vannée Romaine
étoit encore dans cet état d’imperfe&ion, lorfque le
pape Grégoire XIII. y fit une réformation, dont
nous parlerons un peu plus bas.
Jules Céfar, à qui l’on eft redevable de la forme de
Vannée Julienne , avoit fait venir d’Egypte Sofigènes,
fameux Mathématicien, tant pour fixer la longueur
de Vannée, que pour en rétablir le commencement,
qui avoit été entièrement dérangé de 67 jours, par
la négligence des pontifes.
Afin donc de le remettre au folftice d’h y v e r , Sofigènes
fut obligé de prolonger la première année]uC-
qu’à quinze mois ou 445 jours; 6c cette année s’ap-
pella en conféquence Vannée de confufion ,annus con-
fufionis.
Vannée établie par Jules Céfar a été fuivie par
toutes le$ nations chrétiennes jufqii’au milieu du fei-
zieme fiecle, & continue même encore de l’être par
l’Angleterre. Les aftronomes 6c les chronologiftes dé
cette nation comptent de la même maniéré que le
peuple, 6c cela fans aucun danger, parce qu’une
erreur qui eft connue n’en eft plus une.
Vannée Grégorienne n’eft autre que Vannée Julienne
corrigée par cette réglé, qu’au lieu'que la derniere
de chaque fiecle étoit toûjours biffextile, les dernières
années de trois fiecles confécutifs doivent être
communes, 6c la derniere du quatrième fiecle feulement
eft comptée pour biffextile.-
La raifon de cette correâion, fut que Vannée Julienne
avoit été fuppofée de 365 jours 6 heures, au
lieu que la véritable année folaire eft de 365 jours 5
heures 49 minutes, ce qui fait 11 minutes de différence
, comme nous l’avons déjà remarqué.
Or quoique cette erreur de 11 minutes qui fe trou-
• v.e dans Vannée Julienne foit fort petite, cependant
elle étoit devenue fi confidérable en s’accumulant
depuis le tems de Jules Céfar, qu’elle avoit monté à
70 jours, ce qui avoit confidérablementdérangé l’é-
ouinoxe. Car du tems du concile deNicée, lorfqu’il
fut queftion de fixer les termes du tems auquel on
doit célébrer la Pâque, l’équinoxe du printems fe
trouvoit au 21 de Mars. Mais cette équinoxe ayant
continuellement anticipé, on s’eft apperçû l’an 1582,
lorfqu’on propofa de reformer le calendrier de Jules
C e fa r, que le foleil entroit déjà dans l’équateur dès
le 11 Mars ; c’eft-à-dire 10 jours plûtôt que du tems
dp concile de Nicée. Pour remédier à cet inconvé-
mep t , qui pouvoit aller encore plus loin , le pape
Grégoire XIII. fit venir les plus habiles aftronomes
4e. . . teips» & concerta avec eux la corre&ion qu’il
falloit faire , afin que l’équinoxe tombât au même
jour que dans le tems du concile de Nicée ; 6c comme
il s’etoit glifle une erreur de dix jours depuis ce
tems-là, on retrancha ces dix jours de Vannée 1582,
dans laquelle on fit cette corre&ion ; & au lieu du 5
d Octobre de cette-année, on compta tout de fuite
le 15 •
La France , l’Efpagne, les pays catholiques d’Allemagne
, 6c l’Italie, en un mot tous les pays qui
font lous l’obeiffance du pape, reçûrent cette réforme
dès fon origine : mais les Proteftans la rejet*
terent d’abord.
R Ru 1 an 1700 l’erreur des dix jours avoit augmenté
encore 6c étoit devenue de onze ; c’eft ce qui détermina
les proteftans d’Allemagne à accepter la réformation
Grégorienne, auflî-bien que les Danois &
les Hollandois. Mais les peuples de la Grande-Bretagne
6c la plûpart de ceux du Nord de l’Europe, ont
conferve jufqu’ici l’ancienne forme du calendrier
Julien. Voye^ Calendrier , Style. Injl, aflr.
_ Au refte il ne faut pas croire que Vannée Grégorienne
fôit parfaite ; car dans quatre fiecles Vannée
Julienne avance de trois jours, une heure 6c 22 minutes.
Or comme dans le calendrier Grégorien on
ne compte que les trois jours , & qu’on néglige la
fraftion d’une heure 6c 22 minutes, cette erreur au
bout de 72 fiecles produira un jour de mécompte.
Vannée Egyptienne, appellée aufli Vannée de Nabo-
naffar, eft l ’annéefolaire de 365 jours divifée en douze
mois de trente jours, auxquels font ajoûtés cinq
jours intercalaires àia fin : les noms de ces mois font
ceux-ci. t°. Thot, 20. Paophi >3°. Athyr, 40. Cho-
ja c , Tybi, 6°. Mecheir, 70. Phatmenoth, 8°. Phar-
muthi , 9°. Pachon, io ° . Pauni , i i ° . Epiphi, 120.
Mefori ; 6c de plus n/j-lpat i7rct.y01j.tvcu, ou les cinq jours
intercalaires.
La cônnoiffance de Vannée Egyptienne, dont nous
venons de parler, eft de.toute néceflîté en Aftrono-
mie, à caufe que c’eft celle fuivant laquelle font
dreffées les observations de Ptolomée dans fon Al-
magefte.
Les anciens Egyptiens, fuivant Diodore de Sicile,-
liv. I . Plutarque dans la vie de Numa, Pline, liv. P I I .
chap. xlviij. mefuroient les années p af le cours de la
lune. Dans le commencement une lunaifon, c ’eft-à-
dire un mois lunaire, faifoit Vannée ; enfuite trois ,
puis quatre, à la maniéré des’Arcadiens. De-là les
Egyptiens allèrent à fix, ainfi que les peuples de l’A-
carnanie. Enfin ils vinrent à faire Vannéede 3éojours>
6c de douze mois ; 6c A feth, 3 2e roi des Egyptiens ,
ajoûta à la fin de Vannée les cinq jours intercalaires.
Cette brièveté des premières années Egyptiennes ,
eft ce qui fait, fuivant les mêmes auteurs, que les
Egyptiens fuppofoient le monde fi ancien, & que
dans l’hiftoire de leurs rois, on en trouve qui ont
vécu jufqu’à mille & douze cents ans. Quant à He-
rqdote, il garde un profond filence fur ce point ; il
dit feulement que les années Egyptiennes étoient de
douze mois, ainfi que nous l’avons déjà remarqué.
D ’ailleurs l’Ecriture nous apprend que dès le tems
du déluge Vannée étoit compofée de douze mois. Par
conféquent Chain, & fon fils Mifraim, fondateur de
la monarchie Egyptienne, ont dû avoir gardé cet
ufage, 6c il n’eft pas probable que leurs defeendans
y- ayent dérogé. Ajoûtez à ce la, que Plutarque ne
parle fur cette matière qu’avec une forte d’incertitude
, 6c qu’il n’avance le fait dont il s’agit que fur
le rapport d’autrui. Pour Diodore de Sicile, il n’en
parle que commff^d’une conjecture de quelques auteurs
, dont il ne dit pas le nom, & qui probablement
avoient crû par-là concilier la chronologieEgyptien-,
ne avec celle des autres nations.
Quoi qu’il en foit, le P. Kircherprétend qu’outre
Vannée folaire, quelques provinces d’Egypte avoient
des années lunaires, & que dans les tems les plus re