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plufieurs années à la maniéré de M. T u ll, dans le
calcul fuivant : cela fuppofé, on doit donner un bon
labour aux plates-bandes après la moiffon ,un labour
léger avant de femer , un labour pendant l’hy v er ,
utf au printems , un quand le froment monte en
tuyau , & un enfin quand il épie. C ’eût fix labours à
donner aux trois cents arpens de terre. Les trois cents
arpens doivent être cultivés & enfemencés en blé :
ce feroit donc 1800 arpens à labourer une fois tous
les ans. Mais comme à chaque labour il y a un tiers
cîe la terre qu’on ne remue pas, ces 1800 arpens fe-
ijont réduits à 1100 ou à 1000 ; ce qui coûtera à rai-
lon de fix liv. 6000 ou 7200 liv.
■ On ne confume qu’un tiers de la femence qu on^a
coutume d’employer ; ainfi cette depenfe fera la meme
pour les 300 arpens que pour les 100 arpens du
calcul précédent, 1200 liv .
I Suppofons que les frais de femence & de récolte
loient les mêmes pour chaque arpent que dans l’hy-
pothefe précédente, c’eft mettre les chofes au plus
fort, ce feroit pour les 300 arpens 1800 liv.
Le farclage ne fera pas pour chaque arpent le tiers
de ce que nous l’avons liippofé dans l’hypothefe
cédente; ainfi nous mettons pour les 300 arpens
1 50 liv. v
Toutes ces fommes réunies font 103 50 liv. que le
fermier fera obligé de dépenfer, & cette dépenfe ex-
çede la dépenfe de l’autre culture de 5350 liv.
On fuppofe, contre le témoignage de M. T u ll,
que chaque arpent ne produira pas plus de froment
qu’un arpent cultivé à l’ordinaire. J’ai mis quinze mi*
nés par arpent ; c’eft 4500 mines pour les trois cents
arpens 5 à raifon de quatre liv. la mine , 18000 liv.
• mais fi l’on ôte de 18000 liv. la dépenfe de 103 50 liv.
reftera à l’avantage de la nouvelle culture fur l’ancienne,
46 50 liv. , ‘
D ’où il s’enfuit que quand deux arpens cultivés
fuivant les principes de M. T u ll, ne donneroient que
ce qu’on tire d’un feul cultivé à. l’ordinaire , la nouvelle
culture donnerait encore .1650 livres par trois
çer.ts arpens de plus que l’ancienne. Mais un avantage
qu’on n’a pas fait entrer en calcul, & qui eft
très-confidérable , c’eft que les récoltes font moins
incertaines.
Nous nous fommes étendus fur cet objet, parce
qu’il importe beaucoup aux hommes. Nous invitons
ceux à qui leurs grands biens permettent de tenter
des expériences coûteufes, fansfuccès certain &c fans
aucun dérangement de fortune, de fe livrer à celles-
c i, d’ajouter au parallèle & aux conj eûures de M. Duhamel
les effais. Cet habile académicien a bien fenti
qu’une legere tentative feroit plus d’effet fur les hommes
que des raifonnemens fort juftes, mais que la plupart
ne peuvent fuivre, & dont un grand nombre,
oui ne les fuit qu’avec peine , fe méfie toujours. Auf-
fi avoit-il fait labourer une piece quarrée oblongue
de terre, dont il avoit fait femer la moitié à l’ordinaire
, & l’autre par rangées éloignées les unes des
autres d’environ quatre piés. Les grains étoient dans
les rangées à fix pouces les uns des autres. Ce petit
champ fut femé vers la fin de Décembre. Au mois
de Mars, M. Duhamel fit labourer à la bêche la terre
comprife entre les rangées : quand le blé des rangées
montoit en tuyau, il fit donner un fécond labour,
enfin un troifieme avant le fleur. Lorfque ce blé fut
en maturité, les grains du milieu de la partie cultivée
à l’ordinaire n’avoient produit qu’un, deux*
trois, quatre, quelquefois cinq , & rarement fix
tuyaux ; au lieu que ceux des rangées avoient produit
depuis dix-huit jufqu’à quarante tuyaux ; & les
épis en étoient encore plus longs & plus fournis'de
grains. Mais malheureulement, ajoute M. Duhamel,
les oifeaux dévorèrent le grain avant fa maturité ,
& l’on ne put comparer les produits,
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AGRIER, f. m. terme de Coutume, eft un droit ou [
redevance feigneuriale , qu’on appelle en d’autres
coûtume terrage. Voye[ TE R R A G E . (H)
*'AGRIGNON, ('Géog.) l’une des îles des Larrons
ouMariannes. Lat. ig. 40.
AGRIMENS ATION, f. f. termedeDroit par oùl’on
entend l’arpentage des terres. V. A r p e n t a g e . (//)
AGRIMONOIDES , f. f. en Latin agrimonoides,
(Alift. nat. ) genre d’herbe dont la fleur eft én rofe ,
& dont le calice devient un fruit fec. Cette fleur eft
compofée de plufieurs feuilles qui font difpofées en
rond, & qui fortent des échancrures du calice. La
fleur & le calice font renfermés dans un autre calice»
découpé. Le premier calice devient un fruit oval &
pointu, qui eft enveloppé dans le fécond calice, &
qui ne contient ordinairement qu’une feule femence,
Tournefort. Infi. rei herb, Voyeç P l a n t e .
AGRIPAUME, f. f. en Latin cardiaca, (Hijl. nat.y
herbe à fleur compofée d’une feule feuille, & labiée :
la levre fupérieure eft pliée en gouttière, & beaucoup
plus longue que l’inférieure qui eft divifée en
trois parties. Il fort du calice un piftil qui tient à la
partie poftérieure de la fleur comme un clou, & qui
eft environné de quatre embryons; ils deviennent
enfuite autant de femences anguleufes, qui remplit-
fent prefque toute la cavité de la capfule qui a fervi
de calice à la fleur. Tournefort, Info, rei herb. Voyez
P l a n t e . (A )
* Elle donne dans l’analyfe chimique de fes feuilles
& de fes fommités fleuries & fraîches, une liqueur,
limpide, d’une odeur & d’une faveur d’herbe-
un peu acide ; une liqueur manifeftementacide, puis,
auftere; une liqueur rouffe, imprégnée de beaucoup,
de fel volatil urineux; de l’huile. La maffe noire rei-
tée dans la cornue laiffe après la calcination & la
lixiyiation des cendres, un fel fixe purement alkali.
Cette plante contient un fel effentiel tartareux, uni
avec beaucoup de foufre fubtil & groflîer. Elle a plus,
de réputation, félon M. Geoffroy, qu’elle n’en mérite.
On l’appelle cardiaca, de l’erreur du peuple qui
prend les maladies d’eftomac pour des maladies de.
coeur. Le cataplafme de fes feuilles pilées & cuites %
réfout les humeurs vifqueufes, & foulage le gonfle-,
ment & la diftenfiondeshypochondresquioccafion-
nent la cardialgie des enfans. On lui attribue quelques
propriétés contre les convulfions, les obftruc--
tions des vifceres, les vers plats , & les lombrics j
& l’on dit que prife en poudre dans du vin elle excite
les urines & les réglés, & provoque l’accouchement.
Ray parle de la déco&ion tfagripaume ou de
fa poudre feche mêiée avec du fucre , comme d’un
remede merveilleux dans les palpitations , dans les
maladies de la rate , & les maladies hyftériques. Il y
a des maladies des chevaux & des boeufs , dans lef-
quelles les maquignons & les maréchaux l’employent
avec fuccès.
AGRIPPA ; ( Hijl. anc. ) nom que l’on donnoit
anciennement aux enfans qui étoient venus au monde
dans une attitude autre que celle qui eft ordinaire
& naturelle, & fpécialement à ceux qui étoient ve-,
nus les piés en-devant. Voye^ D é l i v r a n c e , A c c
o u c h e m e n t .
Ils ont été ainfi appellés, félon Pline, parce qu’ils
étoient oegre parti, venus au monde avec peine.
De favans critiques rejettent cette étymologie ,
parce qu’ils rencontrent ce nom dans d’anciens auteurs
Grecs, & ils le dérivent d’à-yauv, chajjer, & de
Îtj-‘rscç, cheval, c’eft-à-dire chajfeur achevai: quoi qu’il
en foit, ce mot a été à Rome un nom, puis un fur-
nom d’hommes, qu’on a férmnifé en Agrippina. (G \
* AGRIS, bourg de France dans la généralité de
Limoges.
* A G R O T E R E ,a d j. (IWyrA.) nomdeDiane,’
ainfi appellée parce qu’elle habito.it perpétuellement
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les forêts & les campagnes. On immolôit toits les
ans à Athènes cinq cents chevr.es à .Diane Agrotere.
Xénophon dit que cefacrifice fe faifoit en mémoire
de la défaite dés Perfes, & qu’on fut obligé de ré*
duire, par un decret du fenat, le nombre des chèvres
à cinq cents par an ; car le voeu des Athéniens
ayant étéde facrifier à Diane Agrotere autant de ehe*
vres qu’ils tueroient de Perfes, il y eut tant de Perfes
tués, que toutes les chevres de l’Attique n’au-
roient pas fufli àfatisfaire au voeu. On prit le parti
de payer en plufieurs fois ce qu’on avoit. promis, en
une, &c de tranfiger avec la deeffe à cinq cents chèvres
par an.
* AGROTES , f. m. ( Mytk. ) divinité des Phéniciens
, qu’on, promenoit en proceflion le jour de fa
fête, dans une niche couverte,,fur un chariot traîné
par diftérens animaux.
I * AGUAPA, fubft. m. (Afifi. nat. bot. ) arbre qui
croît aux Indes occidentales, dont on dit que l’ombre
fait mourir ceux qui s’y endorment nuds, & qu’elle
fait enfler les autres d’une maniéré prodigieufe. Si
-les habitans du pays ne le connoiffent pas mieux qu’il
ne nous eft défigné par cette defeription, ils font en
grand danger.
* AGUARA PONDA , f. m. Braßlianis Maggra-
y ii, Ruttcnßeert Belgis, id eß myoßuros, viola fpicata
Brafiliana, (Aß/?, nat. bot. ) plante haute d’un pié &
demi & plus, a tige liffe, ronde, verte & noiieufe.
II fort de chaque noeud quatre ou cin<^feuilles étroites,
crenelées, pointues , vertes &c inegales. Lefom-
met de fa tige eft chargé d’un épi long d’un pouce
& plus, uni & couvert de fleurs d’un bleu v io le t,
& formées de cinq feuilles rondes. Elle reffemble à
la violette, & en a l’odeur. Sa racine eft d roite,
d’une médiocre groffeur, & divifée en branches fi-
lamenteufes.
Il y en a une autre efpece qui différé de la précédente
par la largeur de lès feuilles. Elle eft marquée
au fommet de fes tiges d’un cube creux,*qui forme
une efpece de cafque verd,; de ce creux fortent des
fleurs bleues femblables aux premières.
* AGUAS, ( Géog. y peuple confidérable de l’Amérique
méridionale , fur le bord du fleuve des Amazones.
Ce font, dit-on dans l’excellent Di&ionnaire
portatif de M. Vofgien, les plus raifonnables des Indiens
: ils. ferrent la tête entre deux planches à leurs
enfans aufli-tôt qu’ils font nés.
* AGUATULCO ou AQUATULCO ou GUA-
TU L C O , ville & port de la nouvelle Efpagne, en
Amérique, fur la mer du Sud. Longit. 27$. latit.
i 5. 1 0 .
* AGUAXIMA, ( Hiß. nat. bot. ) planté du Bréfil
& des îles de l’Amérique méridionale. Voilà tout ce
qu’on nous en dit ; & je demanderais volontiers pour
qui de pareilles deferiptions font faites. Ce ne peut
être pour les naturels du pays, qui vraiffemblable-
ment connoiffent plus de caraderes de Vaguaxima , .
que cette defeription n’en renferme, & à qui on n’a
pas befoin d’apprendre que l’aguaxima naît dans leur
pays ; c’eft, comme fi l’on difoit à un François, que
le poirier eft un arbre qui croît en France, en Allemagne
, &c. Ce n’eft pas non plus pour nous ; car
que nous importe qu’il y ait au Bréfil un arbre ap-
pellé aguaxima, fi nous n’en favons que ce nom } à
quoi fert ce nom ? Il laiffe les ignorans tels qu’ils font ;
il n’apprend rien aux autres : s’il m’arrive donc de
faire mention de cette plante, & de plufieurs autres
aufli mal caradérifées, c’eft par condefcendancepour
certains ledeurs, qui aiment mieux ne rien trouver
dans un article de Didionnaire, ou même n’y trouver
qu’une fottife, que de ne point trouver l’article
du tout.
* AGUIATE ou AGVÉE, ( Myth. ) qui eß dans les
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rues. Les Grecs donnoient cette é.pithete à Apollon,
parce qu’il avoit des ftatuqs dans les rues,,
* AGü ILA ou AGLE , ville de la prayin.ee de
Habat, au royaume de Fez en Afrique, fur la rivière
d’Erguila.
AGUI L’AN NEUF, ( Hiß. mod. ) quête que I’oq
faifoit en quelques diocèfes le premier jour dp l’an
pour les cierges de l’églife. Il paraît que cette cérémonie
inftituee d’abord pour une bonne fin, dégénéra
enfuite en abus. Cette quête fe faifoit par de
jeunes gens de l’un & de l’autre fexe : ils çhoifif-
foient un chef qu’ils appelloient leur follet, fous la
conduite duquel'ils commettoient, même dans les
églifes-, des extravagances qui approchoient fort de
la fête des Fous. Voye^ Fête des Fous.
Cette coûtume fut- abolie dans l&diocèfe d’Angers
en Par une ordonnance fynodale : mais on la
pratiqua encore hors des églifes ; ce qui obligea un
autre fynode en 1668 de défendre cette quête qui
fe faifoit dans lesmaifons avec beaucoup de licence
& de fcandale, les garçons & les filles y danfant &
chantant des chanfons diftblues. On y donnoit aufli
le nom de bachekttes à cette folle réjoiiiflànce, peut-
être à caufe des filles qui s’y affembloient, & qu’en
langage du vieux tems on appelloit backelettes. Thiers,
Traite des Jeux.
Au G U I l ’â N NEUF , ( Hiß. anc. ) cri ou refrain
des anciens Druides, lorlqu’ayant cueilli le guide
chêne le premier joitr de l’an, ils alloient le porter
en pompe foit dans Jes villes, foit dans les campagnes
voifines de leurs forêts. On cueilloit ce gui
avec beaucoup de cérémonies dans le mois de Décembre
; au premier jour de l’an, on l’envoyoit aux
grands > & on le diftribuoit pour étrennes au peuple
, qui le regardoit comme un remede à tous maux,
& le portoit pendu au cou, à la guerre, &c. On en
trouvoit dans toutes les maifons & dans les temples.
( G )
* AGUILAR DEL CAMPO, ( ) petite ville
d’Efpagne, dans la vieille Caftille.
* AGUILLES , f. f. ( Commerce. ) c’eft le nom de
toiles de coton, qui fe font à Alep.
- * AGUITRAN , f. m. poix molle. Voye^ P o ix .
* A G U L , ( Hiß. nat. bot. ) c’eft un petit arbrif-
feau fort épineux, dont les feuilles font longuettes,
femblables à celles de la fanguinaire. Il a beaucoup
de fleurs rougeâtres, auxquelles fuccedent des
gouffes. Sa racine eft longue & purpurine ; il fe
trouve en Arabie, en Perfe, & enMéfopotamie. Ses
feuilles font chargées le matin de manne groffe comme
des grains de coriandre ; cette manne a le goût
Sc la faveur de la nôtre ; mais fi on laiffe paffer le
foleil deffus, elle fe fond & fe diflîpe. Les feuilles de
i’agul paffent pour purgatives. Lemery. Voye^ Al-
HAG I.
* AGUTIGUEPA , ( Hiß, nat. bot. ) plante du
Bréfil, à racine ronde par le haut, d’un rouge foncé,
& bonne à manger ; à tige droite, longue depuis trois
piés jufqu’à cinq, groflè comme le doigt, portant
l’ans ordre fur des pédicules qui ont fix travers de
doigt de longueur, des feuilles longues depuis un
pié jufqu’à deux, larges de quatre travers de doigt,
pointues, d’un beau verd , luifantes , femblables
aux feuilles dû paco-eira, relevées dans toute leur
longueur d’une côte & d’une infinité de veines qui
rampent obliquement fur toute la furface, & bordées
tout autour d’un trait rouge. Du fommet de la
tige s’élève une fleur femblable au lis, de couleur
de feu, compofée de trois ou quatre feuilles : chaque
fleur a trois ou quatre étamines, de même couleur,
& faites en défenfes de fanglier. On dit que fa racine
pilée, guérit, mondifie, &c. les ulcérés. Dans des
tems de difette, on la fait bouillir ou griller , & on
la mange.