'45$ A N G gafin , d’attelier d’ouvriers , & de bûcher dans les
couvens ou hôpitaux. Voye^ BÛCHER. (P)
* ANGASMAYO ( Géog. mod. ) riviere de l’Amérique
méridionale, qui coule dans le Pompejan, aux
confins du Pérou.
AN GE, f. m. ( Théol. ) fubftance fpirituelle, intelligente
, la première en dignité entre les créatures.
Voyt{ Esprit , Su b stanc e.
Ce mot eft formé du Grec âyytXoç, qui lignifie
mejfager ou envoyé ; & c’eft , difent les Théologiens,
•une dénomination non de nature, mais d'office, pri-
fe du miniftere qu’exercent les anges > & qui confifte
à porter les ordres de Dieu , ou à annoncer aux
hommes fes volontés. C ’eft l’idée qu’en donne Saint
P au l, Hebr. ch. j. verf. 14. Nonne omnes angeli fnnt
adminiftratorii J'piritus in miniferium miffi propter eos
qui hcereditatem copientfdlutis ? C ’eft par la même rai-
fon que ce nom eft quelquefois donné aux hommes
dans l’Ecriture; comme aux prêtres dans le prophète
Malachie, ch. x j . & par faint Matthieu à faint Jean-
Baptifte , chap. x j . verf. z o. Jefus-Chrift lui-même ,
félon les Septante, eft appellé dans Ifaïe , ch, ix.
verf. 6. Y ange du grand confeil ; nom , dit Tertull.
Lib. de carn. Chrifti, ch. iv. qui déclare fon minijlere &
non pas fa nature. Le mot Hébreu employé dans les
Ecritures, pour exprimer ange, lignifie à la lettre un
■ minifre, un député , & n’eft par conféquent qu’un
nom d’office. Cependant l’ufage a prévalu d’attacher
à ce terme l’idée d’une nature incorporelle, intelligente
, fupérieure à l’ame de l’homme , mais
créée , & inférieure à Dieu.
Toutes les religions ont admis l’exiftence des anges
, quoique la raifon naturelle ne la démontre pas.
Les Juifs l’admettoient, fondés fur la révélât on, fi
l ’on en excepte les Sadducéens : cependant tous ceux
de cette feéîe ne l’ont pas niée, témoin les Samaritains
& les Caraïtes, comme il paroît par Buzard ,
auteur d’une verfion Arabe du Pentateuque , & par
le commentaire d’Aaron, Juif Caraïte, fur le même
Livre, ouvrages qui le trouvent dans les manufcrits
de la Bibliothèque du Roi. Voye{ Sadducéens &
C a raïtes.
Les Chrétiens ont embraffé la même do&rine :
mais les anciens Peres ont été partagés fur la nature
des anges ; les uns , tels que Tertullien , Origene ,
Clement d’Alexandrie, &c. leur ayant donné des
corps , quoique très-fubtils ; & les autres , comme
faint Bafile, faint Athanafe, faint Cyrille, faint Grégoire
de N yffe, faint Chryfoftome, &c. les ayant regardés
comme des êtres purement fpirituels. C’eft le
l’entiment de toute l ’Eglife.
Les Auteurs eccléfiaftiques divifent les anges en
trois hiérarchies, & chaque hiérarchie en trois ordres.
La première hiérarchie eft des féraphins , des chérubins
& des thrones. La fécondé comprend les dominations
, les vertus , les puiffances ; & la derniere eft
compofée des principautés, des archanges & des anges.
Voye1 Hiér archie , Séraphin , C hérub
in , &c. *
Ange s’entend donc particuliérement d’un efprit
du neuvième & dernier ordre du choeur célefte , &
-eft devenu un nom commun à tous cés efprits bienheureux.
Les Chrétiens croyent que tous les anges
ayant été créés faints & parfaits , plufieurs font dé-
chûs de cet état par leur orgueil ; qu’ils ont été précipités
dans l’enfer & condamnés à des peines éternelles
, pendant que les autres ont été confirmés en
grâce , & qu’ils font bienheureux pour toujours : on
nomme ceux-ci les bons anges , ou Amplement lés
anges ; & l’on fait que Dieu a donné à chacun dé
nous un ange gardien. Les autres font appellés les
jnauvais anges, ou les diables & les démons ; chez
les Juifs on les nommoit fatans ou ennemis, parce
qu’ils tentent les hommes, & les pouffent au mal.
A N G Voy\ Ga r d ien , D ém o n , D ia b l e , Sa tan ;
Les Théologiens ont agité différentes queftionë
plus curieufes qu’utiles fur le nombre , l’ordre, les
facultés & la nature des anges, qui ne peuvent être
décidées ni par l’Ecriture ni par la Tradition j
Dans l’Apocalypfe le titre d’ange eft donné aux
Pafteurs de plufieurs églifes ; ainfi l’évêque d’Ephe-
fe y eft appellé Y ange de Véglife d'Ephefe ; l’évêque
de Smyrne , Y ange de l'églife de Smyrne, &c. M. du
Cange remarque qu?on a auffi donné autrefois le
nom d’ange à quelques Papes & à- quelques Evêques
à caufe de leur éminente fainteté.
Les Philofophes payens , & entre autres les Platoniciens
& les Poètes-, ont admis des natures fpi-
rituelles mitoyennes entre Dieu & l ’homme , qui
a voient part au gouvernement du monde. Ils les ap-
pelloient démons ou génies , & en admetto'ient de
bons & de mauvais. Saint Cyprien en parle au long
dans fon Traité de la Vanité des idoles , & quelques
Ecrivains chrétiens, d’après Laétance, Jnflit. lib.h
ch. xv. allèguent les énergumenes & les opérations
de la magie comme autant de preuves de leur exif-
tence. Saint Thomas l’appuie fur d’autres confidéra-
tions, qu’on peut voir dans fon ouvrage contra gen-
tes, Lib. II. ch. xlvj. Voye£ DÉMON , GÉNIE , ORACLE
, Mag ie , Énergumene , &c.
L’AI coran fait fouvent mention des bons & des
mauvais anges, que les Mufulmans divifent en différentes
claffes, & auxquels ils attribuent divers emplois
, tant au ciel que fur la terre. Ils attribuent particulièrement
un très-grand pouvoir à Y ange Gabriel,
comme de defcendre du plus haut des cieux en une
heure, de fendre & de renverfer une montagne du
coup d’une feule plume de fon aile. Ils difent que
Y ange Afrael eft prépofé à faifir les âmes de ceux
qui meurent. Us en repréfentent un autre qu’ils nomment
Etraphill, fe tenant toujours debout avec une
trompette qu’il embouche pour annoncer le jour du
jugement. Ils débitent encore bien d’autres rêveries
fur ceux qu’ils appellent Munkir & Nekir. V. Mun-
k ir & Nek ir. Voye^ auffi A lcoran , Mah om é tisme
, &c. (G)
A n g e , f. f. ( Hifi. nat. ) .poiffon de mer appellé
en Latin fquatina. Il eft cartilagineux & plat ; il devient
quelquefois auffi grand qu’un homme ; fon corps
eft étroit, fa peau eft affez dure & affez rude pour
polir le bois & l’ivoire. Le deffus du corps de ce
poiffon eft brun & de couleur cendrée, le deffous eft
blanc & liffe; la bouche eft grande, les mâchoires
font arrondies par le bout, la langue eft pointue de
terminée par un tubercule charnu. Ce poiffon a les
dents petites, fort pointues, & rangées autrement
que dans les autres poiffons ; elles font difpofées en
plufieurs rangs qui font à quelque diftance les uns des
autres : dans chaque-rang les dents fe touchent de fi
près, qu’on croiroit qu’il n’y en auroit qu’une feule:
mais il eft aifé de les iéparer avec la pointe d’un coû-
teau. Il y a dans l’intérieur de la mâchoire inférieure
un endroit dégarni de dents, qui eft occupé par la
langue ; tout le refte.eft hériffé cle dents ; la mâchoire
fupérieure l’eft en entier, fans excepter l’endroit qui
fe rencontre fur la langue. Toutes ces dents font recourbées
en arriéré ; le bout de la mâchoire fupérieure
n’eft pas recouvert de peau ; il y a deux barbillons
qui y pendent ; les yeux font petits, placés fur la te-
te , & difpofés pour voir de côté. Il fe trouve derrière
les yeux des trous comme dans les raies ; les
oiiies font fur les côtés. Ce poiffon a deux nageoires
de chaque côté ; la première eft auprès de la tête, &
l’autre eft à l’endroit oii le corps fe rétrécit ; il y en
a deux petites fur la queue qui eft terminée par une
autre nageoire. Il y a des aiguillons fur le milieu du
dos , & d’autres autour des yeux. L’ange fait des petits
deux fois l ’an, ôf il en a fept ou huit à chaque
SJ
A N G lois. Ce poiffon fe tient caché dans le fable, & fe
nourrit de petits poiffons qu’il attire avec fes barbillons
; fa chair eft dure & d’affez mauvais goût. Rondelet.
Voye{ Poisson. ( / )
On employé fes oeufs defféchés pour arrêter le
dévoiement ; on prépare avec fa peau un fa von ou
fmegma pour le pfora & la gale ; les cendres fervent
contre l’alopécie & les achores. (A )
A nge : on appelle boulets à l'ange, dans Y Artillerie
, des boulets enchaînés. Ce font deux boulets,
ou plutôt deux demi-boulets attachés enfemble par
Une chaîne-; leur ufage eft d’abattre les vergues Sc
les mâts, & de couper les manoeuvres, ou les autres
cordages d’un vaiffeau. (Q )
* Ange ( Sa in t ) , Geqg. mod. ville d’Italie j au
royaume de Naples, dans la Capitanate. Long..33.
38. lat. 41 .4 3.
Il y a en Italie deux autres villes du même nom ;
l’une dans la principauté ultérieure, au royaume de
Naples, l’autre dans les terres du Pape & le duché
d’Urbin.
Il y a encore deux châteaux appellés Château-
Saint- Ange ; l’un à,Rome qui n’eft pas fort, l’autre
à Malte qui paffe pour imprenable.
* ANGEDIVE, (Géog modj) petite ville des Indes
dans le royaume de Decan.
* ANGEIOGRAPHIE , f. f. ( Comm. ) d’ayytîov f
vafe, & de yficitpu, j'écris. C’eft la defeription des
, poids, des mefures , des vaiffeaux , & des inftru-
mens propres à l’Agriculture.
ANGEIOLOGIE, f. f. (Anatomie.) etyyioXoyict,
d’dyytiov, vaiffeau. C ’eft la partie de l’Anatomie qui
donne la defeription des arteres & des veines. Voyeç
Artere & V eine. (L )
ANGEL, f. m. (Hifi. nat.) oifeau dont le bec &
les piés font noirs, & dont les plumes font d’une couleur
brune, noirâtre, & d’un jaune rouffâtre ; il ref-
femble au refte beaucoup à la perdrix, & il eft de
la même groffeur ; fa chair eft fibreufe & fort dure.
On ne peut pas le préparer ni le manger, fans en
ôter la peau. Les oifeaux de cetie efpece vont en
troupe ; on leur a donné le nom d’angel angélus à
Montpellier. Rondelet rapporte cet oïlèau à Yænas
des anciens ; & Aldrovande prétend que c’eft Yal-
chata ou 11 filacotona des Arabes. Aid. Orn. lib. XV.
cap.viij. Voye^ O lS E A U . ( I )
‘ ANGELES ( la Puebla de los ) , Géog. mod.
ville de l’Amérique feptentrionale dans le Mexique.
Long. o.yy , lat. 1 £). j o .
ANGELIQUE, adj. chofe qui appartient ou participe
à la nature des anges; ainfi l’on dit d’un homme
édifiant, que dans un corps mortel il mene une
vie angélique. Saint Thomas d’Aquin eft furnommé
par excellence le Docteur angélique. Les catholiques
romains appellent Y Ave Maria la Salutation angélique
y ou Amplement le pardon ou Y Angélus. Voyez
A VE. (G ) J
^ Angélique ( h a b it ) , c’eft ainfi qu’on appelle
l’habit de certains moines grecs de l’ordre de Saint
Bafile. On diftingue deux fortes de ces moines : ceux
qui font profeffion d’une v ie plus parfaite, font appelles
moines du grand 6* angélique habit ; les autres
qu’on nomme du petit habit9 font d’un rang inférieur, j
& ne mènent pas une vie fi parfaite. Léon Allât, de \
Confinf. eccl. orient. & occid. lib. I II. cap. vüj. (G ) I
Angélique (V etement ou Ha b i t ) , angelica
vefiis; chez les anciens Anglois c’étoit un habit de
moines que les laïcs mettoient un peu avant leur
mort, afin de participer aux prières des moines.
On appelloit cet habit angélique, parce qu’on regardent
les moines comme des anges, dont les prières
aidoient au falut de l’ame. De-là vient que dans
leurs anciens livres, monachus adfuccurendum, lignifie
Tome I.
A N G 459 celui qui s’etoit revêtu de l’habit angélique à l’heure
de la mort.
Cette coutume fubfifte encore en Efpagne Sc en
Italie, ou les perionnes de qualiré fur-tout ont foin,
aux approches de la mort, de fe faire revêtir de l ’habit
de quelque ordre religieux, comme de S. Dominique
ou de S. François, avec lequel on les expofe
en public & on les enterre. (G)
^ AN G E L IQ U E , f. f. angelica, (Hifl. nat. bot.) genre
de plante a fleurs en rofe, dilpofées en forme de
paralol. Les feuilles de la fleur font pofées fur un
calice qui devient dans la fuite un fruit compofé de
deux femences oblongues, un peu plus groffes que
celles du perfil, convexes & cannelées d’un côté
& plates de l’autre. Ajoutez aux caraflereS de ce
genre, que les feuilles font ailées & divifées en des
parties affez larges. Tourneforr, Inftit. rei herb. Vovet
Plante. ( / ) J *■
A n g é l iq u e , (Medecine.) Des quatre efpeces
d’angélique énoncées par Dale, celle de Boheméeft
la meilleure. C eft Y angelica ofjicin, angelica fativa,
C. B. imperatoriafativa, Tourn. Inft. 3 17. La racine
de cette plante eft groffe, noirâtre emdehors, blanche
en-dedans ; toute\la plante a une odeur aromatique
tirant fur le mufe : on la cultive auffi dans ce
pays-ci. Son nom lui vient des grandes vertus qu’on
lui a remarquées : onia choifit groffe, brune, entière,
non vermolue, d’une odeur iuave tirant fur l’amer;
fon analyfe donne une huile exaltée , & beaucoup
de fel volatil.
Elle eft cordiale , ftomacale, céphalique, apéri-
t iv e , fudorifique, vulnéraire : elle réfifte au venin ;
on l’employe pour la pefte, pour les fievres malignes,
pour la morfure d’un chien enragéV pour le feorbut.
C ’eft un grand diaphonique ; on l’employe dans les
maladies de la matrice, auffi-bien que dans les affections
hyftériques: elle eft diurétique, & bonne pour
exciter les lochies.
La racine, la tige, les feuilles, & la graine dé la
planteront* d’ufage : mais la racine l’emporte en ver-
tus fur les autres parties.
On fait de Y angélique nombre de préparations &
de compofitions. La Pharmacopée de Paris employé
Yangélique de Boheme de différentes façons ; elle fait
une eau diftillée des feuilles & des fleurs ; elle en retire
auffi des femences & de la racine defféchéc : elle
fait une conferve & un extrait de fa racine ; elle fait
entrer fa racine dans les eaux compofées thériacale,
anti-épileptique, prophilaftique, de méliffe compofée,
générale, impériale, dans les deux efpeces d’orviétan
dont elle donne la compofition dans le baume
oppdeltoch, dans celui du Commandeur. Elle
employé la racine, les feuilles, & les femences dans
l’emplâtre diabôtanum , dans l’efprit carminatif de
Sylvius ; les feuilles feules ont place dans l’eau de
lait alexitaire ; & l’extrait eft un des ingrédiens de la
thériaque célefte.
L’eau diftillée dé angélique eft un diaphorétique ef-
timé dans la goutte; & l’efprit tiré delà racine au
moÿen de l’elprit-de-vin eft chargé des parties hui-
leufes de cette racine ; & pris à la dote d’une demi-
once , il eft bon contre les catarrhes. L ’extrait de
cette racine fait avec i’efprit-de-vin tartarifé, fe mêle
dans les pillules béchiques & dans les eaux fpiritueu-
fes ; on en peut donner depuis un fcrupule jufqu’à
une demi-dragme : il agit comme aromatique, &t.
Le baume dé angélique de Sennert eft ainfi prefçrit
dans la Pharmacopée d’Ausbourg : Prenez d’extrait
d àngeltque une once, de manne en larme deux gros ;
mettez-les fur un petit-feu , y ajoutant une dragme
& demie d’huile dé angélique. Ce baume a les vertus
cordiales & alexipharmaques qu’on attribue à Yan-
gélique.
Les peuples de l’Iflande & de la Laponie fe nour-
Mmm ij