arrive chargée entre dans un alvéole, détache avec
l’extrémité de fes jambes du milieu les deux pelotes
qui tiennent aux jambes de derrière, & les fait tomber
au fond de l’alvéole. Si cette mouche quitte alors
l ’alvéole, il en vient une autre qui met les deux pelotes
en une feule maffe qu’elle étend au fond de la
cellule; peu-à-peu elle eft remplie dé cire brute,
que les abeilles pétriffent de la meme façon, Ücqu cl- >
les détrempent avec du miel. Quelque laborieufes
que foient les abeilles , elles ne peuvent pas être toujours
en mouvement ; il faut bien qu’elles prennent
du repos pour fe délalfer : pendant l’hyver, ce repos
ell forcé ; le froid les engourdit, & les met dans
l’inaétion : alors elles s'accrochent les unes.aux au-;
très par les pattes, & fe fufpendent en forme de guir-.
lande.
Les abeilles ouvrières femblent refpeéter la mere
abeille, & les abeilles mâles feulement, parce qu'elles
font néceffaires pour la multiplication de l’efpece.
Elles fuivent la reine, parce que c’eft d’elle que for-
tent les oeufs : mais elles n’en reconnoiffent qu’une,
& elles tuent les autres ; une feule produit une allez
grande quantité d’oeufs. Elles fourniffent des alimens !
aux faux-bourdons pendant tout le tems qu’ils font
néceflaires pour féconder la reine : mais dès qu’elle
ceffe de s’en approcher, ce qui arrive dans le mois
de Juin, dans le mois de Juillet, ou dans le mois
d’Août les abeilles ouvieres les tuent à coups d’aiguillon
, 8c les entraînent hors de la ruche : elles,
lont quelquefois deux, trois, ou quatre enfemble
pour fe défaire d’un faux-bourdon. En même tems
elles détruifent tous les oeufs 8c tous les vers dont il
doit fortir des faux-bourdons; la mere abeille en produira
dans fa ponte un affez grand nombre pour une
autre génération. Les abeilles ouvrières tournent aufli
leur aiguillon contre leurs pareilles ; 8c toutes les fois,
qu’elles fe battent deux enfemble, il en coûte la vie
à l’une, & fouvent à toutes les deux, lorfque celle
qui a porté le coup mortel ne peut pas retirer fon aiguillon
; il y a aufli des combats généraux dont on
parlera au mot Essain. -
Les abeilles ouvrières fe fervent encore, de leur
aiguillon contre tous les animaux qui entrent dans
leur ruche, comme des limaces, des limaçons, des
fearabés &c. Elles les.tuent 8c les entraînent dehors.
Si le fardeau eft au-defliis de leur force, elles
ont un moyen d’empêcher que la mauvaife odeur de
l ’animal ne les incommode ; elles l’enduifent de propolis
, qui eft une réfine qu’elles employent pour ef-
palmer la ruche. Voye{ Propolis. Les guêpes 8c les
frelons tuent les abeilles, & leur ouvrent le ventre
pour tirer le miel qui eft dans leurs entrailles ; elles
f>ourroient fe défendre contre ces infe&es, s’ils ne
es attaquoient par furprife : mais il leur eftimpofli-
ble de réfifter aux moineaux qui en mangent une
grande quantité, lorfqu’ils font dans levoifinage
des ruches. Voye^ Mpuffet, Swammerdam, les Mémoires
de M. Maraldi dans le Recueil de VAcadémie
Royale des Sciences, & le cinquième volume des Mémoires
pour fervir à Vhifloire des Infectes , par M. de Reau-
mur, dont cet abrégé a . été tiré en grande partie.
yoye^ Alvéole, Essain, Gateau, Propolis,
Ruche, Insecte.
Il y a plufieurs efpeces d’abeilles différentes de
celles qui produifent le miel 8c la cire ; l’une des
principales efpeces, beaucoup plus groffe que les
abeilles , eft connue fous le nom de bourdon. Voye{ Bourdon.
Les abeilles que l’on appelle perce-bois, font pref-
que aufli greffes que les bourdons ; leur corps eft ap-
plati &prefque ras : elles font d’un beau noir luifant,
à l’exception des ailes dont la couleur eft violette.
On les voit dans les jardins dès le commencement du
printems, 8c on entend de loin le bruit qu’elles font
en volant : elles pratiquent leur nid dans des morceaux
de bois fec qui commencent à fe pourrir ; elles
y percent des trous avec leurs dents ; d’oîi vient leur
nom de perce-bois. Ces trous ont douze à quinze pouces
de longueur, 8c font affez larges pour qu’elles
puiffent y paffer librement. Elles divifent chaque
trou en plufieurs cellules de fept ou huit lignes de
longueur ; elles font féparées les unes des autres par
une cloifon faite avec ae la fciure de bois 8c une ef-
pece de. colle. Avant que de fermer la première pièce
, l’abeille y dépofe un oe uf, 8c elle y met une pâtée
compofée d’étamines de fleurs , humeftée de
miel, qui fert de nourriture au ver lorfqu’il eft éclos.
La première cellule étant fermée, elle fait les mêmes
chofes dans la fécondé, 8c fucceflivement dans toutes
les autres ; le ver fe métamorphofe dans la fuite
en nymphe ; 8c il fort de cette nymphe une mouche
qui va faire d’autres trous, 8c pondre de nouveaux
oeufs, fi c’eft une femelle.
Une autre efpece d'abeille eonftruit fon nid avec
une forte de mortier. Les femelles font aufli noires
que les abeilles perce-bois 8c plus velues ; on voit
feulement un peu de couleur jaunâtre en-deffous à:
leur partie poftérieure : elles ont un aiguillon pareil
à celui des mouches à miel ; les mâles n’en ont point,
ils font de couleur fauve ou rouffe. Les femelles con-
ftruifent feules les nids, fans que les mâles y travaillent
: ces nids n’ont que l’apparence d’un morceau de
terre, gros comme la moitié d’un oeuf collé contre
un mur ; ils font à l’expofition du midi. Si on détache
ce nid, on. voit dans fon intérieur environ huit ou
dix cavités dans lefquelles on trouve ou des vers &
de la pâtée ou des nymphes, ou des mouches. Cette
abeille tranfporte entre fes dents une petite pelote
compofée de fable, de terre, 8c d’une liqueur gluante
qui lie le tout enfemble, 8c elle applique 8c façonne
avec fes dents la charge de mortier qu’elle a apportée
pour la conftrufrion du nid. Elle commence
par faire une cellule à laquelle elle donne la figure
d’un petit dé à coudre ; elle la remplit de pâtée, &
' elle y dépofe un oeuf 8c enfuite elle la ferme. Elle fait
ainfi fucceflivement, 8c dans différentes directions,
fept ou huit cellules qui doivent compofer le nid en
entier ; enfin elle remplit avec un mortier groflier les
vuides que les cellules laiffent entr’elles, 8c elle enduit
le tout d’une couche fort épaiffe.
Il y a d’autres abeilles qui font des nids fous terre ;
elles font prefque aufli groffes que des mouches à
miel ; leur nid eft cylindrique à l’extérieur,& arrondi
aux deux bouts : il eft pofé horifontalement 8c recouvert
de terre de l’épaiffeur de plufieurs pouces,
foit dans un jardin, foit en plein champ, quelquefois
dans la crête d’un fillon. La mouche commence d’abord
par creufer un trou propre à recevoir ce cylindre;
enfuite elle le forme avec des feuilles découpées
: cette première couche de feuilles n’eft qu’une
enveloppe qui doit être commune à cinq ou fix petites
cellules faites avec des feuilles comme la première
enveloppe. Chaque cellule eft aufli cylindrique
, 8c arrondie par l’un des bouts ; Yabeille découpe
des feuilles en demi-ovale : chaque pièce eft la moitié
d’un ovale coupé fur fon petit diamètre. Si on fai-
foit entrer trois pièces de cette figure dans un dé à
coudre pour couvrir fes parois intérieures, de façon
que chaque piece anticipât un peu fur la piece voi-
une, on feroit ce que fait l’abeille dont nous parlons.
Pour conftruire une petite cellule dans l’enveloppe
. commune, elle double & triple les feuilles pour rendre
la petite cellule plus folide, 8c elle les joint enfemble,
de façon que la pâtée qu’elle y dépofe avec
l’oeuf ne püiffe couler au-dehors. L’ouverture de la
cellule eft aufli fermée par des feuilles découpées en
rond qui joignent exactement les bords de la cellule.
Il y a trois feuilles l’une fur l’autre pour faire çe couvercle.
Cette première cellule étant placéeà Pun des
bouts de l’enveloppe cylindrique , de façon que fon
bout arrondi touche les parois intérieures du bout
arrondi de l’enveloppe ; la mouche fait une fécondé
cellule fituée de la même façon , 8c enfuite d’autres
îufqu’au bout de l’enveloppe. Chacune a environfix
lignes de longueur fur trois lignes de diamètre, 8c
renferme de la pâtée 8c un v er q ui, après avoir paffé
par l’état de nymphe , devient une abeille. Il y en a !
de plufieurs efpeces : chacune n’employe que la feuille
d’une même plante ; les unes celles de rofier, d’autres
celles du maronier , de l’orme : d’autres abeilles
conftruifent leurs nids à peu près de la même façon,
mais avec des matériaux différens ; c’eft une matière
analogue à la foie, 8c qui fort de leur bouche.
Il y a des abeilles qui font feulement un trou en
terre ; elles dépofent un oeuf avec la pâtée qui fert
d’aliment au v e r , 8c elles rempliffent enfuite le refte
du trou avec de la terre. Il y en a d’autres qui,après
avoir creufé en terre des trous d’environ trois pouces
de profondeur, les revêtiffent avec des feuilles de
coquelicot : elles les découpent 8c les appliquent
exactement fur les parois du trou : elles mettent au
moins deux feuilles l’une fur l’autre. G’eft fur cette
couche de fleurs que la mouche dépofe un oeuf 8c la
pâtée du ver ; comme cela ne fuffit pas pour remplir
toute la partie du trou qui eft revêtue de fleurs ,
elle renverfe la partie de la tenture qui déborde, 8c
en fait une couverture pour la pâtée 8c pour l’oeuf,
enfuite elle remplit le refte du trou avec de la terre.
On trouvera l’hiftoire de toutes ces mouches dans le
iixieme volume des Mémoires pour fervir a l'hijioire
des infectes, par M. de Reaumur, dont cet abrégé a
été tiré. Voye{ Mouche, Insecte. (Z) Abeilles , ( Myth. ) pafferent pour les nourrices
de Jupiter fur ce qu’on en trouva des ruches dans
l ’antre de DiCté , oîi Jupiter avoit été nourri.
* ABEL , f. petite ville des Ammonites que Jo-
feph fait de la demi-tribu de Manaisès , au-delà du
Jourdain, dans le pays qu’on appella depuis la Trachonite.
ABÉLIENS, ABÈLONIENS & ABÊLOITES,f.m.
pl. forte d’hérétiques en Afrique proche d’Hippone,
dont l’opinion 8c la pratique diftinûive étoit de fe
marier, 8c cependant de faire profeflion de s’abftenir
de leurs femmes , 8c de n’avoir aucun commerce
charnel avec elles.
Ces hérétiques peu confidérables par eux - mêmes
. (carilsétoient confinés dans une petite étendue de
pa ys , 8c ne fubfifterént pas long-tems ) , font devenus
fameux par les peines extraordinaires que les
favans fe font données pouf découvrir le principe
fur lequel ils fe fondoient, 8c la raifon de leur dénomination.
I ly en a qui penfent qu’ils fe fondoient fur ce texte
de S. Paul, i . Cor. VII. 29. Reliquumejlut & qui ha-
bent uxores , tanquam non habentes fine.
Un auteur qui a écrit depuis peu , prétend qu’ils
régloient leurs mariages fur le pié du paradis ter-
reure ; alléguant pour raifon qu’il n’y avoit point eu
d’autre union entre Adam 8c Eve dans le paradis
îerreftre, que celle des coeurs. Il ajoûte qu’ils avoient
encore en vue l’exemple d’Abel, qu’ils foûtenoient
avoir été marié, mais n’avoir jamais connu fa femme
, 8c que c’eft de lui qu’ils prirent leur nom.
Bochart obferve qu’il couroit une tradition dans l’Orient,
qu’A dam conçut de la mort d’Abel un fi grand
chagrin, qu’il demeura cent trente ans fans avoir de
commerce avec Eve. C ’étoit, comme il le montre,
le fentiment des doôeurs Juifs ; d’où cette fable fut
tranfmife aux Arabes ; 8c c’eft de-là, félon Giggeus,
que S^ND Thabala en Arabe, eft venuà fignifier s’ab-
jlenirde fa femme. Bouchait en a conclu qu’il eft très-
probable que çette hiftoire pénétra jufqu’en Afrique,
8c donna naiffance à la feéle 8c au nom des Abéliens.
Il eft vrai que les Rabbins ont cru qu’Adam après
la mort d’Abel, demeura long-tems fans ufer du mariage
, 8c même jufqu’au tems qu’il engendra Seth*
Mais d’aflïirer que cet intervalle fut de cent trente
ans, c’eft une erreur manifefte 8c contraire à leur
propre chronologie, qui;place la naiffance de Seth à
la cent trentième annee du monde, ou de la vie d’Adam,
comme on peut le voir dans les deux ouvrages
des Juifs intitulés Seder Olam.
Abarbanel dit que ce fi.it cent trente ans après la
chute d’Adam, ce qui eft conforme à l’opinion d’autres
rabbins, que Caïn 8c Abel furent conçus immédiatement
après la tranfgreflion d’Adam. Mais, difent
d’autres , à la bonne heure que la continence occa-
fionnée par la chute d’Adam ou par la mort d’Abel
ait donné naiffance aux Abéliens : ce fut la continence
d’Adam, 8c non celle d’Abel , que ces hérétiques
imitèrent ; 8c fur ce pié, ils auroient dû être
appéllés Adamites, 8c non pas Abéliens. En effet il eft
plus que probable qu’ils prirent leur nom d’Abel fans
aucune autre raifon , fi ce n’eft que comme ce patriarche
ils ne laiffoient point de poftérité ; non qu’il
eût vécu en continence après fon mariage, mais
parce qu’il fut tué avant que d’avoir été marié*
Los Abéliens croyoient apparemment félon l’opinion
commune , qu’Abel étoit mort avant que d’avoir
été marié : mais cette opinion n’eft ni certaine
ni univerfelle. Il y a des auteurs qui penfent qu’Abel
étoit marié & qu’il laiffa des enfans. Ce fut même ,
félon ces auteurs, la caufe principale de la crainte
de C a ïn , qui appréhendoit que les enfans d’Abel ne
tiraffent vengeance de fa mort.
* On croit que cette fe&e commença fous Pempi<
te d’Arcadius 8c qu’elle finit foys.celui de Théodo-
fe le jeune ; 8c que tous ceux qui la compofoient réduits
enfin à un feul village , le réunirent à l’Eglife.
S. Aug. de hceref. c. Ixxxv. Bayle, dictionn. ( G)
* ABELLINAS, f. vallée de Syrie entre le Liban
8c l’Antiliban, dans laquelle Damas eft fituée.
* ABELLION, ancien Dievi des Gaulois, que Boucher
dit avoir pris ce nom du lieu où il étoit adoré.
Cette conje&ure n’eft guere fondée , non plus que
celle de Voflius, qui croit que Vabellion des Gaulois
eft l’Apollon des Grecs 8c des Romains, ou en remontant
plus haut, le Bélus des Crétois.
* ABEL - MOSC. V?yei Ambrette ou Graine
de Musc.
* ABENEZER, lieu de la terre -fainte où les If*
raëlites défaits abandonnèrent l’arche d’alliance aux
Philiftins.
* ABENSPERG, petite ville d’Allemagne dans le
cercle 8c duché deBaviere. Long. z$. 26. lat. 4#. 46.
* ABEONE , f. f. déeffe du paganifme à laquelle
les Romains fe recommandoient en fe mettant en
voyage.
* A B E R , f. m. dans l’ancien Breton, chûte d’un
ruifleau dans une riviere ; telle eft l’origine des noms
de plufieurs confluens de cette nature, 8c de plufieurs
villes qui y ont été bâties ; telles que Aberdéen,
Aberconvay, &c.
* ABERDEEN, ville maritime de l’Ecoffe fepten-
trionale. Il y a le vieux & le nouvel Aberdéen. C elui
ci eft la capitale delà province de fon nom. Long,
t 6. lat. 67. 2.3.
ABERNETY, ABERl'ORN, ville de l’Ecoffefep-
tentrionale au fond du golphe de Firth , à l’embouchure
de l’Ern. Long. 14. 40. lat. 6 6 .3 7 . .
ABERRATION , f. f. eii Aftronomie, eft un mouvement,
apparent qu’on obferve dans les étoiles fixes
, & dont la caufe 8c les circonftances ont été découvertes
par M. Bradley , membre de la fociété
royale de Londres, & aujourd’hui Aftronome du roi
( d’Angleterre à Greenwich^