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magnétique ; mais parce que la matière magnétique
fe diftribue dans le fer fuivant une feule & même direction.
Voici une expérience qui prouve la neceffité
du contràfr du fer & de l’arihure de l’aimant, pour que
la communication foitparfaite : fi on paffe une aiguil-
: le de boüffoie d’un pôle à l’àùtre de l'aimant, en lui
faifarït toucher fucceflivement les deux boutons de
l’armure, elle acquerra la vertu magnétique, & fe
dirigera nord & fud, comme l’on fait. Mais fi après
' avoir examiné fa direction, on la repaffe une fecon-
; de fois fur 1'aimant dans le même fens qu’on 1 avoit
• fait d’abord ; avec cette feule différence , qu’au lieu
• de toucher les boutons de l’armure, on ne faffe que
' l ’en approcher, même le plus près qu il eft poflible ;
■ fa vertu magnétiquè s’àffoiblira d’abord, & elle en
acquerra une autre, mais avec une vertu directive
precifément contraire à la première. Et fi on continue
à l’aimanter dans le même fens , en recommen-
: çant à toucher les boutons de l’armure ; cette fecon-
: de vertu magnétique fe détruira, & elle en reprendra
une autre avec fa première direction ; & on détruira
de cette maniéré fon magnétifme & fa direction
autant de fois que l’on voudra.
. 49. Pour bien conferver la vertu magnétique que
l’on a communiquée à un morceau de fe r , il faut le
garant®* de toute percuflion violente ; car toute per-
cufîion vive & irrégulière détruit le magnétifme : on
a aimanté une lame d’acier fur un excellent aimant,
& après avoir reconnu fa vertu attraCtive, qui étoit
très-forte, on Ta battue pendant quelque tems fur
une enclume ; elle a bien-tôt perdu toute fa vertu,
à cela près, qu’elle pouvoit bien lever quelques parcelles'
de limaille, comme fait tout le fer battu, mais
elle n’a jamais pu enlever la plus petite aiguille : la
même chofe feroit arrivée en la jettant plufieurs fois
fur un quarreau de marbre.
: 5°. L ’afrion du feu détruit auffi en grande partie
la vertu magnétique que l’on a communiquée : après
avoir bien aimanté une lame de fer, on la fait rougir
•dans le feu de forge jufqu’au blanc ; lorfqu’on l’a présentée
toute chaude à de la limaille de fer, elle n’en
a point attiré : mais elle a repris le magnétifme enfe
refroidiffant. Cependant lorfqu’on a aimanté une lame
de fer actuellement rouge , elle a attiré de la limaille
de fe r , & cette attrafrion a été plus vive après
-que la lame a été refroidie.
<5°. L’afrion de plier ou de tordre un morceau de
fer aimanté'lui fait auffi perdre fa vertu magnétique :
on a aimanté un morceau de fil de fer de maniéré
qu’il fe dirigeoit avec vivacité, fuivant le méridien
■ magnétique ; enfuite on l’a courbé pour en former un
anneau, & on a trouvé qu’il n’a voit plus de direction
Sous cette forme : on l’a redreffé dans fon premier
état : mais toutes ces violences lui avoient enlevé la
vertu magnétique, enforte qu’il ne fe dirigeoit plus.
On a conjeCturé que les deux pôles avoient agi l’un
fur l’autre dans le point de contafr, & s’étoient détruits
mutuellement ; on a donc aimanté de nouveau
le même fil de fer & plufieurs autres femblables, &
•on en a fait des anneaux imparfaits. On a remarqué
•qu’ils avoient auffi perdu leur vertu magnétique fous
cette nouvelle forme, & qu’ils ne la recouvroient
•que quand on les avoit redreffés. Cette expérience
téuffit toûjours quand le fil de fer eft bien & dûment
courbé, & fur-tout fi on lui fait faire plufieurs tours
en fpirale fur un cylindre ; car fi la moindre de fes
parties n’eft pas courbée avec violence, elle confer-
vera fon magnétifme : la même chofe arrivera à un
fil de fer aimanté qu’on plie d’abord en deux, & dont
on tortille les deux moitiés l’une fur l’autre ; enforte
qu’il paroît que le magnétifme eft détruit par la vio-
ience qu’on fait fouffrir au fer dans tous ces cas, &
^>ar le dérangement qu’on caufe dans fes parties ,
comme il eft facile de s’en convaincre par le moyen
du microfcope.
À I M Voici une expérience qui confirme cette vérité-^
& qui fait voir que le dérangement caufe dans les
parties du fer détruit le magnétifme. On a mis de la
limaille de fer dans un tuyau de verre bien le c , &
on l’a preffée avec foin ; on l’a aimantée doucement
avec une bpnne pierre armée, & le tube a attiré des
parcelles de limaille répandues fur une table : mais
fi-tôt qu’on a eu fecoiié le tube , & changé la fitua-
tion refpefrive des particules de limaille, la vertu
magnétique s’eft évanouie;
D u fer aimanté fans avoir jamais touché à l'aimanté
Il n’eft pas toûjours befoin d’une pierre d'aimant}
ou d’un aimant artificiel, pour communiquer la vertu
magnétique au fer & à l’acier : ces corps s’aimantent
quelquefois naturellement ; on les aimante quelquefois
par différens moyens , fans qu’il foit nécef-
faire d’emprunter le fecours d’aucun aimant.
Premièrement, un morceau de fer quelconque de
figure oblongue, qui demeure pendant quelque tems
dans une polition verticale, devient un aimant d’autant
plus parfait, qu’il a refté plus long-tems dans
cette pofition : c’en: ainfi que les croix des clochers
de Chartres, de Delft, de Marfeille 3 & c . font deve-,
nues des aimans fi parfaits, qu’elles ont prefque perdu
leur qualité métallique , & qu’elles attirent &
exercent tous les effets des meilleurs aimans : d’ail-
lèurs la vertu magnétique qu’elles ont ainfi contractée
à la longue, eft demeurée fixe & confiante, &
fe manifefte dans toute forte de fituation. Pour s’en
convaincre, il n’y a qu’à fixer verticalement fur un
liège C un morceau de fer a b (figure 64. ) qui ait
refté long-tems dans la pofition verticale , & fairô
nager le tout fur l’eau ; fi on approche de l’extrémité
fupérieure a de ce morceau de fer, le pôle boréal B
d’une pierre d'aimant, le fer fera attiré, mais il fera
repouffé fi on lui préfente l’autre pôle A de la pierre ;
de même fi on approche le pôle A de l’extrémité inférieure
b du fer, celui-ci fera attiré, & repôuffé fi
on en approche le pôle B de l’aimant.
En fécond lieu, les pelles & les pincettes, les bar-’
res de fer des fenêttres, & généralement toutes les
pièces de fer qui reftent long-tems dans ime fituation
perpendiculaire à l’horifon , acquièrent une vertu
magnétique plus ou moins permanente , fuivant le
tems qu’elles ont demeuré en cet état ; & la partie
fupérieure de ces barres devient toûjours un pôle
auftral, tandis que le bas eft un pôle boréal..
3°. Il y a de certaines circonftànces dans Iefquel-;
lés le tonnerre communique au fer une grande vertu
magnétique : il tomba un jour dans une chambre dans
laquelle il y avoit une caille remplie de couteaux &
de fourchettes d’acier deftinés à aller fur mer ; le
tonnerre entra par l’angle méridional de la chambre
juftement oîi étoit la caiffe ; plufieurs couteaux &
fourchettes furent fondus & brifés ; d’autres qui demeurèrent
entiers, furent très-vigoureufement aimantés
, & devinrent capables de lever de grosxlous
& des anneaux de fer ; & cette vertu magnétique
leur fut fi fortement imprimée, qu’elle ne le diflipa
pas en les faifant rougir.
4°. La même barre de fer peut acquérir fans toucher
à l’aimant des pôles magnétiques , fixes ou variables
, qu’on découvrira facilement par le moyen
d’une aiguille aimantée en cette forte. On approche
d’une aiguille aimantée, bien mobile fur fon pivot,
une barre de fer qui n’ait jamais touche k.Y aimant,
ni refté long-tems dans une pofition verticale; on fou*
tient cette barre de fer bien horifontalement, & l’aiguille
relie immobile quelle cpie foit l’extrémité de la
barre qu’on lui préfente ; fi-tôt qu’on, préfente la barre
dans une fituation verticale., auffi - tôt fon extrémité
fupérieure attire vivement (dans cet hémifpherefep-.
A I M tentrional cle la terre ) l’extrémité boréale de l’aiguille
, & la partie inférieure de la barre, attire le
fud de l’aiguille (figure 55. ) : mais fi on renverfe la
barre, enforte que fa partie fupérieure foit celle même
qui étoit en-bas dans le cas précédent, le nord
de l’aiguille fera toûjours attiré conftamment par
rextrémité fupérieure de la barre, & le fud par l’extrémité
inférieure ; d’où il eft évident que la pofition
verticale détermine les pôles d’une barre de fer ; fa-
vo ir , le bord füpérieur eft toûjours (dans notre hé-
mifphere ) un pôle auftral, & l ’inférieur un pôle boréal
: & comme l’on peut mettre chaque extrémité
dé la barre en-haut ou en-bas, il eft clair que les pôles
qu’elle acquiert par cette méthode font variables.
On donné à une barre de fer des pôles fixes en cette
forte : on la fait rougir, &c ônlalàiffe refroidir en
là tenant dans le plan du méridien : alors l’extrémité
qui regarde le nord, devient un pôle boréal confiant
; & celle qui fe refroidit au fud, devient un polé
auftral auffi confiant. Mais pour que cette expérience
réuffiffe, il doit y avoir une certaine proportion
entre la groffeur de la barre & fa longueur : par
exemple, une barre de y de pouce de diamètre doit
avoir au moins 30 pouces pour acquérir des pôles
fixes par cette méthode ; & une barre de 3 0 pouces
de long, doit n’avoir que f de pouce de diamètre ;
car fi elle étoit plus épaiffe, elle n’auroit que des pôles
variables.
5°. On a vû précédemment qu’une percuflion forte
& prompte dans un morceau de fer aimanté, eft capable
de détruire fa vertu magnétique ; une fembla-
ble percuflion dans un morceau de fer qui n’a jamais
touché à l'aimant, eft capable de lui donner des pôles.
On a mis fur une groffe enclume, & dans le plan
du méridien, une barre de fer doux, longué & mince
, & on a frappé avec un marteau fur l’extrémité
qui étoit tournée du côté du nord : auffi-fôt elle eft
devenue pôle boréal : on a frappé pareillement l’autre
extrémité, laquelle eft devenue pôle auftral : il
faut toûjours obferver dans ces fortes d’expériences,
que la longueur de la barre foit proportionnée à fon
épaiffeur, fans quoi elles ne réufliflënt point. Cet
effet, au refte, que l’on produit avec un marteau,
arrive auffi en limant ou en feiant la barre par une
de fes extrémités.
6°. Les outils d’acier qui fervent à couper ou à
percer le fe r , s’aimantent par le travail, fur-tout en
s’échauffant ; enforte qu’il y en a qui peuvent foûle-
ver des petits clous de fer. Ces outils n’ont prefque
point de force au fortir de la trempe: mais lorfqu’a-
près avoir été recuits, on les lime & on les u fe, ils
acquièrent alors beaucoup de vertu qui diminue
néanmoins quand Ils fe refroidiffent. Les morceaux
d’acier qui fe terminent en pointe s’aimantent beaucoup
plus fortement que ceux qui fe terminent en
une langue large & plate : ainfi un poinçon d’acier
attire plus par fa pointe qu’un cifeau ou qu’un couteau
ordinaire : plus les poinçons font longs, plus
ils acquièrent de vertu ; enforte qu’un poinçon long
d’un pouce & de 9 lignes de diamètre , attire beaucoup
moins qu’un foret de 3 à 4 pouces & d’une ligne
~ de diamètre.
----r ----- -— }------ — t — «tuiiiviw b iu u u ap u iv ju jj piu
forte lorfqu on en éprouvôit l’effet fur une enclum
ou fur quelqu’autre groffe piece de fer; enforte qu
félon toutes les apparences, les petits clous devenu
des aimans artificiels par le contafr de l’enclume
préfentoient aux poinçons leurs pôles de différer
noms, ce qui rendoit l’attrafrion plus forte que lorl
qu’ils étoient fur tout autre corps, où ils n’avoier
plus de vertu polaire.
7°. On aimante encore très-bien un morceau d
fer doux U flexible, ^toujours d’une longueur pr<
A I M i i f
pôrtidnnée à fon épaiffeur , en le rompant par l’une
ou l ’autre de fes extrémités à force de. le plier de
côte & d’autre* C ’eft ainfi qu’on a aimant^ un mor-
c^au de fil de fer très-flexible, long dé deux piés &
demi, & de la groffeur du petit doigt ; on l’a ferré
dans un’étau à cinq pouces de fon extrémité; &C
après l’avoir plié de côté & d’autre, on P a caffé ;. chacun
de fes bouts a attiré par la caffure un petit clou
de broquette : on a^ remis dans l’étau le bout le plus
long, & on l’a ferre à un demi-pouçe. de la caffure,
& on l’a plié & replié plufieurs fois fens le rompre ,
& on a trouvé fa vertu attrafrive confidérablement
augmentée à l’endroit de la caffure : on l’a plié ainfi.
à huit différentes reprifes jufqu’au milieu, & il a pû
lever quatre broquettes : mais lorfqu’on a continué
de le plier au-delà du milieu vers l’autre extrémité ,
fa vertu a diminué à l’endroit de la caffure, & il, a
attiré au contraire par le bout oppofe, jufqu’à ce
qu’ayant été plié plufieurs fois jufqu’à cette derniere
extrémité, il a foûlevé quatre broquettes par ceUe-r
c i, tandis qu’il pouvoit à peine foule ver quelques
particules de limaille par l’extrémité oii il avoit été
rompu.
t Si on plie un morceau de fer dans fon milieu, il
n’acquerra prefque pas de vertu magnétique t fi on
le plie à des diftances égales du milieu, chacune de
fes extrémités fera aimantée , mais plus foiblement
. que fi on ne l’avoit plié que d’un côté.
8°. Enfin, M. Marcel, de la Société royale de
Londres, a trouvé un moyen de communiquer la
vertu magnétique à des morceaux d’acier, qui eft
encore indépendant de la pierre d’aimant.
Ce moyen confifte à mettre ces pièces d’acier fur
une enclume bien polie, & à les frotter fuivant leur
longueur, & toûjours dans le même fens, avec une
groffe barre de fer verticale, dont l’extrémité inférieure
eft arrondie & bien polie ; en répétant ce frottement
un grand nombre de fois fur toutes les faces
de la piece d’acier qu’on veut aimanter, elle acquiert
autant de vertu magnétique que fi elle eût été touchée
par le meilleur aimant ; c’eft ainfi qu’il a aimanté
des aiguilles de bouffote, des lames d’acier defti-
nées à faire des aimans artificiels, & des couteaux
qui pouvoient porter une once trois quarts*
Dans les morceaux d’acier qu’on aimante de cette
maniéré, l’extrémité par où commence le frotement
fe dirige toûjours vers le nord ; & celle par oit lé
frotement finit fe dirige vers le fud, quelle que foit
la fituation de l’acier fur l’enclume.
Cette expérience réuffit, au refte , beaucoup
mieux lorfque le morceau de fer ou d’acier qu’on
veut aimanter par cette méthode, eft dans la direction
du méridien magnétique, un peu inclinée vers
le nord, & für-tout entre deux groffes barres de fef
affez longues pour contenir & contre-balancer l’effort
des ecoulemens magnétiques qu’on imprime ait
morceau d’acier.
Çet article nous a été donné tout entier par M. Lé-
monier, Médecin, des Académies royales des Sciences
de Paris &de Berlin, qui a fait avec beaucoup de
fuccès une étude particulière de l'aimant. Sur la caufe
des propriétés de Y aimant^ voyt{ Magnétisme.
Aim ant, (Mat. med.') On ne fait aucun ufage
en Medecine de la pierre d’aimant pour l’intérieur
du corps, quoique G alien, dans le livre des vertus
des remedes fimples, y reconnoiffe les mêmes vertus
que dans la pierre hématite ; & que dans le livre
de la Medecine Ample, il vante fa vertu purgative ,
& fur-tout pour les humeurs aqueufes dans l’hydro-
pifie ; & que Diofcoridê l’ait auffi propofée jufqu’au
poids de trois oboles, pour évacuer les humeurs
épaiffes des mélancholiqués.
Quelques-uns croyent qu’il y a dans Y aimant une
vertu deftrufriye ; d’autres le nient : mais je croirois